Marseille: Après l’effondrement de deux immeubles, l’état des balcons inquiète
BALCONS•Après l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne fin 2018, ce sont désormais les balcons qui inquiètent à MarseilleAdrien Max
L'essentiel
- L’état de délabrement de certains balcons à Marseille inquiète.
- Le ministère du logement a commandé un rapport en ce sens, des conclusions devraient être rendues à la rentrée.
- Patrick Verbauwen, président du syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône milite pour la création d’un « contrôle technique » des immeubles.
A Marseille, les balcons sont au drame de la rue d’Aubagne, ce que sont les répliques à un tremblement de terre. En pleine marche d’hommage aux huit personnes mortes tragiquement dans l' effondrement de deux immeubles de la rue d’Aubagne, un balcon s’était effondré au passage du cortège, blessant trois personnes. Depuis, la problématique du logement ne s’est pas dissipée, des évacuations ont encore eu lieu mardi et une toiture s’est effondrée la semaine dernière. Elle revêt désormais un autre visage, celui des balcons.
Yamina Mahyoub, une habitante d’un quartier du 14e arrondissement, dans les quartiers Nord de Marseille, a alerté le bailleur social Habitat Marseille sur cette problématique. « Nous avons recensé des fissures dans 32 logements d’un immeuble de 17 étages. La plupart concernent les balcons, même si tous ne sont pas impactés », décrit celle qui est devenue présidente de l’association de défense des locataires.
Un rapport rendu au ministre
Une réunion avec le bailleur a été organisée en préfecture et des tests ont été réalisés. « On nous a renvoyé une petite feuille avec comme conclusion que rien n’était grave. Mais nous voulons voir toute l’étude dans son ensemble », réclame Yamina Mahyoub, loin d’être rassurée.
A la vue de l’état de certains balcons, avec de la ferraille rouillée apparente, des blocs de bétons qui s’effritent, voire des pierres qui chutent carrément, difficile de ne pas être inquiet. Le centre-ville de Marseille n’est pas épargné.
Face à cette situation, qui n’est pas spécifique à Marseille, le ministère du logement a commandé un rapport à Agence Qualité Construction (AQC). Il a été rendu début juillet, mais selon nos informations, il ne sera étudié qu’au cours de l’été pour des conclusions à la rentrée.
Contrôle technique
« On constate effectivement que des balcons foutent le camp », avance Patrick Verbauwen, président du syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône. Il milite pour la création d’un « contrôle technique », à l’image de ceux obligatoires pour les voitures. « Il faut que l’immeuble dans son ensemble soit vérifié périodiquement, et pas seulement les balcons, plaide-t-il. Pas par n’importe qui, mais par des architectes qui peuvent détecter les événements qui se sont déroulés sur la construction. »
Il regrette que la problématique plus générale de l’état du bâti en France ne soit abordée que par « petit bout », en l’occurrence par les balcons. Et prévient : « Cela fait déjà longtemps que les architectes sont tenus à l’écart des constructions une fois le permis délivré. On se rend compte de problèmes sur des immeubles du 19e siècle, ou des années 50,60, 70. Mais on reproduit les mêmes mécanismes et nous rencontrerons les mêmes problèmes demain sur les immeubles construits aujourd’hui. »