L'essentiel
- Le premier Banquet des récupérables de Bretagne a eu lieu ce dimanche à Rennes.
- Près de 3000 convives ont pu déguster les recettes réalisées à partir d'aliments récupérés et destinés à être jetés.
- Organisateurs et participants ont mis en avant l'intérêt écologique et économique.
«Tout est vraiment bon et en plus, ça permet de montrer à mes enfants qu’il faut réfléchir avant de jeter systématiquement à la poubelle un fruit ou un légume un peu abîmé, apprécie Laëtitia. Et je m’inclus là-dedans, j’ai parfois tendance à le faire aussi ». Comme la jeune femme et ses deux filles de 13 et 11 ans, près de 3000 personnes ont investi les immenses tablées dressées à la Halle Martenot ce dimanche, à Rennes, pour le premier Banquet des récupérables de Bretagne.
Inspiré du Banquet des 5000, lancé en 2009 en Angleterre, l’événement vise à « sensibiliser le grand public à la lutte contre le gaspillage alimentaire et à une alimentation plus durable », explique Julie Bueno, chargée de mission à la Confédération bretonne pour l’environnement et la nature (CoBen), organisatrice du banquet en collaboration avec la Métropole et une trentaine de partenaires.
« Cuisiner quelque chose de savoureux avec des fruits et légumes considérés comme pas mangeables »
Le principe est simple : « offrir un repas gratuit à partir de denrées récupérées, dans un esprit festif et non moralisateur ». Les aliments, essentiellement des fruits et légumes issus de différentes filières – magasins Biocoop, grossistes, fermes et maraîchers bios –, ont tous été « travaillés » par des chefs professionnels qui ont élaboré des recettes pour l’occasion. « On souhaite prouver qu’on peut cuisiner quelque chose de beau et savoureux avec des fruits et légumes considérés comme moches ou pas mangeables », précise Julie Bueno.
Il faut dire que les chiffres donnent le tournis. Selon le ministère de la Transition écologique, les pertes et gaspillages alimentaires s’élèvent ainsi en France à 10 millions de tonnes par an, soit l’équivalent de 20 milliards de repas. À l’échelle d’un foyer, elles représentent 29 kilos par personne sur une année, dont 7 kilos d’aliments non consommés encore emballés. Un gaspillage qui coûte en moyenne 400 euros par an pour une famille de quatre personnes.
En pleine dégustation d’un carot cake concocté avec des carottes toutes biscornues, Matthieu et Nathalie sont sensibilisés depuis des années à la question. « Ça fait des années qu’on fait les invendus tous les samedis, à la fin du marché des Lices, pour récupérer les aliments qui vont être jetés, indique le couple de trentenaires. Au début, on nous regardait un peu bizarrement mais maintenant, une bonne partie de nos amis le font aussi. »
Bon pour la planète comme pour le portefeuille
Dans les allées de la Halle Martenot, plusieurs stands de partenaires accueillent les visiteurs autour de la thématique du recyclage. Des associations œuvrant dans la redistribution de repas ou le compostage y côtoient des entreprises transformant des produits à partir de denrées perdues.
Parmi elles, la start-up rennaise Kolectou propose une gamme de pâtisseries faites à base de farine de pain recyclé. « On veut lutter contre le gaspillage du pain et faire un geste pour la planète mais de manière gourmande, souligne Camille Derepas, chargée de développement des recettes. Il y a autre chose que le pudding et le pain perdu… »
Après avoir confirmé ses propos en goûtant – et validant – un excellent moelleux au chocolat, on tombe sur un atelier présentant un outil qui permet de calculer le gain économique et le gain en empreinte carbone de son repas. Une bonne manière de montrer que la lutte contre le gaspillage alimentaire est aussi bonne pour la planète que pour le portefeuille.