REPORTAGEA Lyon, «A voix et à vapeur», le chœur LGBT donne de la voix

VIDEO. Lyon: «A voix et à vapeur», le chœur LGBT donne de la voix

REPORTAGERencontre avec la chorale AVAV de Lyon, fondée en 2002, qui affiche sa volonté de valoriser la visibilité des identités LGBTI via le chant
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Le chœur Avav, « A voix et à vapeur » a été fondé à Lyon en 2002.
  • Il s’agit d’une chorale mixte qui milite pour rendre visible les identités LGBT via le chant.

«Ici, c’est chez nous ». Un jour de 2003, Anne a poussé la porte d’AVAV, muée par la curiosité et l’envie de « se retrouver ensemble ». L’envie de donner de la voix également. Avav est l’acronyme d'«A voix et à vapeur », un chœur LGBT mixte, constitué de 69 chanteurs amateurs et fondé en 2002 à Lyon par Philippe Bergère.

« Pour la première fois, je pouvais parler librement de mariage ou dire que je partais en week-end avec ma copine. On n’était plus obligé de se cacher. Cela a été une grande respiration à l’époque », poursuit Anne. Depuis quatorze ans, cette Lyonnaise d’adoption est fidèle au rendez-vous, ne manquant pas l’occasion de venir répéter chaque jeudi soir. « C’est un bon village », sourit-elle en évoquant le chœur dont les trois maîtres mots sont le chant, la convivialité et l’homosexualité

Gays, lesbiennes, transgenres et sympathisants : un chœur ouvert à tous

« Ici, on accueille les gays, lesbiennes, les transgenres et… les sympathisants. Il y a des étudiants, des retraités. La moyenne d’âge est de 45 ans. Et pas besoin de savoir chanter au départ, ni lire de partition », précise Marc, le chef « chti » qui dirige le groupe depuis deux ans. Sophie, animatrice, « aimait déjà chanter », sans avoir pourtant jamais mis les pieds dans une chorale. Elle est venue grossir les rangs du chœur en 2017 après avoir entendu une émission radio qui lui était consacrée.

« Je me retrouvais dans les valeurs prônées et le fait qu’il n’y ait pas de sélection à l’entrée m’a motivée », argumente-t-elle. Le coup de foudre est immédiat : « J’ai tout de suite ressenti de la bienveillance, une ouverture. J’ai vraiment rencontré une bonne bande potes ». Mais pas seulement… « J’ai aussi trouvé l’amour », confesse-t-elle dans un large sourire, ajoutant que le groupe se réunit 2 ou 3 fois par an le week-end pour des « répétitions au vert ».

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« L’identité homosexuelle du chœur pose parfois quelques difficultés »

Jeudi soir, l’ambiance est bon enfant. Les rires fusent de part et d’autre de la salle. Derrière son pupitre, Marc enchaîne les boutades tout en battant la mesure. Lui a intégré le chœur par « un heureux hasard » après que l’un de ses amis l’a informé que le groupe cherchait un remplaçant à Philippe Bergère. « Deux raisons me tenaient à cœur : le projet culturel et le militantisme. C’était pour moi l’occasion d’allier ma passion et le désir politique de défendre la cause LGBT », raconte-t-il. Et d’ajouter : « L’un des fondements du chœur est d’assumer la lisibilité ».

« Au début, il y avait un vrai problématique de représentation. L’identité homosexuelle du chœur pose parfois quelques difficultés. On a essuyé des refus », se souvient Yves, le président qui fait partie de l’aventure depuis la création de l’ensemble. Si le groupe travaille sur des chants pop, notamment ceux qui font référence à la culture LGBT, il s’attelle aussi au classique. Une exigence de Marc.

« On aborde des répertoires qui sont chantés habituellement dans les églises. Mais peu d’églises ont accepté de nous accueillir. Il y a souvent un blocage », constate-t-il. « Même s’il y a encore dans la société, des combats à mener, les mentalités ont évolué. Les gens, qui nous proposent de venir chanter, sont très bienveillants », nuance Yves. Cette année, le groupe a donné 5 représentations dont une lors du Sidaction. Il terminera sa saison par son traditionnel concert de fin d’année, qui aura lieu le 14 juin au Temple de la rue Lanterne.