Loire-Atlantique: Ces familles qui ouvrent leur foyer à des enfants défavorisés le temps des vacances
SOLIDARITE•Tous les étés, depuis 70 ans, des familles du département accueillent des enfants issus d’un milieu défavorisé à l'initiatve du Secours catholiqueDavid Phelippeau
L'essentiel
- L’Accueil familial de vacances (AFV), qui existe depuis 70 ans, permet à des enfants de milieu défavorisés d’accéder à un temps privilégié de détente, de loisirs et d’échanges.
- La Loire-Atlantique est le département français qui accueille le plus d’enfants en France.
- « 20 Minutes » est allé à la rencontre de deux familles nantaises.
Cet été encore, Aïcha (9 ans) et Coralie (10 ans) vont prendre la route de la maison de vacances de Valérie et Jean* dans le Morbihan. Les deux petites filles, qui vivent à l’année dans l’Essonne, font partie de la longue liste des enfants qui bénéficient de l’opération « Accueil familial de vacances » (AFV), créée il y a 70 ans par le Secours catholique. Objectif de l’AFV : donner la possibilité à un enfant issu d’un milieu défavorisé de partir en vacances et ainsi « d’accéder à un temps privilégié de détente, de loisirs et d’échanges ».
En France, la Loire-Atlantique est le meilleur élève. « 10 % des enfants qui partent dans le cadre de l’AFV vont dans le 44, explique Carine Baholet, animatrice de réseau de solidarité au Secours catholique de Loire-Atlantique. Notre département est une terre d’accueil indéniable. » Ce qui n’empêche pas qu’il manque encore des familles bénévoles** pour accueillir des bambins (de 6 à 10 ans) en août. L’année dernière, 176 enfants de l’Essonne – avec qui le Secours catholique du 44 a un partenariat historique – avaient été reçus en Loire-Atlantique, 18 seulement avaient fait le chemin inverse.
Sortir de ses « grandes tours »
« Ce n’est pas si simple que ça, avoue Valérie. Ce ne sont pas des vacances pour les accueillants d’accueillir des enfants. C’est agréable, mais c’est un engagement. Il faut être très disponible. » Cette femme, mère de deux trentenaires encore active, est famille d’accueil depuis cinq ans. « C’était mon projet et mon mari y a souscrit… » Chaque été, le couple reçoit Aïcha et Coralie, une musulmane et une chrétienne. « Parfois, leurs discussions sur les religions mériteraient d’être enregistrées, rit Valérie. C’est vraiment enrichissant et drôle. »
Aboubakar, 7 ans, lui aussi originaire de l’Essonne, aura la chance pour le troisième été de suite de retrouver « sa boîte à trésor » au domicile de Dominique et Monique, âgés respectivement de 74 ans et 76 ans. Cette ancienne éducatrice de jeunes enfants est fière de « sortir » ce gamin de Grigny (91) « de ses grandes tours ». De le détourner d’une télévision « qu’il regarde tout au long de l’année du matin au soir [en dehors de l’école] ». L’enfant, qui s’entretient au téléphone une fois par semaine avec sa maman pendant le séjour, aime « marcher, découvrir les bords de l’Erdre, de la Loire ». Visite du château des Ducs, périple au zoo, petite excursion à la mer une ou deux fois durant le séjour… Le couple de Nantais, dont les cinq enfants ont quitté le domicile familial, concocte un programme divertissant pour Aboubakar.
« Ça bouscule… », avoue une famille d’accueil
« Aïcha et Coralie découvrent des plaisirs simples, poursuit Valérie. Ramasser des coquillages, des patates, mais aussi des choses de la vie de tous les jours comme l’existence d’une râpe à fromage. » Du partage mais aussi beaucoup de communication et d’échange. « C’est ce qui surprend le plus Aïcha, raconte Valérie. Elle n’a pas l’habitude de parler à des adultes chez elle, c’est ce qu’elle nous dit souvent. » L’arrivée d’un ou plusieurs enfants « bouscule », selon Monique. « C’est la confrontation avec un autre milieu, une autre religion. Mais la venue d’Aboubakar nous apporte tellement de joie. Ce n’est que du bonheur. Ça nous ferait vraiment quelque chose de ne pas recevoir un enfant chaque été… »
Renseignements au 02 40 29 04 26 ou à afv.44@secours-catholique.org
* Ce sont des prénoms d’emprunt, la famille d’accueil souhaitant rester anonyme
** Les familles touchent un petit dédommagement