PLANETEL'usine d'incinération de déchets de Strasbourg repart avec une polémique

Strasbourg: L'usine d'incinération de déchets redémarre sur fond de polémique

PLANETEUn des trois fours a redémarré jeudi à l’usine d’incinération des ordures ménagères de Strasbourg. En plein épisode de pollution
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

Près de trois ans de travaux, 650.000 tonnes de déchets détournés et un coût de presque 200 millions pour l’Eurométropole. L’usine d’incinération des ordures ménagères de Strasbourg a redémarré jeudi. Un four sur les trois a été remis en route. Les deux autres suivront, mi et fin-juillet.

D’ici-là, les températures ne seront peut-être plus aussi importantes, comme l’épisode de pollution de ces derniers jours. Alors la polémique se sera évaporée… Elle a éclaté mercredi. Fabienne Keller en est à l’origine. L’ancienne maire de Strasbourg (2001-2008), désormais eurodéputée, à appeler à reporter le redémarrage.

« Je n’arrêterai pas le processus »

« A l’heure où tout devrait être mis en œuvre pour faire baisser cette pollution et en limiter les effets nocifs sur les habitants, il ne me semble pas raisonnable de relancer une activité qui viendrait sensiblement aggraver cette pollution », a-t-elle écrit dans un communiqué, avant d’interpeller directement Robert Herrmann.

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« Je n’arrêterai pas le processus », lui a répondu dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace le président de l’Eurométropole. Il a mis trois arguments en avant pour justifier sa décision. D’une part, les montants investis pour le désamantiage et la remise en route de cette « unité de valorisation énergétique ». D’autre part, la pollution générée le transport des déchets détournés : « depuis la fermeture, on a fait 40 fois le tour de la terre pour les déposer ailleurs ». Et enfin, deux études, de l’Aspa et Biomonitor.

« Pollution proche de zéro »

Dans cette dernière, on y apprend notamment que « les analyses réalisées sur les lichens avant et après l’arrêt de l’usine ne montrent pas de variations significatives ». Elle ne polluerait donc pas ? « On ne suit que certains polluants et on fait des mesures dans l’environnement, pas à la sortie de la cheminée », précise un responsable d’étude au sein du bureau d’études.

« Des investissements énormes ont été réalisés en termes de protection atmosphérique », réagit Thierry Provendier, le directeur de cette usine Sénerval, la filiale du groupe Séché qui gère le site dans le cadre d’une délégation de service public. « Nous avons des électrofilres et des laveurs de fumée qui nous permettent de garantir un niveau de pollution proche de zéro. » Et de citer le dernier rapport de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), qui n’a « pas inclus l’usine parmi les plus émettrices de composés organiques volatils ».

Fumée blanche

Thierry Provendier le reconnaît néanmoins, la fumée blanche qui s’échappe de la cheminée contient du « dioxyde de carbone, de l’azote, des dioxines et des oxydes d’azote, au milieu de beaucoup d’autres choses dans des proportions insignifiantes et pas dangereuses. » Ce que corrobore un dossier d’avril 2017 de l’Ademe, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

« Les risques sanitaires des populations exposées aux retombées atmosphériques des incinérateurs aujourd’hui en fonctionnement sont faibles », y est-il rapporté. « Il n’y a pas d’argument solide à ce jour permettant de conclure à un risque accru de cancer, quel qu’en soit le type, pour les résidents à proximité d’un incinérateur. » Peu importe la température.