MANIFESTATIONFace-à-face houleux entre un patron de bar et la manifestation #NousToutes

Saint-Nazaire : Face-à-face houleux entre un homme condamné pour violences et les manifestants de #NousToutes

MANIFESTATIONUn patron de bar nazairien, déjà condamné pour des violences faites aux femmes, a semé la confusion en se présentant samedi devant le cortège de manifestants
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Près de 500 personnes manifestaient à Saint-Nazaire contre les violences faites aux femmes quand cet homme est arrivé devant la foule.
  • Le face-à-face, tendu, a duré plusieurs minutes. La scène a été filmée.
  • L’homme, gérant d’un bar de la ville portuaire, a été condamné à plusieurs reprises, dont la dernière fois en octobre.

Si elle a mobilisé près de 500 personnes samedi après-midi à Saint-Nazaire, la manifestation #NousToutes contre les féminicides a été le théâtre d’un incident qui « choque » encore un grand nombre de participants et suscite de multiples réactions sur les réseaux sociaux ce dimanche. Il était environ 15h30, le cortège traversait la zone commerciale du Ruban bleu, lorsque l’arrivée d’un homme a semé la pagaille dans la foule. Son visage est immédiatement reconnu puisqu’il s’agit d’un gérant de bar nazairien déjà condamné plusieurs fois pour des menaces et violences envers des femmes.

Sommé par les organisateurs de quitter les lieux, le commerçant se poste alors devant les manifestants, lève plusieurs fois les bras au ciel, applaudit, et filme la scène avec son téléphone portable, selon plusieurs témoignages recueillis par 20 Minutes. Sur une vidéo diffusée ce dimanche sur Twitter, on le voit faire face à la foule, sans chercher à s’éloigner, tandis que celle-ci lui hurle « casse-toi » et « pas d’agresseurs dans nos manifs ».

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« Symbolique du sentiment d’impunité »

« Nous étions estomaqués. Il était seul, souriant, provoquant, sans aucune honte apparente. Je l’ai entendu dire que la rue appartenait à tout le monde. Heureusement, il est parti avant que ça tourne mal », raconte Léonie Bureau, membre de l’association F’lutte, co-organisatrice de la manifestation de samedi. Pour la militante, la scène est d’autant plus « symbolique du sentiment d’impunité qu’éprouvent certains agresseurs » qu’il y avait dans le cortège « au moins deux femmes qui se considèrent comme victimes de ses agissements ». « Pour elles, sa venue, à ce moment-là, était une nouvelle forme de violence », ajoute Léonie Bureau.

Clémence, qui se dit « harcelée encore aujourd’hui » par cet homme contre qui elle a porté plainte en 2018, « n’a pas dormi de la nuit suivante ». « Il savait très bien que je serai à la manifestation. Et même s’il avait croisé le cortège par hasard, on voit bien qu’il prend son temps et fanfaronne à visage découvert. Il a déjà été condamné mais ça n’a pas de prise sur lui. Que peut-on faire de plus ? » s’inquiète-elle, émue.

Un peu plus tôt dans l’après-midi, la manifestation s’était arrêtée volontairement plusieurs minutes devant son établissement, square de la Mutualité, pour dénoncer publiquement les faits pour lesquels le trentenaire avait été condamné et demander une « meilleure protection des femmes victimes de violences ». « Ces choses-là ne peuvent pas rester seulement des affaires privées », considère Léonie Bureau.

« C’est complètement démesuré »

Sollicité par 20 Minutes, le gérant du bar a finalement répondu cinq jours après l’incident au Ruban bleu. Il raconte avoir voulu « s’expliquer avec les personnes de la manif » lorsqu’il a su qu’elles s’étaient arrêtées devant son bar. « En arrivant devant le cortège je me rends compte qu’il y a beaucoup de monde. L’ambiance devient haineuse contre moi et je décide de sortir mon téléphone pour faire mine de filmer. Mon intention n’était pas de provoquer », assure celui qui se prénomme Antoine.

Depuis, il dit être « victime d’acharnement ». « On me fait passer pour le pire des monstres. C’est complètement démesuré. J’ai été jugé, j’ai été condamné, ça suffit. Plusieurs groupes ont décidé d’annuler leur concert prévu dans mon bar. On tue une entreprise alors que je n’ai jamais eu de problèmes sur mon lieu de travail. »

Le 9 octobre, il avait écopé de 9 mois de prison, dont six avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve, pour des faits de violences conjugales envers une ex-compagne. Il sera de nouveau jugé début 2020 pour « destruction de biens » appartenant à une autre ex-compagne.