Procès Maurice le coq, «c’est le procès des nuisances sonores»

Procès Maurice le coq: «C’est le procès des nuisances sonores»

JUSTICELe procès du coq Maurice, accusé par un couple de voisins de chanter trop fort, s’est tenu ce jeudi matin à Rochefort (Charente-Maritime), en l’absence des plaignants. Le délibéré sera rendu le 5 septembre
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Un couple de retraités, qui possède une résidence secondaire sur l’île d’Oléron, a porté plainte à cause du chant du coq Maurice.
  • Sa propriétaire, Corinne Fesseau, est une habitante historique de Saint-Pierre d’Oléron.
  • Un comité de soutien s’était déplacé devant le tribunal de Rochefort pour la défendre.

Il faudra donc attendre le 5 septembre pour savoir si le coq Maurice pourra continuer de chanter sur l’île d’Oléron. L’audience concernant le chant de ce coq, qui perturbe un couple de voisins à Saint-Pierre d’Oléron, s'est bien tenue ce jeudi matin au tribunal de Rochefort (Charente-Maritime), et le jugement a été mis en délibéré.

Des soutiens au coq Maurice sont venus de toute la Charente-Maritime pour assister au procès.
Des soutiens au coq Maurice sont venus de toute la Charente-Maritime pour assister au procès. - M.Bosredon/20Minutes

La propriétaire du coq, Corinne Fesseau, une habitante historique de Saint-Pierre, a été accueillie par quelques soutiens, venus de toute la Charente-Maritime. Certains avaient même amené coq et poules pour prendre sa défense, et celle de la ruralité d'une manière générale. « La campagne vit, fait du bruit, le coq aussi » pouvait-on notamment lire sur une pancarte.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Le coq à trois mètres de la chambre des retraités

Les plaignants, un couple de retraités, ne se sont pas présentés à l’audience. « Ils ne souhaitent pas ajouter au battage médiatique », a expliqué leur avocat Vincent Huberdeau. Ce procès a en effet connu un emballement médiatique, jusqu' à l’étranger. Ce jeudi, une vingtaine de médias avait fait le déplacement pour le couvrir.

« Mes clients sont des gens tranquilles et modestes, perturbés par le chant de ce coq à 5h du matin, a plaidé Vincent Huberdeau. Les faits sont simples, voire banals. Ce sont des retraités, qui habitent dans le Limousin, et qui allaient sur l’île d’Oléron tous les étés. En 2003, ils ont décidé d’y faire construire une maison, dans un lotissement, qu’ils ont commencé à habiter en 2004 comme résidence secondaire. Ils y ont toujours connu la paix, jusqu’en 2017, année où leurs voisins, les époux Fesseau, ont installé un coq dans leur poulailler. A trois mètres de la fenêtre de leur chambre. »

L'avocat du couple de plaignants, Vincent Huberdeau, à la sortie de l'audience.
L'avocat du couple de plaignants, Vincent Huberdeau, à la sortie de l'audience. - M.Bosredon/20Minutes

« On n’est pas un sous-citoyen parce qu’on n’est pas natif de l’île d’Oléron »

L’avocat assure que ses clients sont « réveillés tous les matins par le chant du coq ». Pour lui, ce procès, « ce n’est pas le procès de citadins bobos contre des ruraux, comme on a voulu le faire croire, mais c’est le procès des nuisances sonores ». Il assure par ailleurs que ses clients ont tenté la conciliation, en écrivant une lettre à leurs voisins, puis au maire de Saint-Pierre. « Il n’y répondra pas. On comprend pourquoi aujourd’hui quand on voit son parti pris. Les élus locaux, dans ce type d’affaires, prennent fait et cause pour leurs électeurs. Mais on n’est pas un sous-citoyen parce qu’on a une résidence secondaire, et que l’on n’est pas natif de l’île d’Oléron. Les époux Biron, ils ont les mêmes droits, et ils ont le droit d’être tranquilles. »

Il s’est également penché sur la situation de Saint-Pierre d’Oléron : zone urbaine ou zone rurale ? « Les époux Fesseau disent que l’on est dans une zone rurale. Mais mes clients habitent dans un lotissement. Si cela, c’est une zone rurale, alors tout est une zone rurale. On est à Saint-Pierre d’Oléron, 7.000 habitants, 35.000 habitants l’été. On est bien dans une zone urbaine où les activités agricoles sont interdites. »

« Ils ne se sont pas dit qu’ils allaient acheter en ville »

Pour l’avocat de Corinne Fesseau, Julien Papineau, on est au contraire en zone rurale. « Les époux Biron, quand ils choisissent d’acheter une maison, ils ne se sont pas dit qu’ils allaient acheter en ville. Il y a un caractère typique et rural sur l’île. On est à la campagne, il n’y a pas de débat. »

Corinne Fesseau au tribunal de Rochefort.
Corinne Fesseau au tribunal de Rochefort. - M.Bosredon/20Minutes

Si Julien Papineau reconnaît « une gêne », il demande « que l’on regarde le droit ». « Il faut des preuves, et là je n’en ai pas, hormis un rapport d’huissier qui est venu trois jours en 2018, et qui a entendu le coq chanter deux fois à 6h41, bruit qui a continué par intermittence jusqu’à 7h. Et après, plus rien. Et encore, il nous parle d’un bruit perceptible. Perceptible, ce n’est pas assourdissant. Alors, est-ce qu’il y a un trouble ? Oui. Est-il anormal ? Non. D’autant que ma cliente a fait le tour du voisinage et elle a pu constater que ce n’était pas insupportable. »

Une demande de dommages et intérêts de 1.000 euros

Julien Papineau a souligné par ailleurs que Corinne Fesseau « a pris en compte les remarques de ses voisins, puisqu’elle a opacifié le cabanon du coq, ce qui a calmé le bruit. Cela a baissé le niveau de perception. »

Il a demandé au tribunal que la requête des plaignants soit rejetée, ainsi que des dommages et intérêts à hauteur de 1.000 euros, qui seront reversés à la caisse des péris en mer du port de la Cotinière. Vincent Huberdeau a demandé pour sa part que les époux Fesseau soient condamnés « à faire cesser le trouble » avec une astreinte si des mesures ne sont pas prises.

Corinne Fesseau a annoncé de son côté qu’elle venait de créer une association pour la défense des coqs de l’île d’Oléron. « Et plus largement, pour la défense de tout ce qui fait la typicité de cet endroit. » L’Oléronaise estime en effet « se battre pour une cause. » « Si on ne s’adapte pas, il ne faut pas venir à la campagne. Moi, si je vais en ville, j’accepte les bruits sinon je m’en vais. Je protège Maurice, la cause agricole, et les bruits de la campagne. »