Yonne : Maire et agriculteur, il prend un arrêté pro-pesticides pour « remettre les pendules à l'heure »
AGRICULTURE•« Pour prémunir les habitants de toutes nuisances, il (serait) nécessaire de retourner aux usages antérieurs au XVIIIe siècle », écrit l’élu20 Minutes avec agences
«Je veux simplement remettre les pendules à l’heure ». A contre-courant de l’opposition aux produits phytosanitaires, Luc Jacquet, maire d’une petite commune de l'Yonne, a pris un arrêté en faveur des pesticides. Il énumère dans ce document les substances plus dangereuses, selon lui, que celles mises en œuvre dans « les pratiques agricoles modernes ».
« J’autorise l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse et naturels sur l’ensemble du territoire communal de Fouronnes » (165 habitants), affirme Luc Jacquet, lui-même agriculteur, dans cet arrêté volontairement provocateur et humoristique.
Il dénonce « la pression » mise sur les agriculteurs
« Avant d’appliquer toute nouvelle réglementation pénalisant exclusivement l’agriculture », la mairie devrait d’abord interdire cigarettes mais aussi « viandes grillées, boissons chaudes et autre malbouffe » ou encore « tous véhicules à moteur », explique-t-il, en faisant référence à des études épidémiologiques.
« Pour prémunir les habitants de toutes nuisances, il (serait) nécessaire de retourner aux usages antérieurs au XVIIIe siècle », peut-on encore lire dans cet arrêté.
Luc Jacquet assure « chercher à diminuer l’usage » des pesticides dans son métier de cultivateur mais estime qu’il n’y a parfois « pas le choix » et dénonce « la pression » mise aujourd’hui sur les agriculteurs.
« Je vais contre la loi »
Les pesticides de synthèse ne sont « pas plus dangereux que les pesticides biologiques », a-t-il ajouté, estimant que leur interdiction obligerait la France à importer des marchandises produites ailleurs de façon moins vertueuse.
En « autorisant tout le monde » à utiliser des pesticides, « je vais contre la loi », reconnaît l’élu. Il s’attend à ce que cet arrêté, pris le 23 septembre et repéré initialement par le magazine Le Point, soit annulé par la préfecture.
En octobre 2017, le tribunal administratif de Dijon avait annulé, à l’inverse, un arrêté du maire de Saint-Julien-du-Sault, une autre commune de l’Yonne, l’un des premiers à interdire l’usage des produits phytosanitaires à moins de 50 mètres des habitations.