VIDEO. Grenoble: «Potager-pap», une plateforme communautaire pour lutter contre le gaspillage alimentaire
BONNE IDEE•Le site propose de vendre les suprlus de fruits et légumes cultivés par des jardiniers amateurs à des particuliersCaroline Girardon
L'essentiel
- Un particulier isérois a lancé au mois de novembre le site www.potage-pap.fr.
- Cette plateforme vise à mettre en relation des particuliers pour vendre les surplus de fruits et légumes, cultivés par des jardiniers amateurs.
- Une façon de lutter contre le gaspillage alimentaire.
A force d’entendre les gens lui proposer de le rémunérer, l’idée a doucement germé dans son esprit. Bruno Appolonia exerce la profession de gazier mais sa passion, c’est de cultiver son jardin. Au mois de novembre, cet habitant de Saint-Egrève, dans l'Isère, a lancé une plateforme communautaire : www.potager-pap.fr.
L’objectif : vendre des fruits et légumes en petite quantité sur sa commune et aux alentours entre particuliers. Un bon moyen de lutter contre le gaspillage et de faire profiter le plus de personnes possible au lieu de jeter des cagettes entières.
20.000 visites enregistrées en six mois
« Mon épouse, qui gère une société de broderie et de couture, travaille à la maison. Beaucoup de ses clients passent par le jardin et me demandent si je ne vends pas mes tomates. Je leur donnais à chaque fois ou j’en faisais profiter les voisins », raconte-t-il, précisant que « tout est parti de là ».
En six mois, le site, qui ne s’adresse pour l’instant qu’aux habitants de l’Isère, a enregistré 20.000 visites. Cinq vendeurs proposent de céder à moindre coût le surplus de leur production. Les acheteurs, en revanche, sont quatre fois plus nombreux. « On est obligé de mettre des inscrits en liste d’attente, le temps d’avoir un peu plus de jardiniers amateurs », précise l’homme, ajoutant que l’adhésion annuelle a été fixée à 10 euros. Un somme qui servira à « entretenir et développer le site ».
« Les acheteurs ont accès à une cartographie qui leur permet de géolocaliser les vendeurs et prendre contact avec eux. C’est un peu le même principe que BlaBlaCar. L’une des règles exigées est toutefois de proposer des produits naturels », poursuit Bruno Appolonia. Pas de limite de prix pour l’instant, tant qu’ils restent « raisonnables ». « L’idée est de proposer des tarifs en dessous du marché. Le but n’est pas de faire du profit ou de s’enrichir mais bien d’éviter que les légumes ou les fruits soient jetés », appuie-t-il.
Des courgettes à un euro le kilo
Stéphane Salendre vend, par exemple, des courgettes à un euro le kilo, contre 3,50 euros en moyenne. Chargé de service, il aime lui aussi cultiver son jardin pour sa petite famille. Il a été l’un des premiers à s’inscrire sur la plateforme. « L’été dernier, quand les voisins sont partis en vacances, on n’a pas eu l’occasion de donner nos tomates. Résultat : sur les 20 pieds que nous possédons, nous avons bien dû balancer l’équivalent de trois pieds, soit une quarantaine de tomates », argumente-t-il. Et de poursuivre : « Même chose pour les framboises. L’an dernier, on en a beaucoup jeté alors que les enfants en ramassaient pourtant chaque jour. C’est vraiment dommage ».
Pour l’instant, Bruno Appolonia n’envisage pas d’étendre immédiatement sa plateforme aux autres régions de France, même s’il a été contacté par un vendeur de la Vienne. « On verra comment cela se passe par la suite », conclut-il prudent, ne souhaitant pas devenir « un service marchand ». « Derrière ce système, c’est une façon de créer du lien social et de rappeler aux gens qu’ils peuvent manger sainement à un prix modique », rappelle-t-il.