JUSTICEPourquoi l'UFC a lancé une action de groupe contre Google

Google: Pourquoi l'UFC-Que Choisir a lancé une action de groupe contre le géant du Web

JUSTICEPour la première fois en Europe, une action de groupe a été lancée contre Google pour violation du règlement général de protection des données
Manon Aublanc

Manon Aublanc

L'essentiel

  • L’UFC-Que Choisir a annoncé, ce mercredi, le lancement d’une action de groupe contre Google, lui reprochant de collecter massivement des données sans que les utilisateurs en aient pleinement conscience.
  • L’association de défense des consommateurs reproche à Google de ne pas respecter le règlement général de protection des données (RGPD), la législation européenne qui régit l’exploitation des données personnelles entrée en vigueur il y a un peu plus d’un an.
  • L’UFC-Que Choisir réclame l’indemnisation de chaque utilisateur concerné à hauteur de 1.000 euros.

Ils sortent l’artillerie lourde contre le géant du Web. Accompagné de 200 utilisateurs mécontents, l'UFC-Que Choisir a lancé, ce mercredi devant le Tribunal de grande instance de Paris, une action de groupe contre Google pour violation du règlement général de protection des données (RGPD).

L’association de défense des consommateurs veut contraindre le géant américain à respecter les règles de protection des données personnelles et obtenir une indemnisation pour les utilisateurs. Quelles sont les données récoltées par Google ? Que réclament les utilisateurs ? La sanction peut-elle aboutir ? 20 Minutes vous explique tout.

Pour quelles raisons l’UFC-Que Choisir a-t-elle lancé cette action de groupe ?

L’association de défense des consommateurs reproche à Google d’avoir violé le Règlement européen de protection des données (RGPD), la législation européenne qui régit l’exploitation des données personnelles. Après avoir tenté d’aboutir à un accord à l’amiable avec la firme américaine – sans succès –, l’association a lancé une action de groupe contre les sociétés Google Irlande et Google LLC.

UFC-Que Choisir considère que le consentement des utilisateurs est « soutiré » par l’entreprise pour permettre une collecte massive de données « sans que les utilisateurs puissent en avoir conscience » ce qui constitue, selon elle, une « violation manifeste du RGPD ». « On estime que Google viole la vie privée de ses utilisateurs. L’entreprise noie les consommateurs dans des règles de confidentialités interminables et ces derniers n’ont pas du tout conscience du traitement de leurs données », explique Laurie Liddell, juriste de l’UFC-Que Choisir spécialisée dans les données personnelles, contactée par 20 Minutes.

Quelles sont les données récoltées ?

Si les utilisateurs sont généralement conscients que Google récolte leurs données classiques (nom, prénom, date de naissance et coordonnées), « ils ne savent pas forcément que d’autres données sont récoltées » : « Les données de géolocalisation, les données de déplacements d’une personne, sa vitesse, son mode de déplacement, si elle est à pied, en voiture ou en métro, son altitude », détaille Laurie Liddell.

« Quotidiennement, de façon permanente, des données vont être transmises à Google. En moyenne, Google géolocalise votre appareil 340 fois par jour, le tout lorsque votre téléphone est immobile. Si vous bougez, avec le téléphone dans votre poche ou votre sac, ce chiffre va largement augmenter, approchant les 540 géolocalisations par jour », explique la juriste. « En une journée, Google va savoir à quelle heure vous vous êtes levés, à quelle heure vous êtes allés au travail, par quel moyen de transport, quels établissements vous avez été visités, pendant combien de temps vous y êtes restés », ajoute-t-elle.

Que demandent l’UFC et les 200 utilisateurs qui participent à cette action de groupe ?

Pour l’UFC-Que Choisir, la priorité, c’est d’abord la transparence : « Il est impératif que Google soit beaucoup plus transparent, plus clair et que chaque consommateur comprenne comment les données récoltées sont utilisées et à quels fins. Ce sont des informations capitales et, actuellement, nous estimons que les informations sur leurs utilisations fournies par Google sont trop éparpillées, trop longues et incompréhensibles », poursuit Laurie Liddell, qui ajoute : « On veut que Google cesse d’exploiter les données personnelles des utilisateurs qui n’ont pas clairement donné leur consentement et on réclame également une indemnisation de 1.000 euros pour toute personne possédant un téléphone Android et un compte Google », ajoute la juriste.

Cette sanction peut-elle vraiment aboutir ?

Avec cette action, l’UFC souhaite s’inscrire dans le prolongement de deux récentes sanctions visant le géant américain en France sur l’exploitation des données personnelles. En janvier, la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) avait infligé au groupe une amende record de 50 millions d’euros pour information insuffisante des utilisateurs sur l’exploitation de leurs données. Parallèlement, le tribunal de grande instance de Paris avait condamné Google en première instance le 12 février pour clauses abusives/illicites en matière de données personnelles.

« On souhaite que les utilisateurs soient indemnisés. Techniquement, il y a à peu près 27 millions de consommateurs français qui utilisent Google sur un téléphone Android. Si la justice nous accorde cette indemnisation, on pourra arriver à avoir un certain pouvoir sur l’entreprise, un levier d’action. Après, il faut que les utilisateurs concernés adhèrent à notre action », explique Laurie Liddell, qui espère que d’autres recours seront déposés : « C’est la première fois qu’une action de groupe est lancée contre Google en Europe. On espère que nos homologues européens vont faire de même, pour essayer de démarrer une machine pour pouvoir faire changer les choses. »