A quoi pourrait bien ressembler Noël en 2050 ?
NOEL POUR LES NULS (15/15)•Cadeaux, repas… La façon de célébrer Noël sera-t-elle si différente que ça, à la moitié du siècle ?
Pierre Cloix
L'essentiel
- La rédaction de « 20 Minutes » vous accompagne pendant les fêtes de fin d’année. Grandes questions, petites interrogations, vrais tracas ? On vous répond.
- Aujourd’hui, on s’interroge sur ce que nous réserve le futur.
- « 20 Minutes » a demandé à des experts de nous éclairer un peu sur ce que sera Noël en 2050.
Noël, ça fait déjà quelques jours que c’est terminé, mais il y a fort à parier qu’on en aura un à nouveau l’année prochaine. Et celle d’après, et celle d’encore après… Alors, vu que le monde change à toute vitesse (ma bonne dame), voyons à quoi cette fête pourrait ressembler en 2050.
Pour cela, prenons l’exemple de Damien, 10 ans, qui s’apprête à aller passer les fêtes en famille, le 24 décembre 2050. Il habite dans les Bouches-du-Rhône et prend la route, avec ses parents, pour rejoindre ses grands-parents à la station de ski de La Clusaz, en Haute-Savoie.
Acte 1/Une ambiance « électrique »
En quittant le pavillon de Vitrolles, le petit Damien n’a pas envie de porter de bonnet, et comme on le comprend : le mercure s’élève à 12 degrés, ce 24 décembre 2050 en début d’après-midi. Après avoir ardemment négocié avec ses parents, le petit garçon finit par l’emporter. Les hivers sont bien plus doux que lors des décennies précédentes et les doudounes façon bonhomme Michelin se font de plus en plus rares dans les rues en période de fêtes. L’hiver autrefois tant redouté par certains est même le bienvenu par endroits, tant les canicules estivales se sont multipliées ces dernières décennies.
[L'avis de l'expert. «En France, les températures pourraient avoir pris jusqu’à 1,5 °C de moyenne. Les canicules seront de plus en plus fréquentes et les 42 °C de record de Paris à l’été 2019 devraient avoir été battus à plusieurs reprises d’ici à 2050 » – Jean Jouzel, climatologue et fondateur du GIEC]
Sur la route qui sépare Damien de ses grands-parents, déjà bien installés, le temps est clair. Sur le bas-côté de l’autoroute A7, des mètres et des mètres carrés de terre roussie. Les étés aux températures plus que torrides n’auront pas laissé beaucoup de chance à la végétation longeant l’axe routier. Au loin, les sommets enneigés ont bien du mal à pointer le bout de leur nez. Une fois arrivé au péage, le petit Damien remarque des gyrophares sur la bande d’arrêt d’urgence : voir un pot d'échappement dégager un panache de fumée n’est plus ce qu’on appelle « fréquent » depuis la fin des véhicules thermiques de 2040. La mesure aura mis du temps à être appliquée, mais aujourd’hui c’est « tolérance zéro ».
[L'avis de l'expert. «Si dans l’ensemble les paysages mettront du temps à se modifier sur une grande ampleur, les feux de forêts seront bien plus nombreux et laisseront des traces. Les « Noëls sous la neige » seront également de moins en moins récurrents, si ce n’est en haute montagne. Pour ce qui est du parc automobile, au-delà des interdictions concernant les véhicules individuels thermiques, il faudra espérer que nous aurons changé notre rapport à la voiture et que l’espace urbain aura évolué en fonction » – Jean Jouzel]
Acte 2 / A table !
Les grands-parents de Damien accueille la famille. Il fait déjà nuit et l’ensemble de la famille ne tarde pas à rentrer se mettre au chaud. Il fait un peu plus froid à La Clusaz, et une neige fine qui ne tient pas au sol a fini de recouvrir les cheveux du petit garçon. Peut-être qu’il aurait dû le mettre ce bonnet, finalement. Une fois autour de la table, les discussions s’enchaînent et les plats aussi.
Toutefois, le contenu des assiettes est un peu différent de ce qu’on pouvait y trouver au début du siècle. Les toasts sont recouverts d’un savant mélange de pois chiches, de champignons et d’épices, les « verrines » (biodégradables, bien sûr) sont remplies d’un audacieux mélange concombre-chocolat et les huîtres mariées au litchi. Le grand-père, François, apporte ensuite avec fierté la dinde qui a « mijoté dans son jus pendant 5 heures. » Si, aujourd’hui, la population consomme bien moins de viande que par le passé, les fêtes restent l’occasion de déguster des plats « traditionnels », ce qui n’est pas pour déplaire à notre petite famille qui apprécie tout particulièrement ces moments de gourmandise carnée, devenus rares.
[L'avis de l'expert. « En 2050, on devrait avoir un repas de Noël à 80 % d’origine végétale contre 20 % animale. Les chapons, rosbifs et autres dindes revêtiront un caractère plus exceptionnel. Du fait de la prise de conscience des souffrances animales, on ne trouvera plus de blocs de foie gras à 13 euros dans les hypermarchés, même si certains en consommeront encore, à la façon d’un produit de luxe, car il y a un aspect de désobéissance dans la cuisine. Nous aurons aussi de nouveaux goûts et de nouveaux mélanges de saveurs. Le zéro déchet sera également devenu la norme. En somme, on tendra vers un repas de Noël végétal, mais gourmand. » Raphaël cofondateur du Centre Français d’Innovation Culinaire (CFIC)]
Acte 3 / Les cadeaux
Le lendemain matin, c’est bien évidemment l’heure de l’ouverture des cadeaux au pied du sapin (en matériaux recyclés !), pour Damien. S’il ne croit plus au mythe du père Noël, la magie est bien présente en cette matinée brumeuse de Haute-Savoie. D’ailleurs, à travers les années, l’image du gros bonhomme barbu à la chevelure couleur neige a pris du plomb dans l’aile. En 2050, la mère Noël est de plus en plus représentée et les cadeaux « genrés » se font de plus en plus rares. Ainsi, parmi les figurines reçues par notre protagoniste de 10 ans, on trouve des familles homoparentales, des femmes pompiers et des hommes qui s’occupent de la cuisine. Ce qui ne semble pas troubler le moins du monde le petit garçon. De leur côté, les parents se sont offerts mutuellement des bracelets « jumeaux », trouvés dans une bijouterie spécialisée en ornements de récupération.
[L'avis de l'experte. «Noël restera festif mais tout va changer ! Le père Noël laissera peut-être sa place à la mère Noël, ou bien à une femme transgenre, qui sait ? En tout cas on retrouvera dans les cadeaux et autres, davantage de représentations des différents types de familles. Le sapin, ça devrait être fini : ce n’est pas très écolo comme pratique… On aura aussi l’angoisse des lutins sponsorisés par Amazon et des cadeaux neufs moins récurrents. En tout cas, on va continuer à innover. » Anne-Caroline Paucot, écrivaine-prospectiviste]
En fin d’après-midi, Damien et ses parents remontent dans leur véhicule parfaitement silencieux pour rentrer à la maison. Cette année encore, le petit garçon aura été particulièrement heureux de passer son réveillon en famille. Alors qu’il joue avec l’une de ses figurines de vaisseau spatial, il se prend à regarder par la fenêtre et à s’interroger : « Je me demande bien à quoi ressemblera Noël, en 2100. »