Loire-Atlantique : Comment expliquer la « brutale » hausse du nombre de tués sur les routes ?
ACCIDENTS•En 2018, 71 personnes ont perdu la vie dans un accident de la route en Loire-AtlantiqueJulie Urbach
L'essentiel
- Ce mercredi, le préfet de Loire-Atlantique a appelé les usagers de la route à « se ressaisir ».
- Vitesse, alcool, inattention... Il dénonce un «relâchement des comportements»
Il y en a déjà six depuis le 1er janvier. Mais déjà l’année dernière, le nombre de tués sur les routes a fortement augmenté en Loire-Atlantique. A tel point que ce mercredi, le préfet a lancé « un cri d’alarme » à propos de la sécurité routière. « Nos concitoyens doivent se ressaisir », estime Claude d’Harcourt, dont les services ont recensé 71 morts en 2019, soit 38 % de plus qu’en 2018. « Le paradoxe est qu’il y a eu moins d’accidents et moins de blessés. Mais certains ont adopté un comportement que j’appellerais "no limit" », estime-t-il, parlant d’un phénomène « brutal ».
A l’association de la ligue contre la violence routière, on partage le même constat. « Les infrastructures sont plutôt bonnes, le nombre de kilomètres parcourus n’a pas évolué, mais les accidents sont de plus en plus graves, observe Claude Chabot, le vice-président départemental. Il y a davantage de prises de risques, notamment en ce qui concerne la vitesse et l’alcool. » Pour le premier facteur, responsable de 20 % des accidents mortels, institution et association pointent du doigt les nombreuses dégradations de radars, survenues dès la fin 2018 en marge du mouvement des « gilets jaunes ».
« C’est à ce moment que l’on a constaté une forte augmentation des vitesses. Difficile de n’y voir qu’une coïncidence, continue Johann Mougenot, directeur de cabinet du préfet. D’autant que même dégradés, les radars ont continué à flasher. » Avec des infractions en hausse de 10 % et des vitesses qui ont parfois atteint des sommets. Selon la gendarmerie, les grands excès de plus de 50 km/h ont augmenté de 76 % en un an.
Un autre problème : l’inattention
Si la situation ne s’est pas améliorée sur les grands axes, c’est en ville qu’elle s’est le plus dégradée. Un tiers des victimes ont été tuées en agglomération : et majoritairement chez les « usagers vulnérables », c’est-à-dire les piétons (13 tués), cyclistes (6) ou conducteurs de motos et cyclos (17). A Nantes par exemple, une importante série noire a touché des personnes âgées, mortellement fauchées alors qu’elles traversaient la rue. « Comme pour les autres accidents mortels, on remarque une inattention chez les conducteurs, explique Benoît Desferet, directeur départemental de la sécurité publique. En ville, les sources de distraction peuvent être importantes, et la première reste l’usage du téléphone portable au volant, qui ne fait qu’augmenter. » L’alcool est là aussi : 15 % des contrôles effectués étaient positifs.
Alors, comment enrayer cette inquiétante hausse ? « Nous sommes des défenseurs de la limitation à 80, encore faut-il qu’il y ait des moyens de la faire respecter », lâche Claude Chabot. Ce mercredi, la préfecture a confirmé que les radars dégradés seraient intégralement remplacés, certains par les fameux radars tourelles (l’un se trouve déjà à l’entrée du pont de Cheviré), qui sont notamment capables de flasher dans les deux sens. L’expérimentation des radars embarqués à bord de voitures banalisées conduites par des entreprises privées doit également se déployer dans la région des Pays de la Loire, ces prochains mois. « De la répression mais nous avons aussi beaucoup de prévention à faire, estime le préfet Claude d’Harcourt. Nous allons cibler certains utilisateurs, et notamment les "motards occasionnels", qui ne maîtrisent pas toujours très bien leurs motos. »