Baignades d'enfants: Quels sont les bons réflexes à avoir?
PRÉVENTION•Les noyades d’enfants sont en hausse en France. Et les piscines privées représentent l’un des principaux dangersRomarik Le Dourneuf
L'essentiel
- Plus de 330 noyades accidentelles d’enfants de moins de 6 ans ont été comptabilisées l’été dernier en France.
- Les trois-quarts des décès de cette population interviennent en piscine privée.
- Les mesures de protection sont importantes, mais ne font pas tout.
Un nouveau long week-end se profile, et avec lui l’envie de profiter du soleil et d’aller piquer une tête. Mais si les baignades sont synonymes de détente, elles peuvent aussi se révéler dangereuses, voire fatales. Ainsi, l’été dernier, entre le 1er juin et le 30 août, 492 morts par noyades ont été comptabilisées par l’agence Santé Publique France. Cette enquête avait mis en évidence la forte hausse du nombre de noyades accidentelles d’enfants de moins de 6 ans (332 contre 180, +85 % depuis 2015). Christian Poutriquet, vice-président de la Fédération française de sauvetage et secourisme (FFSS), met notamment en garde contre les piscines privées, où ont eu lieu 77 % des 22 noyades mortelles d’enfants de moins de 6 ans.
Apprendre à nager et surveiller
La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a souhaité répondre à ce problème en lançant, le 15 avril dernier, le plan « Aisance aquatique ». Ce dernier a pour but de familiariser les plus jeunes à l’eau. Car le réflexe le plus important pour prévenir la noyade est bien entendu… d’apprendre à nager. « Cela peut paraître évident, mais les brassards et ceintures pour enfant ne sont que des compléments, ils n’évitent pas la noyade si l’enfant ne sait pas nager », explique Christian Poutriquet, « Il suffit de quelques secondes de distraction des parents pour que le drame arrive, même en prenant un maximum de précautions ». Et puis savoir nager, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. L’enquête de Santé Publique France le prouve : une grande partie des noyades de personnes seniors interviennent parce que ces dernières ne savent pas nager. Le vice-président de la FFSS insiste pour mettre en avant l’éducation. Car se baigner, ce n’est pas seulement nager : « Un enfant doit savoir qu’il ne faut pas se baigner tout seul, éviter les risques qu’il reconnaît, ne pas s’approcher du bord de la piscine, etc. Cela passe par les parents, qui eux-mêmes doivent en être conscients. » Des parents dont la surveillance ne doit jamais être relâchée. Car comme le rappelle Christian Poutriquet : « Le matériel ne protège pas de tout ».
Protéger et entretenir
Bâches, barrières, alarmes : ces normes sont obligatoires pour les piscines privées depuis la loi du 1er janvier 2006, et sont censées prévenir de la noyade accidentelle. Toutefois, elles doivent être utilisées correctement et faire l’objet d’une vigilance à chaque utilisation. « On a vu des cas de noyades accidentelles parce qu’après un an sans ouvrir la piscine, on ne vérifie pas et les piles de l’alarme sont vides », raconte Christian Poutriquet. Il met en garde contre l’effet parfois néfaste des protections de piscines privées, en comparant avec la situation outre-Atlantique. Car aux Etats-Unis, aucune des règles de sécurité qu’on trouve en France n’existe. Pourtant, le taux de décès par noyade y est le même. « Avec toutes ces mesures appliquées, les utilisateurs relâchent leur vigilance. » L’entretien et la vérification du matériel sont donc des points essentiels : après chaque baignade, il est impératif de vérifier que la bâche ou les barrières sont bien fermées, que l’alarme est bien activée et fonctionnelle. L’avant et l’après-baignade font partie de l’activité.
Préparer la baignade
Une baignade avec des enfants, même dans une piscine privée, se prépare. Ce qui ne signifie pas seulement enfiler des brassards et un chapeau aux marmots. « Il est primordial d’anticiper la baignade et que les adultes soient prêts », explique Christian Poutriquet. Ainsi, avant de laisser les enfants se jeter à l’eau, les surveillants de la baignade doivent s’assurer de leurs propres capacités : Savent-ils nager ? Ont-ils un téléphone à proximité, afin d’appeler les secours au plus vite si besoin ? S’ils ne peuvent entrer dans l’eau, ont-ils une perche ou un objet permettant de faire sortir un enfant en difficulté ? Y a-t-il une bouée près de la piscine ? L’important est de réagir très vite. En cas d’accident, les premiers gestes de secours doivent être appliqués. Et pour cela, la FFSS conseille fortement de passer l’Attestation de formation aux premiers secours (AFPS), afin de savoir comment réagir.