RECIT«On pensait vraiment pouvoir sauver la flèche» de Notre-Dame

Incendie à Notre-Dame de Paris: «On pensait vraiment pouvoir sauver la flèche», témoigne un sapeur-pompier

RECITL’adjudant-chef Jérôme Demay est l’un des premiers sapeurs-pompiers à être arrivé sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame, léchée par de larges flammes
Incendie de Notre-Dame de Paris: «On pensait vraiment pouvoir sauver la flèche» témoigne un sapeur-pompier
Emilie Petit

Emilie Petit

L'essentiel

  • Jérôme Demay est sapeur-pompier depuis 23 ans. Il est l’un des premiers à avoir vu la cathédrale de Notre-Dame en feu.
  • Les hommes du feu ont dû, pour sauver la cathédrale, gravir les escaliers en colimaçon, harnachés d’appareils respiratoires isolants et de tuyaux.
  • Lorsque la flèche s’est effondrée, la structure tout entière de la cathédrale a été fragilisée. L’adjudant-chef a donc dû prioriser pour tenter de sauver les restes du monument et ses hommes des flammes.

«On pensait vraiment, au départ, pouvoir arrêter la propagation du feu ». Jérôme Demay est sapeur-pompier depuis 23 ans. Responsable de la caserne de Poissy, dans le 5e arrondissement de Paris, il est l’un des premiers à avoir vu de très près la cathédrale Notre-Dame s'embraser.

« Lorsque le départ sonne au centre de secours, je regarde le ticket que nous venons de recevoir avec les informations connues. Et je vois écrit "cathédrale Notre-Dame, feu au niveau de la toiture". Forcément, au début, on a du mal à y croire », se souvient-il.

Alors que l’adjudant-chef arrive sur place avec son équipe et du matériel, il découvre un monstre de fumée noire. Des flammes s’échappent de la toiture. Le spectacle est impressionnant.

Les deux beffrois sauvés des flammes

« C’était une opération complexe, mais heureusement nous connaissions les lieux. Ça nous a facilité les choses », explique-t-il. Car l’accès à la cathédrale est exigu. Pas facile pour les hommes du feu de gravir les escaliers en colimaçon, harnachés d’appareils respiratoires isolants et de tuyaux.

« On pensait pouvoir sauver la flèche. Mais on s’est rapidement rendu compte que ça allait être impossible », avoue-t-il. Une course contre la montre s’engage alors. Il leur faut stopper les flammes qui s’approchent dangereusement des deux beffrois. « Lorsque les premiers renforts sont arrivés, ils ont tout de suite investi le troisième accès au niveau d’un des beffrois, ce qui a permis d’empêcher les flammes d’atteindre les deux tours », détaille Jérôme Demay. In extremis.

« Il était possible que tout s’écroule »

Mais sans la flèche, la structure tout entière de la cathédrale est désormais menacée. L’adjudant-chef doit donc prioriser. « Il fallait, certes, sauver la cathédrale, mais surtout assurer la sécurité du personnel. Mes hommes étaient au niveau de l’accès principal, donc nous avons décidé de les faire évacuer, car il était possible, à partir de là, que tout s’écroule autour ».

Malgré les risques d’effondrement, les sapeurs-pompiers viennent à bout de l’incendie. Non sans fracas. La toiture de la cathédrale s’engouffre dans les braises, tandis qu’un pompier est légèrement blessé au cours de l’intervention. Les beffrois, eux, sont saufs.