Grenelle des violences conjugales : « Des femmes nous appellent au 3919 parce qu’elles ont peur de mourir »
INTERVIEW•Ce mardi s’ouvre le Grenelle des violences conjugales et sa date, le 3 septembre 2019, a été choisie en référence au 3919, le numéro d’appel de la plateforme d’écoute téléphonique pour les femmes victimes de violences conjugalesPropos recueillis par Anissa Boumediene
L'essentiel
- Le gouvernement lance ce mardi le Grenelle des violences conjugales, qui durera jusqu’au 25 novembre.
- Parmi les outils à disposition, le 3919 est le numéro d’appel de la plateforme d’écoute pour les femmes victimes de violences conjugales.
- S’il ne s’agit pas d’un numéro d’urgence, il permet de bénéficier d’une écoute bienveillante et de l’aide, explique Françoise Brié, directrice générale de la (FNSF).
Le 3919. Quatre chiffres à composer pour trouver une oreille bienveillante lorsque l’on est victime de violences conjugales. C’est pour faire connaître davantage cette aide, faire reculer les violences et offrir un meilleur accompagnement aux femmes qui en sont victimes que s’ouvre ce mardi le Grenelle des violences conjugales.
Une date qui ne doit rien au hasard : le 3 septembre 2019, ou 3/9/19, en écho au trop peu connu 3919*, le numéro d’appel de la plateforme d’écoute téléphonique des femmes victimes de violences conjugales. Sa mission : écouter, accompagner et aider, comme l’explique Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF).
La secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, reconnaît que le 3919 est un numéro encore trop peu connu, alors qu’il existe depuis 1992. Comment le rendre plus accessible ?
Beaucoup de femmes qui composent notre numéro nous disent qu’elles savaient qu’il existait un numéro, mais qu’elles ne le connaissaient pas, et qu’elles l’ont trouvé sur Internet. C’est aussi pour cela que nous sommes passés en 2007 d’un numéro à 10 chiffres à ce numéro, le 3919 : pour mettre à disposition des victimes un numéro facilement mémorisable. D’où l’importance des campagnes de communication, en rendant ce numéro visible dans la presse, sur les réseaux sociaux, dans l’espace public, et ainsi faire en sorte qu’il soit connu du plus grand nombre. Petit à petit, le 39 19 commence à marquer les esprits, et de plus en plus de femmes le composent. Le nombre d’appels que nous recevons augmente d’année en année : en moyenne entre 200 et 300 par jour.
Comment fonctionne le 39 19 ? Combien de personnes décrochent le téléphone et quel est leur profil ?
Le fonctionnement de ce numéro est géré par la FNSF et soutenu par le Secrétariat chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes.
Les personnes écoutantes chargées de répondre aux appels sont en général des travailleuses sociales. Elles sont formées à l’écoute des femmes victimes de violences, formées à dispenser les meilleurs conseils, par le biais de formations ponctuelles mais aussi d’une formation continue. L’écoute est un métier : il faut savoir recueillir la parole des victimes. Et il faut également être formé pour connaître les différentes procédures, les réseaux associatifs, pour aider aux mieux les femmes qui nous appellent.
Le 39 19 n’est pas un numéro d’urgence. A quoi sert-il ? Quelle aide peut-il apporter aux femmes victimes de violences conjugales qui le composent ?
Effectivement, en cas de danger immédiat, il faut appeler la police, la gendarmerie ou les pompiers.
L’équipe de professionnelles qui répond aux appels est là pour apporter une écoute bienveillante et permettre à la personne (femmes, victimes, tiers) de parler de sa situation. Certaines femmes subissent la violence de leur conjoint sans avoir conscience d’être victimes de violences conjugales. Sous l'emprise de leur compagnon, elles sont persuadées qu’elles sont responsables de ce qui leur arrive et sont épuisées par ce quotidien de violence et de peur.
Certaines appellent parce qu’elles ont peur de mourir, parce qu’elles ont peur que leur conjoint ne s’en prenne aux enfants. D’autres nous appellent parce qu’elles ne savent pas quels sont leurs droits, ni comment quitter leur conjoint violent, et se demandent où loger si elles partent de chez elles avec leurs enfants. Nous sommes là pour les écouter, les rassurer et les aider. En fonction de leurs demandes et de leurs besoins, nous les orientons vers les associations et structures de notre réseau, qui sont en mesure de les accompagner porter plainte, de leur fournir un hébergement, ou une aide juridique pour entamer des démarches judiciaires.