De belles photos, des vidéos et quelques clashs… Comment Météo Pyrénées est devenu incontournable
SOLEIL ET NEIGE•Réseaux sociaux, site Internet et bientôt appli… En quelques années, l’équipe de bénévoles de Météo Pyrénées a su conquérir une très large audienceNicolas Stival
L'essentiel
- De magnifiques photos de paysages, des spectaculaires vidéos de neige… Météo Pyrénées a séduit des dizaines de milliers de personnes sur les différents réseaux sociaux.
- L’équipe de bénévoles à l’origine du projet, voici sept ans, s’est entourée de correspondants qui lui permettent de ne rien rater sur le versant français, mais aussi côté espagnol et en Andorre. Au grand dam de certaines stations de ski.
- Président de l’association, Christophe Dedieu évoque son mode de fonctionnement et ses projets.
Et maintenant l’application, après le site Internet créé en août 2019. D’ici un mois, Météo Pyrénées proposera une appli mobile gratuite qui marquera une nouvelle étape de l’aventure lancée voici sept ans par une poignée de passionnés.
Images féeriques de neige au sommet du Pic du Midi, vidéos de pluie diluvienne à Ax-les-Thermes ou d’orages de grêle à Biarritz… 130.000 abonnés sur Facebook, 15.500 sur Twitter (en comptant la « petite sœur » Météo Andorre) et 29.000 sur Instagram sont accros au travail d’une équipe de bénévoles menée par un trio âgé de 30 à 40 ans : les Ariégeois Christophe Dedieu et Xavier Pousse et le Bigourdan Eric Castaings.
« J’ai grandi à Foix et j’allais en vacances à Mérens-les-Vals [Haute-Ariège], raconte le premier, président de l’association Météo Pyrénées. Quand on est à la montagne, on aime bien savoir ce qui va se passer et pourquoi. C’est aussi intéressant d’informer les gens. Nous sommes également des passionnés de photo. Eric est d’ailleurs photographe professionnel. »
Instagram, principal pourvoyeur d’images
De l’Atlantique à la Méditerranée, en remontant jusqu’à Toulouse ou Bordeaux et en descendant jusqu’au sud de Barcelone, rien de ce qui vient du ciel n’échappe au trio. Notamment à Christophe Dedieu, spécialiste « ès » farfouillages sur les réseaux sociaux. « Grâce à Xavier, notre prévisionniste basé à Bélesta [Ariège], on sait ce qui va se passer et où, détaille le tout frais quadragénaire « exilé » à Pau, fonctionnaire au ministère des Finances. On fait des recherches sur les lieux concernés. »
La popularité croissante de Météo Pyrénées lui a facilité la tâche : « 80 % des photos viennent d’Instagram et de plus en plus, les gens qui les prennent nous les envoient ou nous taguent, explique Christophe Dedieu. On les partage ensuite sur Twitter et Facebook. » On parle ici de contributeurs ponctuels, en plus de la cinquantaine de « correspondants permanents », tout aussi bénévoles que les cofondateurs, disséminés un peu partout le long de la chaîne montagneuse.
En français, catalan et espagnol, en attendant le basque
« On en a plusieurs dans des coins stratégiques, notamment trois ou quatre au Pas de la Case, qui nous envoient des images. Cet hiver, une vidéo du déneigement du port d’Envalira [Andorre] a été vue plus d’un million de fois sur Facebook. » Selon l’endroit concerné, Météo Pyrénées parle français, catalan ou espagnol. Et sans doute bientôt basque, pour mieux couvrir le sud-ouest de sa zone, son maillon faible à ce jour.
La page Facebook qui, à ses débuts, livrait « seulement » des bulletins météo l’hiver est devenue une plateforme multimédia quatre saisons, qui propose aussi des informations routières et des webcams. Au grand dam parfois des professionnels de stations ariégeoises et haut-pyrénéennes qui, début février, n’ont pas apprécié certaines images, selon eux « mal choisies » : elles montraient la faible épaisseur voire l’absence du manteau neigeux au cours d’un hiver avare en poudreuse.
« Des clashs, il y en a toujours eu, assure Christophe Dedieu. Mais ça s’amplifie au fur et à mesure que l’on grossit. On a dû supprimer une centaine de commentaires et bannir une centaine de personnes. Même sur mon profil perso, j’ai eu droit à de petites pressions d’employés ou de commerçants. » La réaction a été radicale : fini les infos météo sur les stations de ski du 09 et du 65. Jusqu’à la fin de saison et peut-être plus, si les internautes, bientôt consultés sur le sujet, le décident…
Et maintenant ? Après un financement participatif, Météo Pyrénées propose à ses fans de devenir adhérents de l’association, moyennant une cotisation de 15 euros, pour accompagner sa croissance, avec installation de stations météo et de nouvelles webcams, dont certaines leur seront réservées.
L’objectif, expliqué sur le site : devenir « l’une des plus importantes communautés météo de France ». « Si on en est là, c’est parce qu’il y avait un vide, juge Christophe Dedieu. Nous sommes sur un territoire qui n’intéresse pas vraiment Météo-France. Sur leurs réseaux sociaux, on parle surtout des Alpes et des grandes villes. » On dirait bien que le massif des Pyrénées, éternel oublié de l’Histoire, tient sa revanche.