SYMBOLEEn Bretagne, Gourin «l’américaine» veut sa nouvelle statue de la Liberté

Bretagne: Gourin «l’américaine» veut sa nouvelle statue de la Liberté

SYMBOLELe monument rend hommage aux milliers d’habitants du centre-Bretagne ayant émigré aux États-Unis de la fin du XIXe siècle aux années 1970
Manuel Pavard

Manuel Pavard

L'essentiel

  • La commune bretonne de Gourin a lancé une campagne de crowdfunding pour installer une nouvelle statue de la Liberté.
  • La ville possédait déjà une réplique du monument, érigée en 1986 en hommage aux milliers d’habitants de Gourin et du centre-Bretagne ayant émigré aux Etats-Unis entre 1880 et 1970.
  • La statue actuelle en composite, trop fragile, sera remplacée par une statue en bronze réalisée sur le modèle de celle présente au jardin du Luxembourg.

Dans quelques mois, elle trônera fièrement sur la place principale de la commune. Vendredi dernier, la mairie de Gourin (Morbihan) a lancé, en partenariat avec l’association Bretagne TransAmerica, une campagne de financement participatif pour ériger une nouvelle statue de la Liberté. Nouvelle car la petite ville bretonne possède déjà depuis 1986 sa propre réplique du célèbre édifice new-yorkais, qu’elle entend remplacer prochainement.

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Mais comment expliquer la présence d’une mini-statue de la Liberté dans cette bourgade d’environ 4.000 âmes du centre-Bretagne, nichée aux confins du Morbihan, du Finistère et des Côtes-d’Armor ?

Plus de 5000 descendants de Gourinois à New York

« Dans les années 1980, on a reçu en cadeau d’Air France une réplique de la statue en composite, toute blanche, pour remercier les Gourinois d’avoir rempli tous les mois, pendant des années, des avions pour New York », explique le maire David Le Solliec, rappelant qu'il y avait même « une agence Air France à Roudouallec, 700 habitants, jusqu'en 1985 ».

Sur les 4.100 habitants de Gourin, presque tous ont en effet au moins un « oncle d’Amérique ». « Plus de 5000 descendants de Gourinois vivent aujourd’hui à New York », précise ainsi l’édile.



Explications : parmi les quelque 100.000 Bretons ayant émigré aux États-Unis entre 1880 et 1970, une bonne partie venait du centre-Bretagne. Et Gourin était l’épicentre de cette vague de départs massive vers le Nouveau Monde. Les Gourinois fuyaient la pauvreté, attirés par les promesses d’un avenir meilleur et « une parité franc dollar phénoménale, de l’ordre d’un pour dix », souligne David Le Solliec.

« Ils sont revenus riches »

« Près de 80 % de la population de la commune a émigré aux États-Unis à cette époque, faisant la richesse de tout le centre-Bretagne à leur retour », raconte le maire, citant en exemple sa propre histoire familiale : « Mon grand-père est parti faire la plonge dans un restaurant et ma grand-mère gardait les enfants d’une riche famille new-yorkaise. Ils sont revenus riches et ont acheté trois fermes à leur retour. »

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Si la plupart de ces émigrants ont traversé l'Atlantique avec un contrat muni d’une date de retour, « d’autres sont restés aux États-Unis, devenant notamment directeurs d’hôtels ou de restaurants », indique-t-il.

Symbole de ces liens très forts, l’actuelle réplique de la statue de la Liberté a malheureusement quelques défauts. « C’est une statue en composite avec un socle en bois, donc légère et creuse, qui souffre du vent, explique David Le Solliec. On est obligé de la rentrer au service technique cinq mois de l’année. »

60.000 euros pour réaliser la nouvelle statue

Dans le cadre du projet de rénovation du centre-ville, la municipalité souhaite donc acquérir « une statue à demeure, aux traits de la vraie statue de la Liberté ». « On veut la Bartholdi [du nom du sculpteur du monument new-yorkais] », lance le maire.

La nouvelle statue en bronze ciselé et patiné, d’une hauteur d’environ 3 mètres, sera conçue sur le modèle de celle présente dans le jardin du Luxembourg, avec un moule réalisé par les Musées nationaux. En additionnant le prix du moule, la confection et la fonderie, on approche les 60.000 euros. Une somme que la ville de Gourin et Breizh TransAmerica espèrent réunir avec leur campagne de financement participatif sur la plateforme Kengo.bzh.

Les dons - défiscalisés pour les particuliers comme pour les entreprises - seront possibles durant trois mois. Condition sine qua non pour financer le projet, la collecte devra atteindre au moins 70 % du montant requis. Ensuite, il faudra encore trois mois pour fabriquer la statue, qui pourrait donc être livrée à la fin 2019 ou au début 2020.