INTERVIEWIl y a dix ans la gendarmerie rejoignait le ministère de l'Intérieur...

«Rapprocher la gendarmerie de l'Intérieur a permis une meilleure complémentarité avec la police»

INTERVIEWLa porte-parole de la gendarmerie, Maddy Scheurer, explique à «20 Minutes» ce que le rattachement de cette institution au ministère de l’Intérieur en 2009 a changé
Thibaut Chevillard

Propos recueillis par Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • La gendarmerie nationale est une force de sécurité qui dépendait, jusqu’en 2009, du ministère de la Défense.
  • Il y a tout juste dix ans, elle a été rattachée au ministère de l’Intérieur, tout comme l’était déjà la police nationale.
  • Pour comprendre ce que cela a changé, «20 Minutes» a interrogé la porte-parole de l’institution.

La France possède deux forces de sécurité intérieure : la police nationale, qui est chargée (pour faire simple) de la sécurité dans les zones urbaines, et la gendarmerie nationale, une force militaire qui a compétence sur environ 80 % du territoire. Historiquement, cette dernière dépendait du ministère de la Défense. Mais en 2009, elle a été rattachée au ministère de l'Intérieur. Qu’est-ce que cela a changé concrètement ? Pour le savoir, 20 Minutes a interrogé Maddy Scheurer, porte-parole de la gendarmerie.

Quel bilan tirez-vous dix ans après le rattachement de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur ?

Ce rattachement a permis de favoriser de nombreuses synergies et une meilleure complémentarité entre la police et la gendarmerie. C’était un objectif ambitieux mais tout cela a permis de gagner en cohérence, de renforcer l’efficacité du dispositif mis en place pour assurer la sécurité de la population sur le territoire national. La police – qui a un statut civil – et la gendarmerie – qui a un statut militaire – ont été placées sous l’autorité d’un même ministre, tout en veillant à ce que chacun conserve les spécificités liées à son statut. Les deux forces sont devenues ainsi très complémentaires pour accomplir l’ensemble de leurs missions.

La gendarmerie a-t-elle conservé son identité malgré ce rattachement ?

Bien que rattachée au ministère de l’Intérieur, la gendarmerie reste une force militaire. Elle préserve donc une identité et des traditions qui lui sont propres. En tant que force militaire, nous avons apporté notre capacité de planification. Et surtout notre faculté à démontrer la résilience de l’Etat quand une crise, gérée par la gendarmerie, dure dans le temps. Par ailleurs, la gendarmerie a appris à travailler un peu différemment. On a l’habitude de dire que le ministère de l’Intérieur est le ministère des urgences. Nous avons donc travaillé afin de gagner en réactivité.

Quels sont les enjeux aujourd’hui pour la gendarmerie ?

Il y en a plusieurs. Il y a d’abord les enjeux technologiques puisqu'aujourd’hui, une partie de la délinquance se passe sur le numérique. Nous devons donc rester à la pointe de l’innovation pour conserver un temps d’avance sur les malfaiteurs. Pour cela, nous développons nos capacités techniques et recrutons des personnes qui peuvent nous aider à répondre à cette nouvelle forme de délinquance. Nous nous investissons aussi de plus en plus dans le secteur de la mobilité [la sécurité des grands axes]. Enfin, la gendarmerie entend s’adapter aux enjeux environnementaux pour faire face à l’urgence climatique.