Chute mortelle d'un échafaudage à Paris: Les accidents du travail dans le BTP sont-ils fréquents?
SECURITE•Un ouvrier est mort et trois autres ont été blessés mardi 30 juillet dans la chute d’une passerelle sur un chantier de la capitaleH.S.
L'essentiel
- En 2017, près de 86.000 accidents du travail ont été enregistrés dans le seul secteur du bâtiment et des travaux publics.
- La même année, 120 personnes sont mortes suite à un accident de travail dans le même secteur.
- Pour y remédier, l’inspection du travail devrait renforcer les contrôles, notamment concernant les risques de chute de hauteur.
Mardi 30 juillet, un ouvrier est mort après avoir été entraîné, avec trois de ses collègues, dans une chute de plus de 20 mètres sur un échafaudage parisien. Une enquête a été ouverte dans la foulée, afin de déterminer les causes de ce drame.
Souvent relégués à la rubrique « faits divers », ces accidents du travail dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) sont-ils fréquents ? Pourquoi des ouvriers meurent-ils chaque année dans l’exercice de leurs fonctions et quelles mesures existent pour y remédier ? 20 Minutes fait le point.
Combien d’accidents de ce type ont lieu en France ?
Le 27 novembre dernier, l'Assurance maladie a publié ses statistiques relatives aux accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP). Pour 2017, l’organisme a constaté une baisse de plus de 3 % de la fréquence des accidents du travail dans le secteur du BTP. Au total, plus de 86.000 incidents ont été relevés cette année-là, soit 56,8 accidents pour 1.000 salariés. En revanche, le nombre de décès a connu une légère hausse par rapport à l’année précédente. En 2017, 120 personnes sont mortes suite à un accident de travail sur un chantier, contre 112 en 2016 et 130 en 2015.
Les chutes de hauteur, comme l’illustre le drame de ce mardi à Paris, sont l’une des principales causes de décès. Contacté par 20 Minutes, le ministère du Travail détaille : « En 2017, 350 accidents étaient dus à des chutes de hauteur et 51 d’entre eux ont été mortels. En 2016, 216 accidents de ce type se sont déroulés, dont 41 mortels ».
Ce secteur est-il le plus exposé ?
Qu’il s’agisse d’accidents liés au déplacement de charges lourdes, des chutes de hauteur ou de manipulation d’outils à main, le BTP est l’un des secteurs les plus touchés avec les transports routiers (121 décès en 2017, contre 127 en 2016 et 134 en 2015) ou l’intérim (80 décès en 2017, 74 en 2016 et 62 en 2015). Le travail dissimulé, les carences en formation auprès d’ouvriers peu qualifiés ou le recours à des travailleurs détachés peuvent en partie expliquer ces chiffres. « Bien souvent, les préconisations ou obligations de sécurité ne sont pas respectées sur les chantiers. Cela va de la stabilité de l’échafaudage à l’absence de garde-corps ou de harnais pour les ouvriers qui opèrent en hauteur », précise le ministère du Travail.
Interrogé en avril par 20 Minutes, Hervé Belmont, directeur de l’unité départementale de la Direccte (Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) du Var, ajoutait : « Les mesures de sécurité ont un coût, de temps et d’argent. Il y a une sorte d’ubérisation du BTP avec une course au moins-disant, au moins cher. Alors que la sécurité à un prix qui n’a pas de prix ».
Comment y remédier ?
Fin 2018, une vaste campagne de sensibilisation aux risques d’accidents a été réalisée auprès de différentes branches : la fonction publique territoriale, l’agriculture et le BTP. En parallèle, un site dédié aux chutes de hauteur a été lancé en partenariat avec l’Assurance maladie et plusieurs organisations professionnelles du secteur.
Plus récemment, en avril dernier, le ministère du Travail a annoncé un renforcement des interventions menées par l’inspection du travail. En 2019, 300.000 contrôles devraient avoir lieu, dont la moitié se concentrera sur une série de thématiques. La fraude au détachement, le travail illégal, l’égalité entre les femmes et les hommes, la sécurité et la santé seront cette année considérées comme « priorités nationales » en la matière.
En tout, 40.000 interventions se concentreront sur les risques de chute de hauteur, contre 26.709 interventions l’année précédente. « Si des risques graves sont relevés sur un chantier, l’inspection a la possibilité d’interrompre momentanément ou de suspendre le chantier », précise la rue de Grenelle. Et elle applique ce droit : en 2018, 5.752 décisions d’arrêt d’activité ou de chantier ont été prononcées.