A Nantes, un lieu sensibilise les jeunes aux violences sexuelles

Nantes : Un nouveau lieu pour sensibiliser les jeunes aux violences sexistes et sexuelles

EDUCATIONL'association Résonantes a ouvert un espace réservé aux jeunes entre 15 et 25 ans
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Des sessions de sensibilisation sont proposées gratuitement aux établissements scolaires ou associations qui le souhaitent.
  • L'objectif est d'engager une discussion, voire d'orienter au mieux les potentielles victimes.

C’est un sujet tabou, encore plus à l’adolescence. Pourtant, plus de 80% des femmes victimes d’abus sexuels l’ont été avant l’âge de 18 ans, rapporte une étude. Pour « enfin parler avec les jeunes » de la réalité des violences sexuelles et sexistes, un lieu spécialement conçu pour les 15-25 ans, « unique en France », a été officiellement inauguré vendredi quartier Gare maritime à Nantes, en présence de François Hollande. Ici, depuis septembre, l’association Résonantes propose gratuitement des sessions de sensibilisation à des classes (3e ou 2nde) ou groupes de jeunes qui en font la demande. Quelques-unes ont déjà eu lieu et démarrent autour d’une exposition, appelée «Fais pas genre».

« L’expo est très facile d’accès avec des infos claires, des chiffres, des mots : notre but n’est pas d’édulcorer la réalité », indique Mélissa, chargée de mission à l’association. Une réalité aux multiples facettes : en plus des violences physiques, sont évoqués ici le cyberharcèlement, l’inceste, les mutilations génitales, la notion de consentement… « Une agression sexuelle se produit toutes les 7 minutes, continue Mélissa. Au bout d’une heure, on propose aux jeunes de faire le calcul. Souvent, ils sont choqués. C’est du concret. » Un espace de documentation est également accessible. Des ordinateurs ont été installés pour animer des ateliers contre la « cyberviolence ».

Une « fenêtre d’opportunité »

Mais la démarche peut aller plus loin : si l’association ne propose pas d’aide psychologique ou juridique dans ses locaux, elle s’est donnée comme mission d’orienter au mieux les potentielles jeunes victimes. « Sur un groupe de 15 élèves, il y en a un, deux ou trois qui va raconter son histoire ou au moins montrer des signaux que l’on doit déceler, explique Sarah, qui assure le suivi de ces jeunes. Avec le lien de confiance qu’on aura tissé, on pourra les orienter vers les bonnes structures. »

L’objectif de l’association Résonantes et de sa présidente, Diariata N’Diaye (la créatrice des bracelets d’alerte et de l’appli App-elles) est en fait de proposer une « fenêtre d’opportunité » pour ce public « si particulier » et peu informé. « L’éducation nationale ne parle pas du sujet des violences, ou ne sait pas comment y répondre. Les campagnes grand public ne touchent pas les jeunes car elles n’utilisent pas toujours les bons canaux ou les bons mots, je pense à "violences conjugales" par exemple, assure Diariata N’Diaye. Il faut miser sur l’éducation, et non mettre des pansements. »