Restauration de Notre-Dame: «Allons-nous laisser détruire cette création si puissante?»
NOTRE-DAME•L'historien d'art Adrien Goetz a plaidé pour la reconstruction de Notre-Dame à l'identique, lors d'une cérémonie d'hommages à la cathédrale incendiée20 Minutes avec AFP
«Notre-Dame de Paris est aussi un chef-d’œuvre du XIXe siècle », a souligné mercredi à l’Institut de France l’historien d’art Adrien Goetz, plaidant pour sa reconstruction à l’identique, lors d’une cérémonie d’hommages à la cathédrale incendiée.
Sous la Coupole, le chancelier de l’Institut, l’ancien ministre Xavier Darcos, entouré des secrétaires perpétuels des différentes académies (Académie française, belles-lettres, sciences, beaux-arts, sciences morales et politiques), organisait cet hommage solennel à l’édifice incendié le 15 avril.
« Les deux tours ne se comprennent plus sans cette flèche tendue vers le ciel »
« La flèche dessinée par Viollet-le-Duc (…) donne au bâtiment qui menaçait ruine en 1830 une forme que chacun peut identifier : les deux piliers que sont les tours ne se comprennent plus sans cette flèche tendue vers le ciel », a argumenté l’historien, membre de l’Académie des beaux-arts. « Viollet-le-Duc possède une œuvre, il faut nous battre pour elle jusqu’à la dernière gargouille (…) Pourquoi le XIXe siècle serait-il un moins grand siècle que le XIIe et le XIIIe ? Allons-nous laisser détruire cette création si puissante », a-t-il critiqué, alors que le président Emmanuel Macron s’est prononcé pour une « reconstruction inventive » de la flèche.
« Si la flèche du Mont-Saint-Michel tombait, avec l’archange sculpté par Frémiet, hésiterait-on à la reconstruire à l’identique sous prétexte qu’elle ne date pas du Moyen Age ? », a-t-il ajouté. « Serons-nous cette génération qui laisse moisir et se cloquer, dans toutes les églises de Paris, les décors peints des élèves d’Ingres ? (…) L’incendie de Notre-Dame a prouvé à quel point la cathédrale est la plus magistrale réussite de cet âge qui alliait l’amour du passé et l’éloge du peuple en révolution ».
Pour le rabbin français Haïm Korsia, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, « nul doute que les bâtisseurs de Notre-Dame aient eu à l’esprit (…) ce désir impérieux de sublimer leurs savoir-faire, d’élever vers les cieux cette flèche comme un signal de rencontre et d’espérance ». Il faut, a-t-il plaidé, « redonner à cette cathédrale la possibilité de faire monter vers l’Eternel la prière de l’humanité ; rouvrir à tous ce point de ralliement essentiel d’où part symboliquement le rayonnement de la France, celui de ses routes et de ses espérances ».