POLITIQUEQuel bilan pour les « quartiers de reconquête républicaine » à Strasbourg ?

Strasbourg : Un an après, quel bilan pour les « quartiers de reconquête républicaine » ?

POLITIQUELe dispositif avait été lancé en février 2019 à la Meinau et au Neuhof
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Emmanuel Macron se rend ce mardi dans un « quartier de reconquête républicaine » (QRR) à Mulhouse. C’est quoi ces QRR ? En clair, des quartiers où on renforce la présence policière.
  • A Strasbourg, deux « quartiers de reconquête républicaine » existent déjà, à la Meinau et au Neuhof. Ils avaient été lancés en février 2019.
  • Un an après, quel est le bilan ? On a interrogé la police, une élue et une association de quartier.

Le sujet sera au cœur de la visite d’Emmanuel Macron, ce mardi à Mulhouse. Le président de la République doit se rendre au commissariat de police de Bourtzwiller, devenu « quartier de reconquête républicaine » (QRR) l’été dernier. Il s’agissait alors du troisième en Alsace après ceux de la Meinau et du Neuhof à Strasbourg, en février 2019.

Un peu plus d’un an plus tard, quel est le bilan de ce dispositif qui a surtout renforcé la présence policière à des endroits ciblés ? « Il est positif et maintenant, il faudrait que d’autres quartiers en bénéficient aussi », répond le major Berger, chef de la Brigade spécialisée de terrain (BST) de Strasbourg Sud. Celle-ci est assignée toute la semaine à la Meinau et au Neuhof.

« Au plus près des doléances des habitants »

« Au total, ils sont 32 agents, contre 20 auparavant sans les QRR », compte son collègue, le major Eberhardt. « Forcément, ça fait une grande différence. Douze policiers supplémentaires, c’est trois patrouilles de plus sur un secteur. On est beaucoup plus présent et sur une amplitude horaire supérieure. Ça nous permet de nous occuper de plein de choses qu’on ne faisait pas avant. »

Les deux hommes l’assurent, ils sont désormais « au plus près des doléances des habitants ». « Ça nous permet d’agir plus rapidement », poursuit celui qui est adjoint au chef de la division Sud. « Les gens nous voient régulièrement et n’hésitent pas à revenir vers nous car ils savent qu’on va réagir vite. »

« Traiter les problèmes ensemble »

« Les habitants ont maintenant l’impression d’avoir du répondant face à eux », confirme l’élue de quartier et adjointe au maire de Strasbourg, Annick Neff. Elle a régulièrement des retours grâce aux réunions bimensuelles organisées entre tous les acteurs amenés à intervenir sur le secteur. Bailleurs sociaux, directeurs d’établissements, compagnie de transport… et donc police et municipalité.

« Ça nous permet de traiter les problèmes ensemble », explique Christophe Eberhardt. « Dans les quartiers non-QRR, il n’y a qu’une réunion par mois. » Et pas toujours avec la présence d’un délégué à la cohésion police-population, sorte de médiateur qui tient une permanence dans les bureaux de police. Pour la Meinau et au Neuhof, ils sont deux.

« Je n’ai pas vu de changement »

« Tous les problèmes n’ont pas été réglés mais la présence policière tranquillise les habitants, ça leur a redonné confiance », synthétise l’adjointe au maire de Strasbourg. Un constat que ne partage pas Khoutir Khechab, le directeur du centre socio et culturel du Neuhof.

« Les gens sont toujours embêtés par plein de choses et ce ne sont pas des effectifs supplémentaires de policiers qui vont améliorer tout ça », lance-t-il. « On nous appelle le quartier "Haut les mains" depuis les années 1970 et je n’ai pas vu de changement depuis. La rénovation urbaine a certes fait du bien mais à l’intérieur, les habitants sont toujours en souffrance. On peut faire autant de descentes qu’on veut, la drogue ne se fabrique pas ici. »

« On gêne beaucoup les dealers »

Mais elle y tourne, encore. « On ne peut pas dire le contraire, il y a encore des trafics à la Meinau et au Neuhof mais les dealers sont sous pression. On les gêne beaucoup », assure Franck Berger, dont les équipes renforcées ont « multiplié les visites dans les caves » et « fait diminuer le nombre de rodéos ».

« Avec des effectifs supplémentaires dans ces QRR, il n’y a pas de secret, on s’adapte mieux à la délinquance et on maîtrise mieux le terrain, conclut-il. Mais on ne peut pas être partout non plus et toujours assez. ». Comme la nuit de la Saint-Sylvestre, où près de 300 véhicules avaient été incendiés. Dont beaucoup à la Meinau et au Neuhof.