MECHE REBELLELe coiffeur Thierry Gras recycle les cheveux en boudins antipollution

Var : Le coiffeur Thierry Gras recycle les cheveux en boudins antipollution

MECHE REBELLELe coiffeur varois Thierry Gras a créé l’association Les Coiffeurs justes pour recycler les cheveux en boudins qui capte les matières polluantes
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Le coiffeur varois Thierry Gras a fondé l’association les Coiffeurs Justes pour recycler les cheveux en boudins antipollution.
  • Grâce à leurs propriétés les cheveux absorbent les corps gras comme les hydrocarbures ou les huiles solaires.

Une idée loin d’être tirée par les cheveux. Le coiffeur Thierry Gras de Saint Zacharie, dans le Var, a fondé l’association Les Coiffeurs Justes afin de récolter les cheveux, et de les recycler en boudins antipollution. « L’objectif avec cette association est de monter un projet d' économie circulaire en mettant en place des sacs à cheveux qui permettent de récolter cette matière propre et qui ne coûte rien à la production », explique-t-il.

Concrètement, Thierry Gras s’est rapproché des marques de cosmétiques qui fournissent les salons de coiffure. « Comme ça, ils peuvent glisser les sacs à cheveux dans les commandes qu’ils envoient aux coiffeurs. Cela facilite le travail pour les coiffeurs, qui n’ont plus qu’à remplir les sacs », détaille Thierry Gras. Il s’est également rapproché de la Poste et d’autres entreprises de transports afin de réfléchir à une solution pour que les salons de coiffure n’aient pas à payer l’envoi des sacs.

Une technique déjà utilisée lors de catastrophes écologiques

Toujours dans cette démarche d’économie circulaire, des centres de réinsertion sont chargés de confectionner les boudins antipollution. « Nous souhaitons que les cheveux récoltés à Marseille servent à faire des boudins à Marseille, ceux du Var pour des boudins dans le Var et ainsi de suite. La réalisation est très simple, il suffit d’un tube en PVC avec un collant, dans lequel on glisse les cheveux », explique le coiffeur. Il s’est aussi rapproché d’un fabricant de collant qui lui fournira ses produits déclassés.

« Les cheveux sont fournis gratuitement, les centres de réinsertion peuvent ensuite vendre le filtre et faire quelques bénéfices. Nous ne faisons aucun bénéfice avec l’association », prévient Thierry Gras.

Son idée lui est venue naturellement. « A l’école on apprend que quand un cheveu est abîmé, il faut lui appliquer de l’huile qu’il absorbe. Cette technique avait déjà été utilisée lors du naufrage de l’Amoco Cadiz en Bretagne en 1978. Les pêcheurs voulaient contenir la pollution avec des filets de pêches, mais cela ne fonctionnait pas. Ils ont ajouté des cheveux pour absorber les matières grasses. Cela s’est aussi produit lors de l’explosion de la plateforme pétrolière aux USA en 1989 », rappelle le coiffeur.

Déjà 5 tonnes de cheveux stockés

Les cheveux ont toujours été utilisés au cours de l’Histoire pour leurs diverses propriétés hydrophiles, incompressibles, imputrescibles et isolantes. « Les cheveux avaient beaucoup d’utilisations avant 1945. Les nazis se servaient des cheveux dans les camps de concentration pour faire des couvertures, notamment. Après la découverte de ces camps, l’utilisation de cheveux était assimilée aux nazis, donc on a arrêté », explique Thierry Gras. Jusqu’alors les cheveux servaient pour la feutrine de certains chapeaux, ou pour faire des pinceaux de calligraphie au Japon.

Une véritable filière pourrait être mise en place avec ces boudins antipollution puisqu’ils sont utilisables cinq fois avant de pouvoir être recyclés en matière isolante dans des briques, du béton ou du carton. « Un cheveu tient jusqu’à 100 grammes », rappelle Thierry Gras, qui a déjà stocké près de 5 tonnes de cheveux en attendant la création des boudins d’ici trois semaines. Et cette quantité devrait encore augmenter, l’association reçoit près d’une trentaine de demandes d’adhésion chaque semaine.