INTERVIEWQuelles mesures pour aider les plus démunis face au coronavirus ?

Coronavirus : « La prolongation de la trêve hivernale est un immense soulagement pour les ménages concernés », souligne la Fédération des associations de la solidarité

INTERVIEWFlorent Guéguen, directeur de la Fédération des associations de la solidarité, qui regroupe plus de 800 associations, revient pour « 20 Minutes » sur la prolongation de deux mois de la trêve hivernale, annoncée jeudi par Emmanuel Macron
Mathilde Cousin

Propos recueillis par Mathilde Cousin

L'essentiel

  • La prolongation de deux mois de la trêve hivernale fait partie des mesures annoncées jeudi soir par le président de la République pour lutter contre la diffusion du coronavirus.
  • Cette mesure avait été demandée lundi par des associations, dont la Fédération des acteurs de la solidarité.
  • Florent Guéguen, son directeur, revient sur cette annonce pour 20 Minutes.

Un répit pour les personnes à la rue et celles menacées d’expulsion. Emmanuel Macron a annoncé jeudi soir la prolongation de deux mois de la trêve hivernale afin de lutter contre la pandémie de coronavirus. Celle-ci devait s’arrêter le 31 mars.



Cette prolongation avait été demandée​ en début de semaine par plusieurs associations agissant en faveur du logement. Parmi les signataires de ce texte adressé à Julien Denormandie, ministre du Logement, la Fédération des acteurs de la solidarité, qui regroupe environ 800 associations. 20 Minutes a interviewé son directeur, Florent Guéguen.

Quelle est la réaction de la Fédération au sujet de cette prolongation ?

C’est une satisfaction, car nous avions lancé l’alerte dès lundi pour rappeler les conséquences sociales et sanitaires de la fin des places d’hébergement. Ces conséquences, ce sont la mise à la rue de milliers de personnes. Notre appel a été entendu par le président de la république, c’est un immense soulagement pour les ménages concernés, car il y a une angoisse quand la date du 31 mars approche.

Toutefois, ce report ne règle pas le problème de fond ; la priorité ce sont les mesures d’accès aux soins des personnes sans abri, qu’elles soient dehors ou hébergées. Les centres d’hébergement n’ont pas accès aux masques. Les sans-abri font partie des plus fragiles, il faut qu’ils soient parmi les personnes les plus protégées.

Cette décision de prolongation révèle en miroir le dysfonctionnement de la politique d’hébergement : on est encore dans un système de gestion de l’hébergement au thermomètre. Cette décision ne fait que retarder l’échéance. On demande la pérennisation sur toute l’année des places ouvertes en hiver.

Combien de personnes sont concernées par cette prolongation ?

C’est très difficile à dire. Le gouvernement a annoncé avoir ouvert 14.000 places d’hébergement hivernal. On peut considérer que la prolongation va concerner ces 14.000 places. Cette mesure, c’est aussi le report de deux mois des expulsions locatives. En 2018, 16.000 ménages, équivalents à 36.000 personnes, ont été expulsés avec le concours des forces de police pour des impayés de loyer.

Avez-vous connaissance de cas de personnes sans abri contaminées par le coronavirus ?

Pour l’instant, il n’y a pas de mouvements de contamination massifs dans les centres d’hébergement, mais cela peut évoluer. Quelques structures nous ont fait remonter des cas. Un centre géré par le Samu social de Paris a 14 cas. Ce sont des personnes plutôt âgées, dont la santé est déjà fragile.

Les associations ont-elles fait connaître des difficultés à maintenir ouvertes des antennes accueillant les personnes fragiles ?

Les accueils de jour et les maraudes sont plutôt concernés. Ce sont des équipes qui voient beaucoup de monde, des personnes qui ne sont pas hébergées et qui viennent solliciter un service en journée et pour lesquelles il y a des risques. Il y a une inquiétude sur la capacité des associations à pouvoir maintenir dans le temps ces activités. Elles ont du gel hydroalcoolique, mais pas de masques. Quand elles sont en contact avec une personne qui présente des symptômes, elles ne savent pas toujours quoi faire : l’accès au 115 [numéro d’accueil d’urgence] est très difficile, ces structures n’ont pas accès aux tests. On demande un accès privilégié au 15 [le Samu].