Grève du 5 décembre : Dispositif de sécurité hors-norme à Paris pour la manifestation
SECURITE•Les autorités s’inquiètent de la présence d’individus radicaux – qu’ils viennent de l’ultra-gauche ou des « gilets jaunes » – en marge des cortèges du 5 décembre à Paris.Caroline Politi
L'essentiel
- Les autorités craignent la présence d’individus « ultras » en marge des cortèges.
- Tous les commerces le long du tracé parisien – de gare du Nord à Nation – seront fermés.
- La préfecture a demandé à la mairie de Paris de retirer le mobilier urbain.
La date est marquée d’une croix rouge depuis déjà de longues semaines. Ce jeudi 5 décembre, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont attendues dans les rues de Paris pour manifester contre la réforme des retraites. Cheminots, profs, professionnels de santé ou encore avocats… Un cortège hétéroclite que les autorités craignent de voir infiltré par des blacks-blocs ou des « ultras-jaunes », la mouvance dure du mouvement des « gilets jaunes ». « Sur le papier, il s’agit d’une manifestation relativement classique avec des syndicats qui ont l’habitude d’encadrer ce type de cortège, des services d’ordre compétents, mais on sait que des individus radicaux ont l’intention de ne pas s’intégrer au cortège », souffle une source au ministère de l’Intérieur.
Ces dernières semaines, plusieurs réunions préparatoires ont eu lieu à la préfecture de police de Paris pour tenter de baliser au mieux le cortège qui s’élancera à 14h de la gare du Nord pour rejoindre Nation vers 19 heures, en passant par République. Les autorités ont notamment en tête les débordements du 1er mai. Les services d’ordre des syndicats avaient été dépassés quelques minutes seulement après le départ de la manifestation. Le leader de la CGT, Philippe Martinez, avait dû être momentanément exfiltré et près de 254 personnes avaient été placées en garde à vue. Si les services d’ordre syndicaux ont été renforcés ce jeudi, les autorités craignent un « bis repetita ». « La manifestation intersyndicale du jeudi 5 décembre se déroulera dans un contexte social et revendicatif des plus tendus, notamment avec des appels à des rassemblements de “gilets jaunes” », note un arrêté préfectoral publié ce mardi.
« C’est la première fois que la préfecture demande autant de choses »
Signe de cette inquiétude, « les propriétaires ou exploitants des commerces, débits de boissons et restaurants » installés le long du tracé « doivent procéder à leur fermeture, jusqu’à la fin de la manifestation intersyndicale », prévue pour 19 heures, selon l’arrêté de la préfecture. Il leur est également demandé de démonter terrasses et étalages afin d’éviter « les dégradations et les pillages ».
Notre dossier sur la grève du 5 décembre
Parallèlement, la préfecture a demandé à la mairie de Paris de retirer les barrières de chantier, le mobilier urbain, les poubelles – y compris les dépôts de verre fixes –, les grilles des arbres tout comme les trottinettes et les vélos. Autant d’éléments qui pourraient être utilisés comme des projectiles contre les forces de l’ordre. « On va faire le maximum, mais ce qu’on ne sait pas faire, on ne le fera pas, note-t-on à la mairie de Paris. Et de préciser : « C’est du jamais-vu. C’est la première fois que la préfecture demande autant de choses sur un trajet aussi long. »
Ce jeudi, près de 5.000 policiers et gendarmes seront mobilisés mais tous ne seront pas directement aux abords du cortège. Près d’un tiers d’entre eux sera notamment de s’assurer que le cortège ne sorte pas du tracé prévu et que les manifestants ne se rendent pas dans les secteurs symboliques des Champs-Elysées, de l’Assemblée nationale ou des zones touristiques de la tour Eiffel et des Grands magasins, où les manifestations sont interdites jeudi.