Algues vertes: La famille d’un joggeur décédé en Bretagne demande réparation
JUSTICE•L’homme avait été retrouvé mort en septembre 2016 dans une vasière à HillionJ.G. avec AFP
L'essentiel
- La victime avait été retrouvée morte dans une vasière le 8 septembre 2016 à Hillion (Côtes-d’Armor).
- Même si le lien entre la mort du joggeur et la présence d’algues vertes n’a pas été avéré, la famille de la victime et plusieurs associations s’interrogent.
- La famille du joggeur demande une réparation financière à l’Etat et aux collectivités à hauteur de 600.000 euros.
Trois ans après la mort d’un joggeur à Hillion (Côtes-d’Armor), sa famille demande désormais une réparation financière. « Nous avons adressé début mai une réclamation au préfet des Côtes-d’Armor, au président de la communauté d'agglomération de Saint-Brieuc et au maire d’Hillion », a indiqué leur avocat Me François Lafforgue, précisant que le tribunal administratif de Rennes serait saisi en cas de non-réponse en phase amiable.
La victime, âgée de 50 ans, avait été retrouvée morte le 8 septembre 2016 dans une vasière à l’embouchure du fleuve côtier le Gouessant dans la baie de Saint-Brieuc. L’homme, qui connaissait bien les lieux, s’y était engagé pour récupérer son chien.
En apprenant le lieu du décès, des associations s’étaient immédiatement interrogées sur le lien avec les algues vertes, qui, en se décomposant, émettent du sulfure d’hydrogène, un gaz extrêmement toxique à forte dose. A l’été 2011, 36 sangliers avaient ainsi été retrouvés morts dans ce même estuaire.
Quatre « fautes » présumées selon l’avocat de la famille
N’ayant pas fait immédiatement le rapprochement avec les algues vertes, le parquet de Saint-Brieuc avait ordonné deux semaines après les faits l’exhumation du corps du joggeur pour pratiquer une autopsie et des analyses toxicologiques. Mais leurs résultats n’avaient pas permis de déterminer clairement les causes du décès. L’enquête avait été classée sans suite en avril 2017.
Pour formuler sa demande de réparation, l’avocat s’est appuyé sur quatre « fautes » présumées de l’Etat et des collectivités, à savoir « l’absence de mesures efficaces pour éviter ou limiter la prolifération d’algues vertes », le manque d’information au public de la dangerosité de la situation dans l’estuaire du Gouessant, l’absence de sécurisation des zones concernées, et l’autopsie réalisée trop tardivement. Le montant des réparations demandées s’élève à quelque 600.000 euros pour l’ensemble des ayants droit.
Pas de lien entre le décès et les algues vertes selon la préfecture
« Cette action vise principalement à faire en sorte que des mesures efficaces soient enfin prises pour éviter que ce problème ne perdure et faire en sorte qu’un nouveau décès soit évité », a précisé Me Lafforgue.
Interrogée par l’AFP, la préfecture a reconnu l’existence d’un « contentieux » avec la famille du joggeur, rappelant que la justice avait conclu à l’absence de causalité entre le décès et la présence d’algues vertes.