L'essentiel

  • Le préfet du Rhône Pascal Mailhos s’est rendu mardi à Vénissieux pour faire un premier bilan du dispositif de reconquête républicaine.
  • Cela s’est traduit par l’arrivée de 25 policiers supplémentaires au commissariat situé aux Minguettes.
  • La lutte contre le trafic de stupéfiants et l’économie souterraine fait partie des priorités pour améliorer la sécurité et tranquillité des riverains.

En cette matinée estivale de septembre, il y a foule aux abords du commissariat de Vénissieux. Des policiers sont massés en nombre au bord de la route pour procéder à un contrôle routier. Une opération menée devant la presse, invitée à suivre une visite du préfet du Rhône auprès des troupes de Vénissieux, plus nombreuses depuis le début de l’année.

En janvier, puis en septembre, le commissariat a accueilli 25 fonctionnaires supplémentaires (pour un total de 160 policiers) dans le cadre du dispositif de reconquête républicaine, lancé début 2019 dans la commune et dans le 8e arrondissement de Lyon. Après huit mois, le premier bilan effectué par les autorités semble encourageant.

« L’arrivée des effectifs supplémentaires nous a permis de créer deux groupes sur des missions peu ou mal gérées », indique le commissaire Emmanuel Breton, en poste depuis quinze jours. Un groupe voie publique a ainsi vu le jour, avec comme priorité la lutte contre les trafics de stupéfiants, et une cellule de police administrative chargée de la lutte contre l’économie souterraine a été mise en place.

« Un effort significatif a été fait sur les effectifs pour permettre à la police de travailler en profondeur et dans la durée. Cela a déjà permis d’obtenir des résultats significatifs », ajoute le préfet du Rhône Pascal Mailhos. « Il y a moins de violence, moins de trafic, plus de sécurité et de tranquillité pour les habitants », assure-t-il.

Plus de saisies de drogue

A ses côtés, Vanessa Mazière-Pancrazi acquiesce. Commissaire de Vénissieux jusqu’à sa mutation il y a quinze jours au commissariat lyonnais du 3e/6e, cette dernière a vu les premiers effets du dispositif de reconquête républicaine. « Depuis janvier, nous avons doublé les saisies sur les infractions liées aux trafics de stupéfiants par rapport à 2018 », souligne-t-elle, sans donner davantage de chiffres mais en listant les grosses affaires qui ont marqué ces derniers mois. Parmi elles, 90 kg de résine et d’herbe de cannabis ont été saisis et une vingtaine de personnes interpellées dans le cadre d’un démantèlement. Un trafic de fausse monnaie a été mis au jour et quelques centaines de grammes de cocaïne et d’héroïne ont également été saisies lors d’autres opérations.

L’arrivée de policiers supplémentaires a aussi permis de renforcer la lutte contre les violences intrafamiliales, qui représente 10 à 15 % de l’activité du commissariat. Policiers, psychologue et une assistante sociale de la ville collaborent au quotidien. « La chaîne est complète, de la prise en charge de la victime à la mise hors d’état de nuire du mis en cause en passant par la mise à l’abri et le soutien psychologique à la victime », ajoute le préfet.

« Pas de zone de non-droit »

La commune, qui travaille étroitement avec la police, commence à voir les effets bénéfiques de cette police de sécurité du quotidien. « Il y a de bons résultats. Après, le travail débute et il faut continuer. On voit que quand il y a des effectifs, des moyens, un travail en complémentarité, on reprend nos territoires », estime la maire communiste de Vénissieux Michèle Picard.

Mais tout n’est pas encore rose aux Minguettes. Si la population ne peut que constater sur le terrain une plus grande présence policière et a gagné en tranquillité, sur certains secteurs, après le démantèlement de trafic, elle doit encore subir des phénomènes de violences urbaines. « Quand dans un quartier, il y a beaucoup de police, il y a des effets collatéraux », ajoute Michèle Picard. Des voitures brûlées, du mobilier urbain dégradé, des jets de projectiles. « Nous luttons contre les trafics et l’économie souterraine. Mais il faut aussi gérer la situation derrière. Parvenir à maintenir un équilibre pour ne pas générer de violences urbaines, renchérit la commissaire, confiante. Il n’y a pas et il n’y aura pas de zones de non-droit à Vénissieux ».