Le CHU de Brest a-t-il demandé aux étudiants en médecine de garder les enfants du personnel ?
FAKE OFF•Selon une capture d’écran relayée sur les réseaux sociaux, le CHU de Brest compte demander à des étudiants en médecine d’assurer la garde d’enfants du personnel hospitalier si l’épidémie de coronavirus s’aggraveAlexis Orsini
L'essentiel
- «Au CHU de Brest, il pourrait être demandé aux étudiants en médecine de… faire de la garde d’enfants pour le personnel hospitalier », s’offusque un message relayé sur les réseaux sociaux.
- Il est accompagné d’une capture d’écran montrant un texte qui évoque ces mesures potentielles.
- L’auteur de ce message, adressé aux étudiants en médecine de Brest, nous confirme son authenticité, mais indique qu’il s’agit bien de simples pistes, non adoptées à ce stade.
En pleine épidémie de coronavirus, alors que les hôpitaux sont incités par le gouvernement à déclencher leurs « plans blancs » – permettant une mobilisation maximale pour faire face à des crises de ce genre –, une consigne prétendument donnée au sein du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Brest provoque de vives réactions sur les réseaux sociaux.
« Au CHU de Brest il pourrait être demandé aux étudiants en médecine de… faire de la garde d’enfants pour le personnel hospitalier et/ou de mettre de côté leur formation pour faire gratuitement la régulation du SAMU. WTF ??! », dénonce ainsi le compte Twitter « Et ça se dit médecin ».
Avec, en guise d’illustration, la capture d’écran d’un message évoquant « deux [mesures] évoquées pour les étudiants en médecine », dont une « aide » pour « la régulation du SAMU » et « en cas de grosse épidémie, [le fait de] possiblement garder les enfants du personnel ».
FAKE OFF
Contacté par 20 Minutes, le compte Twitter « Et ça se dit médecin » nous explique avoir reçu cette capture d’écran « de 23 étudiants en médecine de Brest », après sa publication « sur le groupe Facebook des étudiants en médecine de Brest par un représentant étudiant » et l’avoir relayée « au conditionnel ».
Vincent Borgne, représentant des étudiants hospitaliers en Commission médicale d’établissement (CME) à Brest, nous confirme l’authenticité de la capture d’écran mais nuance : « Ce message a été envoyé [mardi 10 mars au soir] par moi-même, en tant qu’élu étudiant CME siégeant à la commission, à tous les étudiants de Brest. J’ai voulu les informer des premières pistes de mobilisation envisagées. Malheureusement, l’information a été détournée et coupée de son sens par ce compte anonyme pour faire du buzz, et ce n’est pas la première fois que cela arrive. »
Le message intégral, que 20 Minutes a pu consulter, s’achevait en effet par une précision importante : « Ces deux choses seront discutées à la réunion de demain, 16h30 ! Il faut donc que tout le monde soit là à cette réunion OBLIGATOIRE, les chefs de service sont normalement prévenus ! »
« Et ça se dit médecin » avait toutefois édité son post Facebook quelques heures après sa publication pour y mentionner la tenue de cette réunion, puis apporté un complément d’information à son premier tweet le lendemain : « Bien que le seul fait d’avoir évoqué la possibilité de garder des enfants soit scandaleux, rien n’est encore décidé, le CHU et la faculté de médecine semblent ouverts au dialogue. »
Joint par 20 Minutes, le CHU de Brest nous indique qu’il « ne s’exprimera pas sur le sujet ». Vincent Borgne souligne pour sa part que le texte visait bien à recueillir le maximum de retours : « Le but de ce message était de dire aux étudiants de venir exprimer leur opinion, et non de dire que les étudiants allaient faire de la garde d’enfant dès demain, ce qui n’a jamais été le cas ».
« Rien n’a encore été tranché »
« Le CHU est en train de se préparer pour tous les cas possibles dans le cadre de l’épidémie de coronavirus en cours, il évoque donc les missions à remplir dans un premier temps pour aider à la régulation des cas et permettre un soin de meilleure qualité pour la population. La mission de régulation dans le cadre du Covid-19 par les étudiants en médecine est donc l’une des solutions envisagées, cela se fait dans d’autres facultés et cette action est rémunérée », poursuit-il.
« Si une situation de propagation de l’épidémie se produit, l’hôpital doit continuer à fonctionner, et certaines missions doivent être remplies pour soulager le personnel. La mission de garde d’enfants a été évoquée en exemple, car c’est un sujet pouvant être problématique pour le personnel. Mais pour cette mission précise, il existe d’autres solutions comme la mobilisation des personnels de la fonction publique d’établissement dédiés à la petite enfance fermés. Encore une fois, ce ne sont que des pistes de réflexion », conclut Vincent Borgne, en précisant qu’à ce stade, au lendemain de la réunion, rien n’a encore été tranché, si ce n’est que ces missions se feraient sur la base du volontariat.
La question de la garde d’enfants figure toutefois parmi les « pistes de réflexion » avancées par le ministère dans la Santé dans « les critères de déclenchement du plan blanc ». « Avoir recours prioritairement au maintien du personnel en place, avant de faire appel à des personnels de suppléance ou en congé » et « prévoir des aménagements pour faciliter la présence du personnel (garde d’enfants, repas, hébergement, modification des horaires) » peut-on ainsi lire dans ce chapitre du guide de « l’établissement de santé en tension ».