POLEMIQUEIls sont «les gardiens de la dune». Qui sont les zadistes de Brétignolles?

VIDEO. Vendée : « Les gardiens de la dune », qui sont les zadistes de Brétignolles-sur-Mer ?

POLEMIQUEDepuis un peu plus d’un mois, une ZAD a vu le jour à Brétignolles-sur-Mer pour protester contre le projet de port de plaisance sur cette commune vendéenne de 4.500 habitants
David Phelippeau

David Phelippeau

L'essentiel

  • Depuis début octobre, une ZAD est installée face à la mer à Brétignolles-sur-Mer.
  • Les zadistes sont farouchement opposés au projet de port de plaisance, porté par la Communauté de communes du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et son président Christophe Chabot (maire de Brétignolles).
  • Dimanche, « 20 Minutes » est allé à la rencontre de cette grosse dizaine d’irréductibles.

Ils ont élu domicile sur ce terrain, attenant à un rond-point et face à la mer, depuis le 8 octobre. A l’entrée du campement de fortune, un accueil construit rudimentairement en bois avec cette inscription : « Les gardiens de la dune ». C’est comme ça que les Zadistes de Brétignolles-sur-Mer se sont autoproclamés face au projet de construction d’un port de plaisance. Ils seraient une grosse dizaine en permanence et une quarantaine à aller et venir sur la ZAD (Zone à défendre). Des pancartes jaunes rappellent leur combat : « Port la Honte », « Le port de la mafia » ou encore « Non au puits du fou ».

Début octobre, à l’arrivée des pelleteuses, la résistance à ce projet vieux de 20 ans s’organise. Jean-Baptiste Durand, le président du collectif La Vigie opposé au port, se souvient encore « de ces gens allongés devant les machines pour les empêcher de travailler ». Quelques heures plus tard, une dizaine d’opposants créent une ZAD sur un terrain privé, avec l’accord de la propriétaire. Laquelle est concernée au premier chef puisque sa parcelle doit être expropriée pour le futur projet.

Dimanche, 11h30, ils ne sont que cinq ou six à s’affairer au milieu de la ZAD. Les autres dorment encore. Dans le coin cuisine, certains grignotent des fruits et prennent un café. Juste à côté du feu, Robert* scuplte une cuillère en bois. Cet étudiant à Rennes de 22 ans est « venu pour filer un coup de main et pour soutenir ». Il a choisi la ZAD de Brétignolles car « c’est la plus active et la plus proche ». Il dénonce « un projet d’une incohérence folle qui va défoncer les terres, les plages et les alentours ».

« S’ils veulent faire leur port, ils le feront de toute façon ! »

A côté de lui, Dune (le nom choisi par beaucoup de zadistes pour témoigner), fait des allers-retours pieds nus entre la cuisine et le feu. Il déclare être un « nomade », originaire toutefois de l’Isère. « Moi, je suis là déjà parce que ce mode de vie me convient mieux que celui dans la vie courante, explique-t-il calmement. Et puis, évidemment, il y a le côté écolo. Je suis là pour protéger la planète, j’ai envie d’arrêter que l’humain casse tout. » Il n’entre pas dans les détails du projet. Au quotidien, il occupe son temps entre « la lecture, le bricolage, la cuisine ou les assemblées générales sur le projet trois fois par semaine ». Et puis, il reprend sur un ton plus ferme, mais un peu résigné : « S’ils veulent faire leur port, ils le feront de toute façon ! Des projets de merde, il y en a partout… »

Certains panneaux sont rebaptisés à Brétignolles-sur-Mer.
Certains panneaux sont rebaptisés à Brétignolles-sur-Mer. - D.P. / 20 minutes

Comme lui, certains étaient sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes il y a encore quelques semaines. C’est le cas de Charlie, une Italienne de 39 ans habitant en Bretagne. Après une petite balade en bord de mer, elle raconte dans un français impeccable son quotidien ici « depuis un mois en permanence » et ses difficultés. « On n’est pas là pour notre confort, mais pour défendre la dune. Si on craint la météo, on ne tient pas ici. Il y a quinze jours, il a fallu renforcer avec des sacs de sable les constrcutions lors de la tempête… » Le terrain de la ZAD, situé entre la mer et une zone marécageuse et exposé aux vents, est tout sauf hospitalier.

Une évacuation au printemps prochain ?

Puis, elle confie une certaine frustration : « A Notre Dame-des-Landes, tout ce qui tourne autour de l’autonomie alimentaire était très développé. Il y avait deux boulangeries, une forge… Ici, il n’y a pas de place pour un potager, pour des événements culturels etc. [le terrain sur lequel la ZAD de Brétignolles est installée ne fait que 3.000 m2 contre plus d’un millier d’hectares à Notre-Dame-des-Landes]. Je ne sais pas si je vais rester encore longtemps. » Elle ne devrait donc plus être là quand l’évacuation de la ZAD devrait intervenir. La Communauté de Communes du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, porteuse d’un projet à ce jour au point mort, confie qu’elle pourrait avoir lieu au printemps prochain lorsque la procédure d’expropriation du terrain sur lequel sont installés les zadistes sera terminée.

*Le prénom a été modifié