Après le suicide d'un enseignant, sa famille saisit la justice
FAITS DIVERS•Il avait été suspendu à titre conservatoire par l'Inspection académique deux jours plus tôt20 Minutes avec AFP
Ses proches veulent obtenir des réponses. La famille d’un instituteur qui s’est suicidé à son domicile de Barrême, (Alpes-de-Haute-Provence), après avoir été suspendu à titre conservatoire par l’Inspection académique, a porté plainte contre X a appris l’AFP de sources concordantes, confirmant une information de La Provence.
La plainte a été déposée contre X pour dénonciation calomnieuse, harcèlement moral, homicide involontaire et non-assistance à personne danger.
Il n’a pas supporté d’être mis en cause
Le 2 mai l’instituteur de 32 ans, qui était en charge de la section maternelle à l’école de Barrême, a mis fin à ses jours, deux jours après avoir été suspendu à titre conservatoire par l’Inspection académique des Alpes-de-Haute-Provence en raison d’une « situation problématique ».
Cette suspension, qui n’est pas une sanction disciplinaire, est une décision administrative prise « dans la précipitation » pour ses proches comme pour le syndicat Force Ouvrière qui a assisté l’instituteur lors d’un entretien à l’Académie, le 30 avril. Un document interne de l’Académie, en date du 29 avril, veille de sa convocation, mentionne « une attitude inadaptée » de l’instituteur à l’encontre d’une élève de l’école, mais pas de sa classe. L’arrêté de l’inspection académique faisait état par ailleurs d’une « mise en examen – en date du 17 avril 2018 – et placement sous contrôle judiciaire ». Or, l’instituteur n’a jamais été mis en examen. « Il ne faisait l’objet d’aucune enquête », confirme une source judiciaire.
Une erreur administrative
L’Inspection académique a reconnu une erreur de « copié-collé », la date du 17 avril 2018 étant celle de la mise en examen d’un autre professeur des Alpes-de-Haute-Provence pour des faits présumés de corruption de mineur de moins de 15 ans. Ce dernier a été suspendu de ses fonctions. Le 2 mai, l’Académie a envoyé à l’instituteur de Barrême un nouvel arrêté soulignant « une erreur matérielle ». La mise en examen erronée n’est plus mentionnée mais la mesure de suspension à titre conservatoire est maintenue, « vu le rapport du 29 avril ». Ce nouvel arrêté est arrivé dans la boîte aux lettres après le suicide du jeune instituteur.
« La famille cherche à comprendre ce qui s’est passé (…) dans les éléments en ma possession à ce jour, ne figurent pas les éléments incontestables d’un comportement inadapté, déplacé ou déviant », fait savoir Me André Pélissier, l’avocat de la mère de l’instituteur. « La famille veut des précisions sur la mise en cause initiale qui est en totale contradiction avec le parcours personnel et professionnel de ce professeur des écoles, un homme sensible, préoccupé par le souci de bien faire son travail », ajoute l’avocat pour lequel « l’administration a réagi avec précipitation ».
Selon Hervé Bouquet, secrétaire général des services de l’Education nationale des Alpes-de-Haute-Provence, « il y a eu une erreur de copié-collé » mais, « la correction a été immédiate ». L’instituteur « était au courant qu’on allait faire la correction », a-t-il dit à La Provence.