MARSEILLE EN QUESTIONSPourquoi la nuit marseillaise est-elle si pauvre?

Marseille pour les nuls (6/10): Pourquoi la nuit marseillaise est-elle si pauvre?

MARSEILLE EN QUESTIONSLoin d’être au niveau de certaines autres villes françaises pour le monde de la nuit, Marseille rattrape son retard malgré des difficultés
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • La rédaction marseillaise de 20 Minutes répond, en ce début d’été 2019, aux grandes questions que les touristes se posent en arrivant à Marseille.
  • Longtemps à la bourre en termes d’offre de soirée pour les plus noctambules, Marseille est en train de rattraper ce retard.
  • Mais l’offre se concentre sur le créneau de l’apéro, 19h-2h, quand celle des couche-tard minuit-6h peine à se développer.

Ils cherchent l’ombre et la « Bonne Mère », s’entassent par centaines dans le petit train sur le Vieux-Port et se posent des dizaines de questions. Chaque année, sept millions de touristes visitent Marseille, selon un comptage, optimiste, de la mairie. Tout au long de cet été 2019, la rédaction marseillaise leur simplifie la vie, en répondant à quelques interrogations, majeures ou anecdotiques. Ce vendredi, on se demande pourquoi la nuit marseillaise ne brille pas plus autant.

« Tu verras à Marseille, il n’y a rien pour sortir. » Difficile d’apprendre ce genre de nouvelle lorsqu’on a passé ses deux dernières années d’études à Strasbourg, connue pour ses innombrables soirées. Après trois ans à arpenter et dénicher les soirées marseillaises, la réalité est heureusement un peu moins abrupte. Même si on en vient vite à tourner en rond.

Un week-end passé aux Nuits Sonores à Lyon, où le « off » du festival permet de découvrir pas mal de lieux nocturnes de la ville, on prend tout de suite conscience du retard pris par Marseille. Même s’il est quelque peu en train de se combler. « Quand je suis arrivé à Marseille il y a 14 ans, il n’y avait presque rien. Quelques personnes essayaient de faire bouger les choses mais ce n’était pas facile à suivre, ni à mettre en œuvre par manque de lieux », se remémore le DJ Anticlimax, qui joue aujourd’hui dans plusieurs lieux de la ville.

Une offre très segmentée

Aujourd’hui, l’offre nocturne a évolué, et pas mal de lieux ont ouvert depuis le temps. « La proposition est désormais ultra-large, mais très segmentée, analyse Anticlimax. Ce n’est pas simple de parler à une typologie différente. Tu as des endroits où le verre est à 3 euros, et c’est le maximum pour certains, quand dans d’autres endroits les gens ne viennent pas parce que ce n’est pas assez cher. »

Une offre segmentée, à l’image de la nuit. Un apéro en sortant du travail ? Aucun problème. Par contre difficile de prolonger la fête jusqu’au bout de la nuit. « Marseille n’a rien à envier aux autres villes en termes d’offres pour la tanche horaire de 19h à 2h, avec beaucoup de rooftops, de lieux sympas au bord de la mer. Par contre c’est beaucoup, beaucoup plus difficile pour la tranche minuit-6h. C’est aussi du fait que cette clientèle est parfois plus compliquée à gérer, et consomme moins », avance Clément, du collectif Jardins Suspendus.



« Il y a peu d’offres club, peu de salles de spectacle. Mais beaucoup d’événements éphémères se sont développés dans des lieux extraordinaires. Surtout sur la période estivale, entre mai et septembre », ajoute-t-il.

« Proposer des lieux inédits, ça donne un côté exclusif »

Du coup les soirées dans des lieux éphémères se multiplient, au détriment de lieux de rendez-vous pérennes. C’est sur ce modèle qu’a émergé le Twerkistan, un jeune collectif proposant des soirées hip-hop. « Il n’y avait pas beaucoup d’événements de ce type sur Marseille. Il y a pas mal de concerts, mais très peu de soirées hip-hop sur le format club. Le projet est parti de ce constat-là, et de rencontres », témoigne Wahid, l’un des fondateurs.



Les quelques contacts, notamment avec le festival Marsatac, qu’ils avaient leur ont permis de mettre les pieds à l’étrier. « Ce n’est déjà pas très évident de trouver des lieux qui peuvent nous accueillir. Proposer des lieux inédits aux gens est aussi un avantage, ça donne un côté exclusif. Et ça offre plus de liberté que dans d’autres lieux », liste Wahid.

Fort turnover

Difficile, donc, de rester au courant des soirées proposées, mieux vaut se tenir au courant. « Il y a un gros turnover, les clubs ouvrent pendant deux, trois ans, puis ferment. Le problème c’est que la gestion n’est pas assez carrée, les maigres recettes ne sont pas forcément réinvesties dans le lieu. Je dis souvent que l’énergie nécessaire pour ouvrir un lieu à Marseille te permettrait d’en ouvrir cinq ailleurs », considère un autre acteur de la nuit.

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Seul le Baby et son offre underground, le R2, et ses DJ internationaux ou le Cabaret Aléatoire, et ses petites pépites à découvrir, sont parvenus à s’inscrire dans le temps. « Au Cabaret, ils maîtrisent tout, il n’y a pas d’intermédiaire. Pour le R2, on peut dire ce que l’on veut sur les gens mais avec les artistes qu’ils invitent, ils sont carrés », estime Anticlimax.

Une situation également due au public marseillais, que beaucoup considèrent comme « pas très curieux ». « En général les gens prennent ce qu’on leur propose, il y a une forme de formatage assez prononcée, sans qu’il y ait une volonté de découvrir de nouvelles choses », conclue Anticlimax.