Après AZF et les attentats de Merah, Toulouse veut son dôme pour simuler les catastrophes
CRISES•A Toulouse, le nouveau Centre de réponse à la catastrophe (CRC) réunit services de secours et de santé dans une structure qui se veut « unique en Europe »Nicolas Stival
L'essentiel
- Le Centre de réponse à la catastrophe (CRC) Toulouse-France formalise la coopération entre services de secours et de santé en situation de crise.
- Le CRC compte sur des fonds européens pour financer un dôme sensoriel, qui permettra de simuler attentats et catastrophes naturelles.
Ses fondateurs le disent « unique en Europe ». Le Centre de réponse à la catastrophe (CRC) Toulouse-France a été officiellement lancé mercredi. Son nom ne laisse pas entrevoir des lendemains qui chantent. Pas plus que le discours du préfet de Haute-Garonne, depuis le CHU Purpan.
« Le CRC s’inscrit dans un contexte global de crises récurrentes, lance Etienne Guyot. Depuis le début du XXIe siècle, elles se succèdent à un rythme sans précédent. » De la catastrophe d’AZF en 2001 aux attaques perpétrées par Mohammed Merah en 2012, Toulouse a payé un très fort tribut.
Déjà des entraînements dans le métro et au Stadium
« Seul, aucun service n’est capable de faire face », observe Sébastien Vergé, directeur du Sdis 31. Le CRC doit permettre de formaliser la collaboration entre pompiers, autorités, forces de l’ordre et services de santé, déjà effective, par la force des choses, sur le terrain. « La préfecture organise au minimum un entraînement par mois, et chaque service en organise aussi de son côté », relève Vincent Bounes, chef du Samu 31.
Pour l’heure, les exercices se font en espace naturel, dans le métro quand il est fermé, au Stadium de Toulouse ou encore dans des salles de spectacle. Mais le CRC caresse un projet : ouvrir un dôme sensoriel, sur un terrain restant à trouver dans la Ville rose. « On espère qu’il sera financé par l’Europe », reprend Vincent Bounes, qui chiffre le projet à « quelques centaines de milliers d’euros », et espère le voir sortir de terre d’ici à deux ans. Avec ce dôme, différents scénarios de crises seraient reproduits en un seul endroit.
« « Quand on est sur une catastrophe, il y a des odeurs de chair, de fumée. Il peut pleuvoir, faire froid. Le dôme permettra de créer un espace dans lequel on peut rentrer des débris ou un bout de bâtiment. On peut y recréer un espace sensoriel maîtrisé. » »
Tous les maillons de la chaîne des secours pourront y huiler leurs automatismes. Mais il s’agira aussi de gérer l’après-crise, comme le stress post-traumatique des victimes, qui pourraient reconstituer ce qu’elles ont vécu, en présence de psychologues.
Le CRC s’intègre dans un réseau de partenaires de dimension mondiale, comme peut l’être la menace décrite par le préfet Etienne Guyot. L’Américain Gregory Ciottone, président de l’Association mondiale de médecine d’urgence et de catastrophe, avait d’ailleurs fait le déplacement depuis Boston pour assister à la naissance du centre français.
« Nos partenaires bostoniens sont les meilleurs, assure Vincent Bounes. Ils sont à l’origine du plus ancien programme mis en place en médecine de catastrophe. » Et ils disposent déjà, eux, d’un immense centre d’entraînement…