Bordeaux: «Le taureau, notre culture», les écologistes ne l'entendent pas de cette oreille
TAUROMACHIE•Des élus demandent le retrait de cette campagne de communication de l’UVTFClément Carpentier
L'essentiel
- L’Union des villes taurines françaises a lancé une campagne d’affichage intitulé « Le taureau, notre culture » il y a quelques semaines.
- A Bordeaux, les écologistes pointent des affiches hors contexte dans une ville qui n’a pas de culture taurine.
- L’UVTF met en avant la position « purement politique » d’EELV et rappelle que les bêtes sont élevées dans le respect du bien-être animal.
Elle ne passe pas inaperçue. En même temps, c’est un peu l’objectif d’une campagne d’affichage en 4×3 au bord des routes. Mais évidemment quand cela concerne la tauromachie, cela attire encore un peu plus l’œil. C’est le cas pour certains automobilistes vers Bordeaux et ses alentours.
Comme dans une large partie du sud-ouest, l’Union des villes taurines françaises (UVTF) déploie depuis quelques semaines et jusqu’à fin août une opération de communication intitulée : « Le taureau, notre culture. » Une opération qui ne plaît à tout le monde et notamment aux écologistes à l’image de Delphine Jamet.
Bien-être animal et absence de culture pointent EELV
L’élue municipale d’opposition EELV (Europe Ecologie-Les Verts), qui « a eu vent de ses affiches par des collègues toulousains » avant de les découvrir elle-même, fait part aujourd’hui de son mécontentement face à « cette vraie campagne publicitaire. » Elle souhaite interpeller la population sur deux choses : le bien-être animal et la culture de la tauromachie (ou plutôt son absence justement).
« « Alors oui, ils sont bien élevés mais qu’est-ce qu’on en fait après ? Qu’on ne vienne pas me parler de bien-être. Je rappelle au passage que ce sont des animaux sauvages. Ensuite, notre ville n’a rien à voir avec la tauromachie. Il n’y a aucune culture taurine à Bordeaux. Les dernières arènes du Bouscat ont été détruites dans les années 1960, le projet de Floirac fut un échec. Il n’y a même aucun élevage de taureau en Gironde. » »
Même si le mot « corrida » n’apparaît nulle part sur les affiches, Delphine Jamet ne se veut pas dupe : « C’est bien de ça que l’on parle, il ne faut pas se mentir. » L’élue ajoute dans un communiqué que « ce n’est ni de l’art, ni de la culture, c’est de la torture. Il est urgent que l’UVTF cesse de nuire à l’image de notre ville », avant de rappeler que les écologistes « se positionnent résolument contre la corrida. »
« Ils font juste de la politique »
Des attaques que l’on préfère prendre avec légèreté dans le camp adverse. Pour une raison simple, affirme André Viard : « On ne nous interpelle pas puisque ce n’est pas une attaque sur l’écologie mais une position purement politique ! Moi aussi, je suis écolo et animaliste. Il me semble que l’on élève en plus nos taureaux dans un modèle idéal pour les bêtes. Ils font juste de la politique. Point barre. » Le président de l’observatoire national des cultures taurines ajoute qu’il n’y a « pas prétexte commercial à cette campagne et qu’elle n’est pas du tout agressive. »
Et le manque de culture taurine à Bordeaux, qu’en pense-t-il ? « C’est faux. Bordeaux fait partie de ces régions où il y a une culture de la tauromachie. Dans la ville même, il y avait des courses de taureau place du Parlement au XVe siècle. Qu’ils [les écologistes] regardent les archives au lieu de faire de la politique. » Si les écologistes demandent le retrait de ces affiches, aucune loi n’oblige l’UVTF à se plier à cette injonction. La fin de la campagne d’affichage est prévue d’ici la semaine prochaine à Bordeaux…