Rennes : Le dépôt de Vern toujours bloqué, le carburant commence à manquer
SOCIAL•Les professionnels bretons du BTP bloquent depuis jeudi les principaux dépôts pétroliers de la région
Jérôme Gicquel
L'essentiel
- Les professionnels bretons du BTP bloquent depuis jeudi les principaux dépôts pétroliers de la région.
- Conséquence, le carburant commence à manquer dans certaines stations comme à Rennes.
- Dans certains endroits, les pompes sont déjà à sec, faisant craindre une pénurie.
«Je dois aller jusqu’à Paris, je ne vais pas aller bien loin avec ça ! ». Devant la pompe de la station Total de Villejean à Rennes, Sofiane l’a un peu mauvaise. Prise d’assaut depuis vendredi suite au blocage du dépôt pétrolier de Vern-sur-Seiche, la station-service n’autorise plus ce dimanche matin qu’un rationnement de dix litres de carburant maximum par véhicule. Dans certains secteurs de la métropole rennaise, la situation est encore pire avec des pompes littéralement à sec.
Les automobilistes se retrouvent donc à se refiler des tuyaux pour faire le plein. « Il y en a encore au Leclerc de Saint-Grégoire », lance l’un d’entre eux. Les stations qui ont encore du stock se retrouvent ainsi prises d’assaut comme celle de l’avenue Charles Tillon, au nord-ouest de la capitale bretonne.
« On a doublé notre chiffre d’affaires vendredi et samedi », souligne Ramadhoini, employé de la station. « Mais si le blocage se poursuit, il n’y aura plus rien demain matin », assure-t-il. Certains anticipent déjà une pénurie comme Thierry. « Je vais être sur la route toute la semaine donc je préfère faire le plein maintenant même si je suis loin d’être à sec », indique le commercial.
Les professionnels ne veulent pas d’une hausse du prix du gazole
Mais la situation n’est pas spécifique à Rennes. Toute la Bretagne est touchée par ce début de pénurie de carburant qui fait suite au blocage des principaux dépôts pétroliers de la région depuis jeudi soir par les professionnels du BTP. Ces derniers enragent contre la suppression annoncée au 1er juillet 2020 du gazole non routier (GNR). Un gazole « coloré » qui serait remplacé par un gazole « blanc » classique mais beaucoup plus cher. « Cela va nous coûter 55 centimes de plus par litre, ce n’est pas tenable », assure cette cheffe d’entreprise, implantée à Yffiniac (Côtes-d’Armor).
Depuis jeudi soir, ces petits patrons du BTP ont installé leurs engins de chantier devant le dépôt pétrolier de Vern, bloquant toute entrée ou sortie de camion. « Le gouvernement veut nous étrangler », indique Jean-Marc. Installé à Crevin, ce patron d’une entreprise de location d’engins de chantier a fait les comptes. Si le GNR est supprimé, il perdra « entre 8 et 10 % » de chiffre d’affaires. « Cela aura des conséquences avec des licenciements et des fermetures d’entreprises. Sans compter les vols de carburant qui vont encore augmenter », prévient-il.
Avec ses collègues, il attend d’urgences des réponses du gouvernement. « On ne va rien lâcher et continuer le blocage jusqu’à ce qu’on nous entende », assure cet autre patron. Pour tenter de désamorcer la crise, le ministère de l’Economie a proposé ce dimanche de recevoir une délégation lundi matin à Paris.