Hauts-de-France : Des dispositifs anti-SDF à Lille et Calais nommés aux « Pics d’Or » 2020
SOCIETE•A l’occasion de la deuxième cérémonie des « Pics d’or », des dispositifs anti-SDF à Lille et Calais sont nommésMargaux Menu
L'essentiel
- La fondation Abbé-Pierre nomme des dispositifs anti-SDF à Lille et Calais pour la deuxième cérémonie des « Pics d’Or ».
- Calais est épinglée pour l’arrêté municipal régulièrement renouvelé qui empêche la distribution de repas aux migrants.
- La fondation Abbé-Pierre recense 3.000 SDF dans les Hauts-de-France.
Dans la famille « Ni vu ni connu », je demande Lille. Lundi, la Fondation Abbé-Pierre organise la deuxième cérémonie des « Pics d'Or » au théâtre de l’Atelier, à Paris. Cette remise de prix satirique récompense les pires dispositifs anti-SDF de France.
Cette année, la deuxième édition des « Pics d’Or » nomme Lille pour son « Arabesque » installée devant une résidence privée, rue Solférino. Calais peut aussi prétendre à un prix, dans la catégorie « Bouge de là », pour son arrêté municipal contre la distribution de repas aux migrants.
Selon l’agence des Hauts-de-France de la Fondation Abbé-Pierre, la région compte environ 3.000 sans-abri, un nombre en hausse depuis une dizaine d’années. « On observe par là même une recrudescence du nombre de dispositifs anti-SDF », témoigne Manuel Domergue, directeur des études et porte-parole de la fondation.
700 dispositifs dénoncés partout en France
Outre les pics installés au pied d’un immeuble et la musique diffusée la nuit dans les parkings, les dispositifs anti sans-abri peuvent aussi prendre la forme de mesures administratives. C’est justement ce que les Pics d’Or reprochent à la ville de Calais, qui renouvelle les arrêtés anti regroupement depuis 2014, et parallèlement, la distribution de nourriture aux migrants.
Les dispositifs anti-SDF, jugés « inhumains » et « invisibilisants » par la Fondation Abbé-Pierre, sont recensés sur la plateforme soyonshumains.fr, via la contribution de citoyens sur Twitter ou par mail. Pas moins de 700 dispositifs à travers toute la France ont déjà été dénoncés. « Un nombre qui est loin d’être exhaustif », selon Manuel Domergue, puisque aucun recensement officiel n’est à ce jour disponible.
« Le but n’est pas de pointer du doigt tel ou tel acteur, se défend le porte-parole de la fondation. Je comprends les gens qui sont gênés par la vision de la pauvreté, mais il faut réguler ce malaise en trouvant des solutions dignes ».
Déclaration des droits des personnes sans-abri
A l’occasion de la campagne européenne « La pauvreté n’est pas un crime », le 13 janvier, la Fondation Abbé-Pierre et la Feantsa ont ainsi coécrit la Déclaration des droits des personnes sans-abris. Son but : « inciter la mise en place, par les pouvoirs publics, de politiques fortes pour le logement des SDF ».
Pour Manuel Domergue, « Emmanuel Macron s’est décrédibilisé en promettant qu’il n’y aurait plus de SDF fin 2017 ». Si le porte-parole de la Fondation Abbé-Pierre reconnaît que le plan quinquennal Logement d'abord, « va dans le bon sens », il regrette le manque de moyens qui lui sont attribués et son caractère « très contradictoire » vis-à-vis des coupes budgétaires massives dans le secteur du logement.