SOCIETEQuand la musique classique adoucit les barrières sociales

Lille: Quand la musique classique adoucit les barrières sociales chez les enfants

SOCIETELe projet Demos a permis pendant trois ans à des enfants défavorisés d’apprendre à jouer un instrument de musique et de faire des concerts dans des salles prestigieuses
François Launay

François Launay

L'essentiel

  • 115 enfants de la métropole lilloise ont pu bénéficier du projet Demos.
  • Lancé en 2017, le dispositif a permis à des enfants défavorisés d’apprendre à jouer un instrument de musique et de jouer dans un orchestre.
  • Vraie réussite sociale, le projet sera reconduit pour trois ans dès la rentrée prochaine

Depuis toute petite, Melissa a toujours rêvé de jouer du violon. Mais la petite fille de 11 ans originaire d’Armentières n’avait pas forcément les moyens financiers de vivre sa passion. Heureusement, en septembre 2016, la chance frappe à la porte de son école. « On nous a donné des papiers pour s’inscrire à un projet musical et se faire prêter un instrument de musique. Et j’ai été prise », se rappelle l’élève de sixième.

Comme elle, ils sont 115 enfants de la métropole lilloise âgés de 7 à 12 ans à avoir pu bénéficier du projet Demos. Ce Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale a été initié en 2010 par la Philharmonie de Paris. Depuis, il a essaimé dans 30 villes françaises. Le but du projet est simple : rendre la culture accessible à tous en permettant pendant trois ans à des enfants défavorisés d’apprendre la musique classique via notamment le prêt gratuit d’un instrument.

Un projet lancé par le directeur musical de l’ONL

A Lille, c’est Alexandre Bloch, directeur musical de l’Orchestre National de Lille (ONL) qui a décidé de lancer ce projet dès son arrivée dans la capitale des Flandres en septembre 2016.

« C’est une satisfaction de voir qu’on peut apporter quelque chose à la société à partir de quelque chose d’assez simple. Ça peut apporter énormément de changements au sein des quartiers pour des enfants qui ont drastiquement changé leur vie pendant trois ans. Ça permet le développement du citoyen », se réjouit le chef d’orchestre de 33 ans.

Quatre heures de cours par semaine

Dans la métropole lilloise, les centres sociaux de neuf communes ont participé à cette première édition de Demos (Armentières, Faches-Thumesnil, Hem, Lille, Mons-en-Barœul, Marcq-en-Barœul, Roubaix, Villeneuve d’Ascq et Wattrelos). A raison de quatre heures de cours par semaine animés par des musiciens, danseurs ou chefs de chœur, les enfants ont appris à jouer d’un instrument de musique mais aussi à lire des partitions. Toutes les six semaines, l’ensemble des groupes se réunissait en orchestre sous la direction d’Alexandre Bloch.

Si une trentaine d’enfants a lâché le projet en cours de route, ils seront 85 ce samedi 29 juin (18h30) sur la scène du Nouveau Siècle pour le concert final de Demos. Parmi eux, près de 60 % ont décidé de poursuivre l’aventure musicale l’an prochain en école de musique. De quoi encourager la MEL, partenaire du projet à hauteur de 70.000 euros par an, à lancer une deuxième édition de Demos dès le mois de septembre avec le soutien du Credit Mutuel, mécène de l’orchestre. Il faut dire que la dimension sociale du projet a dépassé les espérances des élus.

Des parents reconnus comme les autres familles

« Le but n’est pas seulement d’apprendre la musique. C’est aussi un moyen d’accompagner des enfants socialement et géographiquement éloignés à cause de barrières sociales. Pour ces familles, pousser les portes de l’ONL, c’est inimaginable. Mais en les accompagnant, ils ont compris que c’était fait pour eux et que c’était une vraie reconnaissance de se sentir comme les autres familles. C’est là qu’on voit que c’est un projet qui a emmené les enfants mais aussi les familles qui se sont senties pleinement reconnues. Voir leurs enfants dirigés par le chef de l’ONL, c’est très fort pour elles » apprécie Hélène Moeneclaey, vice-présidente de la Métropole européenne de Lille en charge de la culture.

Preuve de l’engouement suscité par le projet, plusieurs parents ont décidé de créer une chorale pour accompagner leurs enfants. Certains se sont même produits l’an passé sur la scène de la Philharmonie de Paris où la plupart n’avaient jamais mis les pieds. La preuve que Demos a réussi son pari de franchir les barrières sociales et culturelles grâce à la musique classique.