Qui sont les mamies accros au bronzage sur les plages de Marseille ?
BRONZAGE•Le bronzage est l’une des activités préférée des Français, et surtout des Marseillais, l’été. Mais d’un besoin naturel, l’exposition au soleil peut virer à l’addictionAdrien Max
L'essentiel
- Beaucoup de Marseillais occupent leur été à prendre le soleil à la plage.
- Certains s’exposent de manière raisonnée, mais d’autres ont une consommation excessive de soleil, ce qui peut relever de l’addiction.
- « 20 Minutes » est allé à la rencontre de Germaine et ses « copines » qui viennent tous les jours à la plage entretenir leur bronzage caramel.
Germaine est connue « comme le loup blanc » à la plage du Bain des Dames. Cette petite plage située dans le 8e arrondissement de Marseille attire essentiellement des locaux. Et surtout les Marseillais adeptes du bronzage. « Je viens tous les jours, les matins et je repars un peu avant midi. J’adore la mer le matin, je me baigne et je nage. Il y a moins de monde », explique Germaine,
Elle vient aussi pour entretenir son bronzage, plus que pour le parfaire. Il est déjà parfait. « Le soleil ça conserve et ça donne des vitamines, regardez j’ai 83 ans et je nage très bien. Et puis, à mon âge c’est aussi pour être un peu plus belle », plaisante Germaine. Celle qui arbore des lunettes de protection contre ultras violets ne louperait pour rien au monde un matin au soleil, avant de rentrer faire le ménage et de préparer à manger.
L’homme « vit à l’énergie solaire »
Annie, une autre habitante du quartier, vient profiter du soleil, été comme hiver. « J’ai des tranches horaires pour l’hiver, de 11h30 à 16 heures, avec le pique-nique, l’été c’est de 8 heures à 11 heures, confie cette amoureuse de la plage de 67 ans. Je me recharge, j’ai un sentiment de plénitude. Et c’est un plaisir gratuit en plus. » A ses côtés Dany, sait, elle, exactement quand elle a assez pris le soleil : « Dès que j’ai un frisson, ça veut dire que j’ai été suffisamment au soleil. C’est quand même plus beau d’avoir la peau bronzée, on aime avoir bonne mine et ça nous évite de mettre une tonne de fond de teint. »
Prendre le soleil, un « besoin naturel » comme l’explique Patrick Moureaux, dermatologue et auteur de plusieurs ouvrages sur le soleil, comme L’étonnant pouvoir du soleil, aux éditions du Palio, et Le soleil dans la peau chez Gallimard. « L’homo sapiens est né sous le soleil de l’Afrique, il a besoin de la chaleur. La température de neutralité se situe autour de 25, 26 °C. L’exposition au soleil est un besoin physiologique, comme manger ou boire. Il ne faut pas oublier que l’on carbure à l’énergie solaire », rappelle le spécialiste.
« On consomme le soleil comme une marchandise »
Mais la nature de l’homo sapiens, « qui veut toujours plus, et tout, tout de suite », peut lui « faire perdre le contact naturel avec le soleil. « Aujourd’hui, certaines agences de voyages vous garantissent même un certain ensoleillement. On consomme le soleil comme une marchandise », prévient Patrick Moureaux. Ce dont se défendent les copines, Annie et Dany. Selon elles, les vraies accros au soleil arrivent en début d’après-midi. « Il faut qu’on attende le changement de saisons pour les revoir, en plaisantent-elles. Elles, elles s’en fichent du reste, elles ne viennent que pour la bronzette. »
De l’autre côté de la plage, Simone, 70 ans, bat tout le monde niveau bronzage. Il n’est pas encore midi quand cette Russe pose ses affaires contre l’un des cabanons. La tête est pour l’instant à l’ombre, mais elle connaît par le cœur le chemin du soleil et son corps entier sera bientôt balayé par les rayons jusqu’aux alentours de 16 heures. « Je viens pour le calme, me déconnecter, mais surtout pour bronzer. Je suis accro au bronzage mais quand les gens me demandent pourquoi j’aime autant me faire bronzer, je ne sais pas trop quoi répondre », admet-elle.
Preuve de son addiction : Simone va jusqu’à organiser sa journée en fonction de son besoin de bronzer. Quant aux risques encourus par une trop longue exposition au soleil ? « Je ne crois pas à cette propagande. En France, vous exagérez de tout. »
La tanorexie, l’addiction au soleil
Alors Simone, Dany et les autres ne seraient-elles pas de tanorexiques ? « On parle de tanorexie à partir du moment où la personne rentre dans une spirale consumériste et que cette consommation de soleil va métamorphoser la vie quotidienne », détaille Patrick Moureaux. « On peut expliquer cette habitude par notre société anxiogène et addictogène, ajoute l’expert. Laquelle trouve des antidotes dans la chimie, avec les drogues, mais aussi dans des comportements excessifs, tels que l’excès de sport ou de travail, ou l’abus de soleil. »
Mamies marseillaises, c’est à vous de juger votre degré d’addiction sachant que cette dernière touche d’avantage les femmes que les hommes. Et que, comme toutes les bonnes choses, le soleil aussi est à consommer avec modération.