Marseille: Les hôpitaux excédentaires pour la première fois depuis 10 ans, mais toujours champions de France de l’absentéisme
SANTE•Les comptes de l’AP-HM sont pour la première fois excédentaires depuis 10 ans, mais il manque encore 50 millions d’euros pour le plan de modernisationAdrien Max
L'essentiel
- Pour la première fois depuis 10 ans, les comptes de l’Assistance publique des Hôpitaux de Marseille sont excédentaires de 7.7 millions d’euros.
- Il manque néanmoins 50 millions d’euros pour financer le COPERMO, un plan de rénovation de 300 millions d’euros.
- Si l’AP-HM ne rencontre pas de difficultés pour recruter, il présente le plus fort taux d’absentéisme de France avec 10 % contre une moyenne nationale à 8 %.
Le mur pourrait être escaladé. Alors que le professeur Dominique Rossi, à la tête de la commission médicale d’établissement confessait être « au pied du mur » au début de l’année, la clôture des comptes de l’Assistance publique des Hopitaux de Marseille (AP-HM) de 2018 est excédentaire. « Après une série de dix années déficitaire, cela nous donne de l’optimisme », concède Jean-Olivier Arnaud, directeur général de l’AP-HM.
En 2018, le compte de résultat de l’AP-HM s’élève à 7.7 millions d’euros, alors qu’il était déficitaire de 12.9 millions d’euros l’année précédente. « Cela traduit une volonté de redressement partagée par toutes les parties prenantes », se félicite Jean-Olivier Arnaud.
Un plan d’investissement à 300 millions d’euros
Un résultat à nuancer puisque, pour arriver à cette situation excédentaire, l’AP-HM a bénéficié de sérieuses aides de l’Etat dans le but d’améliorer le délai de paiement des fournisseurs et de soutenir la trésorerie. La capacité d’autofinancement s’améliore de 10 millions d’euros, même si la dette de l’AP-HM atteint près d’un milliard d’euros. En cause, « de nombreux investissements dans des bâtiments neufs ».
Cette amélioration des finances laisse entrevoir l’avenir d’un meilleur œil pour l’AP-HM. Un avenir qui doit passer par le COPERMO, un plan de rénovation de 300 millions d’euros qui prévoit la rénovation des unités d’hospitalisation, la création d’unité de chirurgie ambulatoire avec des circuits courts, la construction d’une nouvelle maternité, la création de plateaux de consultations et d’hospitalisations de jour dédiés et la mise en sécurité de bâtiments. 50 millions d’euros restent à trouver malgré l’aide de l’Etat et des collectivités territoriales, selon Jean-Olivier Arnaud.
« Le dossier est finalisé, il sera déposé dans les prochains jours. Aucune restructuration n’est possible sans des locaux conformes, et conformes à l’accueil des patients et aux attentes du personnel pour travailler dans de bonnes conditions. Nous cassons enfin cette vision de l’AP-HM incapable de se restructurer », se réjouit Dominique Rossi.
Des meilleurs recrutements, mais toujours beaucoup d’absentéisme
Autre bonne nouvelle, l’AP-HM a remporté un troisième appel à projet Recherche Hospitalo-Universitaire en santé (RHU) pour le développement de traitement de crises cardiaques chez les patients souffrant d’atteinte rénale chronique.
Autant de nouveautés qui permettent à l’AP-HM, actuellement en recherche de 200 personnels supplémentaires, d’embaucher de nouvelles personnes plus facilement. « Nous arrivons à recruter dans les métiers en tension. Avant, le personnel médical venait pour la qualité de vie et les formations. Ça a beaucoup changé grâce à notre accompagnement managérial », explique Karen Inthavong, coordonnateur général.
Ce qui n’empêche pas l’AP-HM d’être en tête du taux d’absentéisme de tous les hôpitaux français, avec plus de 10 % d’absentéisme quand la moyenne nationale se situe légèrement au-dessus de 8 %. « Nous avons l’objectif de revenir à la moyenne nationale, ce qui correspondrait à près de 250 personnes en plus présentes chaque jour », a détaillé le directeur général. Pour cela un plan en cinq points, dont le repositionnement de l’encadrement, la prise en considération des besoins des services ou l’équité des chances, sera testé sous peu. Quelques marches restent donc encore gravir avant de pouvoir enfin sortir la tête de l’eau.