Bac 2019: Quelle sera l'ampleur du mouvement de rétention des notes par les profs en colère?
EDUCATION•Des groupes de profs de philo et d’histoire-géo ont déjà dit qu’ils allaient porter cette menace à exécutionDelphine Bancaud
L'essentiel
- La grève de la surveillance le jour de l’épreuve de philo du bac a eu un impact limité.
- Les enseignants réfractaires à la réforme du lycée souhaitent continuer leur mouvement de grogne en ne délivrant pas tout de suite leurs notes au bac.
- Une action qui pourrait, si elle était suivie, avoir une incidence sur la date de publication des résultats du bac.
Après la grève de la surveillance le jour de l’épreuve de philo, les profs fourbissent de nouvelles armes. Plusieurs collectifs d’enseignants en colère, qui dénoncent la réforme du lycée, ont appelé leurs collègues à la rétention des notes du bac.
Mathieu, enseignant d’histoire-géographie à Saint-Denis portera cette menace à exécution : « En tant que correcteurs, nous devons rentrer les notes que nous attribuons aux candidats dans un serveur jusqu’au 2 juillet. Alors à partir de cette date, je serai en grève et jusqu’au 4 juillet inclus, car c’est ce jour-là que doit avoir lieu le jury de délibération sur les notes des élèves. Du coup, cela pourrait obliger le rectorat à reporter la publication des résultats du bac, qui doit normalement intervenir le 5 juillet », explique-t-il à 20 Minutes.
« La rétention des notes, c’est un vrai levier d’action médiatique »
Marc, prof de philosophie à Paris, fera de même. « Nos précédentes actions n’ont pas permis de nous faire entendre par le ministre de l’Education. Or, la rétention des notes pourrait causer plus de problèmes que la grève de surveillance », indique-t-il. Les enseignants ont cependant conscience qu’ils pourraient entraîner du stress chez les candidats qui attendent impatiemment leurs résultats. « Mais nous n’avons pas trouvé d’autres moyens pour nous faire entendre que de toucher au sacro-saint bac », poursuit Marc. « La rétention des notes, c’est un vrai levier d’action médiatique. Et que les élèves se rassurent, on finira par tous rendre nos notes », complète Mathieu.
Du côté des syndicats contestataires de la réforme du lycée, on n’appelle pas formellement à la rétention de copie, mais on soutient ceux qui utiliseront cette arme : « Nous laissons à chaque collègue le soin de décider de ses modalités d’action », déclare Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes.
Le ministère est dans une position attentiste
Et le mouvement semble faire tache d’huile : plusieurs groupes d’enseignants ont d’ores et déjà affirmé qu’ils allaient retenir les notes du bac. C’est le cas des professeurs d’histoire géographie de l’académie de Créteil, qui ont voté la rétention des notes jusqu’au 4 juillet (70 correcteurs sur 115). Idem pour les professeurs de philosophie de Créteil, de Rouen, de Toulouse et de Dijon qui ont voté la rétention des notes du bac si leurs revendications n’étaient pas prises en compte.
Interrogé par 20 Minutes à ce sujet, le ministère de l’Education déclare n’avoir « aucune remontée des rectorats à ce sujet pour l’instant ». Un bon moyen de ne pas attiser le feu.