Lyon: La métropole veut que ses habitants mangent bien et sainement
ALIMENTATION•Elle a annoncé vendredi mettre en place une «stratégie alimentaire» pour relocaliser les productions localesCaroline Girardon
L'essentiel
- Alors que 15 % des habitants du Grand Lyon déclarent ne pas manger à leur faim et 30 % estiment ne pas avoir les moyens de bien s’alimenter, la métropole de Lyon lance une « stratégie alimentaire ».
- Il s’agira notamment de relocaliser les productions locales qui sont exportées à 95 %.
- L’un des leviers d’action sera par exemple de faire de la restauration collective « un modèle de transition vers l’alimentation durable ».
«Nous sommes tombés de haut ». Aveu de Bruno Charles, vice-président de la Métropole de Lyon en charge du Développement durable et de la Politique Agricole. Aujourd’hui, 15 % des habitants du Grand Lyon déclarent ne pas manger à leur faim et un ménage sur trois estime ne pas avoir les moyens de s’alimenter. Bien que 90 % d’entre eux voient dans l’alimentation un rôle majeur sur la santé.
Ces chiffres émanent d’une enquête menée auprès de 650 habitants du territoire, qui a incité la Métropole à mettre en place une « stratégie alimentaire ». Le paradoxe est là. Les terres agricoles ne manquent pas. Les 16.000 exploitations, qui se situent dans un rayon de 50 kilomètres autour de Lyon, permettraient de couvrir 93 % des besoins alimentaires des habitants de la métropole. Pourtant, seuls 4,6 % des aliments qui se retrouvent dans l’assiette des Lyonnais proviennent du territoire. Comprenez que 95 % des produits locaux agricoles sont destinés à l’exportation. Une situation à la limite de l’absurde qui a sérieusement fait réfléchir les élus.
Une autonomie alimentaire de 4,6 %
« Notre organisation agricole et agroalimentaire ne permet plus à un grand nombre d’habitants d’avoir accès à une alimentation suffisante et de qualité. Elle ne permet pas non plus aux agriculteurs de vivre correctement de leur métier. Et elle contribue fortement à l’aggravation des crises écologiques et climatiques », constate Bruno Charles.
Si la métropole assure « n’avoir pas la prétention de régler tous les problèmes », elle entend toutefois « lancer une dynamique » pour montrer que l’on peut « manger sain sans trop dépenser ». Avec l’objectif suivant à court terme : passer de 4,6 à 15 % d’autonomie alimentaire. « Toute la démarche consiste à relocaliser les productions », poursuit Bruno Charles. L’un des leviers sera par exemple de faire de la restauration collective publique (40.000 repas par jour) « un modèle de transition vers l’alimentation durable ».
Un grand repas servi à 20.000 personnes
L’un des premiers tests a été effectué vendredi. Un repas unique, coûtant 2,80€, a été élaboré par des chefs à base de produits du terroir, et distribué dans 65 collèges de la métropole, 3 Ephad et 3 établissements d’accueil pour personnes en situation de handicap. Soit 20.000 personnes concernées. Les recettes seront ensuite mises en ligne sur le site Internet de la métropole pour que tout à chacun en profite. « L’expérience sera renouvelée », assure David Kimelfeld, président de la métropole de Lyon, insistant encore une fois sur le fait qu'« on peut aller vers le bien manger dans la simplicité ».