Pays-de-la-Loire : Lassés de « rester à quai », ils manifestent pour l’accessibilité des transports
HANDICAP•Une centaine de personnes ont manifesté, ce mardi matin à Nantes, à l'appel de l'APF France handicapJulie Urbach
L'essentiel
- Une manifestation s’est tenue ce mardi matin en marge des rencontres nationales du transport public.
- Les personnes en situation de handicap dénoncent « l’inaccessibilité » du réseau de transport régional (cars mais aussi TER) Aléop.
Ils se sont mobilisés des quatre coins de la région des Pays-de-la-Loire. Mais la majorité d’entre eux n’a pas pu prendre le car pour rejoindre Nantes. Toute la matinée de mardi, devant le parc des expos de la Beaujoire, une centaine de manifestants, dont une grande partie en fauteuil roulant, ont crié leur colère. Derrière le slogan « Aléop, c’est pas pour nous », le but était de dénoncer « l’inaccessibilité » du réseau de transport régional. Un coup de gueule poussé alors que s’ouvraient ce matin à Nantes les rencontres nationales du transport public.
« En Loire-Atlantique, seules trois lignes d’autocar (Nantes-Treillières, Nantes-Saint-Philbert-de-Grandlieu, Saint-Brévin-Saint-Nazaire) sont 100 % accessibles, c’est-à-dire que les personnes en situation de handicap peuvent les emprunter quand elles veulent, en toute autonomie, détaille Grégoire Charmois, de l’association APF France Handicap. Pour le reste, c’est très compliqué, voire impossible. Au moins 50 communes de la région ne sont réservées qu’aux valides. »
« Sans cesse s’organiser, parfois pour rien »
Parmi les manifestants, tout le monde a une mésaventure à raconter. « J’ai voulu rendre visite à un ami de Basse-Goulaine, mais à Pirmil, le chauffeur n’a pas su comment déplier la rampe », déplore par exemple Frédéric, 33 ans, qui a finalement dû quitter son fauteuil et s’aider de ses béquilles pour s’installer à bord. « Pour faire Angers-Cholet, c’est possible mais il faut réserver 72h à l’avance, explique cet habitant du Maine-et-Loire. Sauf que parfois, comme les soutes à bagages ont été supprimées dans certains bus, il y a un tas de valises à l’emplacement qui nous est réservé. »
« Il faut sans cesse s’organiser, parfois pour rien, résume de son côté Jean-Paul. Quand le véhicule est bien équipé, ce sont les arrêts qui peuvent poser problème. A savoir aussi qu’il n’y a qu’une seule place à bord des cars pour les personnes en fauteuil roulant : deux handicapés ne peuvent pas voyager ensemble. Et donc on fait quoi ? On reste à quai et il y en a marre. »
Encore « beaucoup de travail à faire », reconnaît la région
« En fait, on est bloqués aux frontières de la métropole, explique Jean-Pierre Chambon, responsable APF France Handicap de Loire-Atlantique. A Nantes, ça avance, on prend le tram sans problème et pour les bus, ça s'améliore d’années en années. Le point noir c’est désormais Proxitan [solution de mobilité réservée aux PMR], qui devient saturé. Heureusement que nous sommes consultés car nous avons toujours des remarques à formuler : pour le nouvel e-busway, nous avons identifié une difficulté qu’il va falloir corriger. Pour la gare de Nantes, il n’y avait qu’un seul ascenseur prévu dans tout le projet ! Nous en avons obtenu un deuxième. »
Concernant les améliorations pour le réseau Aléop, le vice-président de la région en charge des transports Roch Brancour a reconnu qu’il y avait encore « beaucoup de travail à faire ». L’élu a promis qu’un effort sur l’accessibilité des matériels et la formation des chauffeurs sera fait. Au sujet des trains TER, également critiqués par les manifestants, Roch Brancour a indiqué qu’une dizaine de gares avaient déjà été identifiées comme prioritaires. « C’est indispensable car on vit parfois des situations aberrantes dans le train, estime Marc Verove, de l’APF. Pour le trajet Nantes-Oudon par exemple, on peut faire l’aller mais pas le retour car il n’y a rien pour traverser les voies ! »