EPIDEMIECoronavirus, masques et ennui... En quarantaine à bord du Diamond Princess

Coronavirus : Sur le Diamond Princess, on doit « porter des masques et rester tous à deux mètres les uns des autres »

EPIDEMIEDepuis le lundi 3 février, le paquebot de croisière Diamond Princess se trouve à quai au large de Tokyo au Japon, mis en quarantaine à cause de cas de coronavirus. Confinés, des passagers tiennent sur les réseaux un journal de bord
Marie De Fournas

Marie De Fournas

L'essentiel

  • 3.711 personnes sont confinées dans ce paquebot de croisière Diamond Princess, maintenu à quai en quarantaine depuis le lundi 3 février à Yokoham au Japon à cause du coronavirus.
  • Sur les réseaux sociaux plusieurs d’entre eux racontent leur quotidien à travers des photos, des vidéos et des posts.
  • Reclus dans leurs cabines, les passagers voient leurs journées rythmées par les repas, ainsi que les rares et courtes sorties sur le pont.

«Exercices de la journée : planches, sit-up et hand stand ». Ce mercredi comme depuis huit jours, Aun Na Tan publie sur Twitter des photos de son quotidien à bord du Diamond Princess. Elle fait partie des 3.711 passagers mis en quarantaine dans ce paquebot maintenu à quai depuis le lundi 3 février à Yokoham au Japon. A l’époque on avait compté sur le bateau une dizaine de personnes contaminées par le coronavirus. Leur nombre n’a depuis cessé d’augmenter et atteint aujourd’hui les 174 cas. Les passagers sont confinés dans leur cabine.

Pour Aun Na Tan, cela signifie passer ses journées avec ses deux enfants et son mari dans une pièce d’environ 9 m², avec pour seul mobilier deux lits superposés, un petit bureau et une télévision. « Ce n’est pas difficile pour nous, nous sommes à l’aise les uns avec les autres car nous avons l’habitude de cette proximité », assure la jeune femme à 20 Minutes. Et pour ne pas trop se marcher dessus, la petite famille occupe comme elle peut ses longues journées.

Aun Na Tan, son mari et ses deux enfants en quarantaine dans la petite cabine du Diamond Princess.
Aun Na Tan, son mari et ses deux enfants en quarantaine dans la petite cabine du Diamond Princess. - Capture Twitter

Amazon livre sur le bateau

« Nous regardons des films et jouons à des jeux. Mon mari travaille à distance lorsqu’il a une connexion Internet, les enfants discutent avec leurs amis et surfent sur les réseaux sociaux. Xander, mon fils écoute de la musique et joue à la Switch. Kaitlyn, ma fille fait ses devoirs », nous raconte la mère de famille vivant à Melbourne en Australie. L’équipage aussi fait en sorte que les passagers trouvent le temps moins long. Régulièrement, les membres de l’équipe du club enfant apportent à sa fille des paquets avec jeux de société, peluches, scoubidous ou encore coloriages…

La fille de Aun Na Tan reçoit régulièrement des petits colis de jeux et friandises de la part de l'équipage du Diamond Princess.
La fille de Aun Na Tan reçoit régulièrement des petits colis de jeux et friandises de la part de l'équipage du Diamond Princess.  - Capture Twitter

De son côté, Aun Na Tan pratique la zumba devant la télévision, « discute avec sa famille et ses amis » et fait même du shopping en ligne. La veille, elle a d’ailleurs eu le plaisir de recevoir sa commande Amazon. Des petits plaisirs venus de l’extérieur qui viennent mettre un peu de piment dans les livraisons habituelles que reçoivent les passagers et qui rythment leur journée : les repas.

Les actions banales deviennent des expériences incroyables

Tout comme Aun Na Tan et d’autres passagers, Shannon a pris l’habitude de poster ses déjeuners et dîners sur Twitter. Petits-déjeuners à l’anglaise dans une barquette, soupe de nouilles en pot, fruits variés, ration d’eau et bœuf légumes au riz… On est loin des photos de plats bistronomiques qui déclencheraient un torrent de likes sur Instagram et pourtant, Shannon poste et commente presque chacun d’eux. « Petit-déjeuner du jour. On dirait que nous sommes censés faire des recharges de glucides. Peut-être allons-nous faire une course bientôt ? Je ne suis pas une amatrice de glucides, mais le flanc aux figues était très bon. J’ai fait l’impasse des croissants et des muffins », écrit celle qui n’avait pas tweeté depuis 2015 pour dire qu’elle pensait « ne pas trop savoir comment correctement utiliser Twitter ». Avec ce confinement forcé, les réseaux sociaux sont devenus pour beaucoup un journal de bord.

Les repas de Shannon, passagère du Diamond Princess en quarantaine.
Les repas de Shannon, passagère du Diamond Princess en quarantaine.  - Capture Twitter

Un passager japonais a même créé un compte uniquement dédié à son « aventure ». Suivi par plus de 49.000 personnes, il poste avec enthousiasme ses repas, son sudoku ou le journal qu’il lit. « On me demande en commentaire si je peux boire du thé chaud. La réponse est oui, il y a une bouilloire dans ma chambre », tweete-t-il une photo de l’objet à l’appui. Sur le Diamond Princess, c’est comme si l’action la plus banale du quotidien prenait la dimension d’une expérience incroyable.

Le quotidien d'un passager du Diamond Princess pendant la quarantaine.
Le quotidien d'un passager du Diamond Princess pendant la quarantaine.  - Capture Twitter

« Nous devons rester tous à deux mètres les uns des autres »

Mais Tweeter est aussi un moyen de garder un contact avec l’extérieur et les autres de façon virtuelle, car physiquement, tout est plus compliqué. « Nous restons toute la journée dans nos chambres et avons des temps alloués pour sortir sur le pont prendre l’air frais et le soleil, nous écrit Aun Na Tan. Nous devons porter des masques, désinfecter nos mains et rester tous à deux mètres les uns des autres. »

Une liberté sous condition dont profite Yardley Wong dès qu’il le peut. Sur son compte Twitter, il a posté la fiche qui encadre strictement les sorties des passagers. Ils ont été divisés en plusieurs groupes et peuvent se rendre à certains endroits intérieur et extérieur à des créneaux horaires bien précis. Le but étant d’éviter que tout le monde ne se retrouve en même temps dehors et que la contamination ne se propage. Yardley savoure tellement ces rares instants, qu’il en filme les moindres détails : marche dans le couloir désert du bateau et vue (toujours la même) depuis le pont.

Les règles de sortie hors des cabines du Diamond Princess pendant la quarantaine.
Les règles de sortie hors des cabines du Diamond Princess pendant la quarantaine. - Capture Twitter

Malgré tout, les passagers bloqués semblent tous très reconnaissants du travail de l’équipage qui à leurs yeux fait le maximum pour améliorer leurs conditions de quarantaine. Aujourd’hui, ils ont tous reçu de l’équipe une petite carte avec l’inscription « On peut le faire !! Accrochez-vous ». Encore six jours à tenir.

Le mot d'encouragement de l'équipage du Diamond Princess au 8e jours de quarantaine.
Le mot d'encouragement de l'équipage du Diamond Princess au 8e jours de quarantaine.  - Capture Twitter