Soupçons de violences sexuelles à la mairie de Saint-Nazaire: La victime présumée sort du silence
SOCIETE•Une affaire de soupçons de violences sexuelles secoue la mairie de Saint-NazaireDavid Phelippeau
L'essentiel
- Cinq femmes du collectif #ilsnenousferont pas taire se sont exprimées ce mercredi sur l’affaire qui secoue la municipalité de Saint-Nazaire.
- Gaëlle Betlamini, victime présumée, a pris pour la première fois la parole à visage découvert.
- Le collectif a demandé à David Samzun, maire de Saint-Nazaire, de « prendre ses responsabilités ».
Pour la première fois, à visage découvert, la victime présumée a parlé. Dans le cadre de l’affaire de soupçons de violences sexuelles qui secouent le bureau municipal de Saint-Nazaire, Gaëlle Betlamini Da Silva, élue à la commission éducation et jeunesse, a rompu le silence ce mercredi lors d’un point presse organisé par le collectif #ilsnenousferontpastaire composé d’une dizaine d’élus municipaux (cinq étaient présents ce mercredi).
Petit rappel des faits : l’adjoint au maire en charge des finances, Martin Arnout (PS), a porté plainte le 13 mai pour diffamation contre la première adjointe, Laurianne Deniaud (PS). Il lui reproche de l’avoir accusé, lors d’une réunion interne le 6 mai, d’avoir commis des violences sexuelles à l’encontre de Gaëlle Betlamini Da Silva. Ce mercredi, les termes de « rapport non consenti » ont été utilisés par le collectif.
La victime présumée raconte son calvaire depuis les faits
La voix chevrotante, les yeux embués, dans une ambiance extrêmement pesante, Gaëlle Betlamini Da Silva a donc brisé son mutisme ce mercredi midi. « Je suis celle qui a parlé. Parler pour survivre, pour trouver aide et soutien. Avant, c’était le silence pour préserver ma famille, mes enfants, mon mari. Ne pas les exposer à davantage de souffrances. » La jeune femme a expliqué être « aujourd’hui […] dans l’incapacité de travailler » et « affaiblie physiquement par toute la violence déchaînée sur moi, sur nous ».
Elle a regretté depuis qu’elle s’est confiée auprès de ses collègues de subir « encore davantage de violences, encore et encore chaque jour, l’escalade pour me mettre à terre, m’écraser, me faire disparaître ». « Face aux injonctions à porter plainte, mon avocate a pris contact auprès de la procureure, a-t-elle conclu. Je me réserve le droit de porter plainte au moment opportun. Ma vie m’appartient. »
«Le maire doit prendre ses responsabilités», selon Laurianne Deniaud
Avant cette intervention, les membres du collectif ont rappelé la chronologie de tous les faits et ont pointé du doigt ce qu'elle considère comme l’inertie du maire David Samzun. « Chaque fois que nous avons tendu la main au maire et essayé avec insistance d’alerter, nous nous sommes heurtés à un mur, a estimé Laurianne Deniaud. Une femme s’est confiée à quatre adjointes de l’équipe municipale il y a un an et demi sur ses souffrances et une relation non consentie. Nous avons par ailleurs des inquiétudes pour d’autres femmes. » Le collectif a en effet évoqué « un climat de sexisme ambiant et oppressant à la mairie ».
La première adjointe s’est aussi adressée directement à David Samzun : « Il lui appartient aujourd’hui d’entendre notre déclaration et d’écouter la parole de cette femme et de prendre ses responsabilités d’homme politique mais aussi d’employeur. » Sans préciser ce qu’elle entendait par « prendre ses responsabilités ».
Martin Arnout, soupçonné de violences sexuelles, se défend
Lundi, le maire s’était défendu en expliquant s’être « entouré […] des conseils de Mme Cécile de Oliveira, avocate investie dans les droits des femmes» et « constatant que ces évocations d’abus sexuels continuaient de circuler au sein de l’équipe municipale, [avoir] finalement décidé, en avril dernier, de solliciter la justice au travers d’une démarche écrite en direction de Madame la Procureure de la République et en lui indiquant me tenir à son entière disposition ».
Le lendemain, mardi, Martin Arnout, au cœur de l’affaire et soupçonné d’avoir imposé « une relation non consentie » à une de ses collègues, a expliqué qu’il se réjouirait « si une plainte devait être déposée contre [lui] par la victime déclarée ». « Me concernant, je serais enfin dans la capacité d’apporter les nombreux éléments en ma possession que je ne peux actuellement pas transmettre à la justice puisque aucune enquête, à cette heure, n’est engagée contre moi […] » L’adjoint aux finances a conclu son communiqué par cette phrase : « Je suis innocent de ce qui m’est reproché depuis une année et je compte bien le faire reconnaître. »