VOUS TEMOIGNEZ«Esmeralda, elle était dedans?», les enfants face à l'incendie à Notre-Dame

Incendie à Notre-Dame de Paris: «Oh non! Esmeralda, elle était dedans ?»... Les réactions des enfants au sinistre

VOUS TEMOIGNEZ« 20 Minutes » donne la parole à des parents et des enseignants qui racontent comment les enfants ont réagi devant les images du sinistre
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Choqués par les images de la cathédrale en feu, les enfants ont exprimé leur peur qu’il y ait des morts dans l’incendie et ont posé des questions sur la reconstruction de l’édifice.
  • Certains se sont aussi inquiétés du sort d’Esmeralda et de Quasimodo.
  • Ce sinistre a été l’occasion de parler avec leurs parents et leurs enseignants de l’attachement des Français au patrimoine, de la solidarité, de l’espoir…

Beaucoup d’enfants ont regardé les images de Notre-Dame en flammes à la télévision. Une vision d’autant plus violente qu’ils ont pu constater l’émotion de leurs parents. C’est le cas des enfants d’Anne, qui a répondu à notre appel à témoins : « Hier soir j’ai pleuré. Ma fille s’est mise à pleurer aussi en comprenant l’horreur que représentait cette partie de nous en train de partir en fumée », confie-t-elle.

Idem pour Laetitia, qui a tenté de consoler sa fille tant bien que mal : « Ma fille Sophia, neuf ans, était très triste de voir Notre-Dame en feu. L’image qui l’a le plus attristée est celle de la flèche qui s’écroule. Je lui ai expliqué qu’elle vivait un moment d’histoire, que lorsque la cathédrale serait reconstruite, elle pourrait y emmener ses enfants et leur expliquer le drame qui s’est déroulé devant ses yeux ».

Ils ont eu peur qu’il y ait eu des victimes

Une émotion qui a dépassé les clivages religieux, comme en témoigne Meriem : « Avec ma fille de 3 ans, nous avons été complètement choquées par ce que nous étions en train de voir : cette magnifique cathédrale en flammes, grande œuvre architecturale, symbole historique de la France. Elle me disait "regarde maman y a le feu dans la prière de Mima". Mima étant sa grand-mère catholique ».

Beaucoup d’enfants ont exprimé leur inquiétude face aux images : « Mon fils m’a demandé s’il n’y avait pas de victime », témoigne Aurélie. Même crainte pour les enfants de Pauline : « Ils ont eu peur que des gens soient coincés dans la cathédrale. Ils ont été tristes que "la grande église" soit en feu et qu’elle meure (selon leurs termes). Nous avons tenté de les rassurer en leur disant que tout le monde ferait son possible pour la réparer ». Les filles de Géraldine ont aussi exprimé leur angoisse : « "Elle est loin de chez nous cette cathédrale ?" "Il peut y avoir du feu aussi chez nous ?""Est-ce que c’est l’église de notre village ?"m’ont-elles demandé. Puis elles voulaient écouter et voir ce qu’il se passait ».

Quasimodo est-il mort ?

Adrien, 11 ans, a d’abord été stupéfait devant les images, puis il a pleuré, avant de s’exprimer via un dessin, raconte sa mère, Marianne : « il s’est mis à la dessiner les flammes tout autour de la cathédrale. Maintenant il souhaite la voir de près pour y prier et lui montrer que nous sommes là debout comme elle. Il souhaite plus que tout qu’elle soit réparée », raconte-t-elle. Les questions autour de ce drame n’ont pas été les mêmes selon l’âge des enfants. Les adolescents se sont davantage interrogés sur l’organisation des secours, à l’instar de Morgane, 15 ans : « Je me suis demandé pourquoi tous les habitants de Paris ne venaient pas avec un seau d’eau au lieu de filmer. Et comment la cathédrale pourrait être reconstruite », explique-t-elle.

Certains enfants ont eu des réactions cocasses, comme le fils d’Elodie qui s’est écrié : « Oh non ! Mais Esmeralda elle était dedans ? ». Dans la même veine, la fille de Kahina âgée de 4 ans lui a demandé si Quasimodo était mort. « Je lui ai répondu non et je lui ai dit qu’il allait habiter chez Esmeralda le temps des réparations. Elle a été rassurée, mais a été très triste de voir le "château" de Quasimodo dans cet état », raconte-t-elle. « Ma fille de 4 ans est allée chercher son camion de pompier Playmobil pour le diriger vers l’incendie sur la télé… », témoigne de son côté Aude. Quant à Gabriel, 5 ans, il s’est un peu embrouillé les pinceaux : « Est-ce que la Dame de Paris a pu sortir avant le feu ? », a-t-il demandé à ses parents.

Des questions qu’ils ont emportées à l’école

Les questions des enfants ne se sont pas arrêtées ce lundi. Mardi matin, ils étaient encore préoccupés, comme en témoigne Anne. « Au réveil, ils m’ont tout de suite demandé si les tours avaient tenu, si les voûtes étaient encore là. C’était un vrai soulagement pour eux de savoir que l’édifice était encore debout malgré tout. Depuis ce matin, on regarde les différents monuments français. C’est important de leur faire comprendre combien certains monuments sont importants pour nous en tant que Français ! », confie la maman.

Des interrogations que certains ont emportées à l’école, selon Théo, professeur d’histoire-géographie dans un collège parisien : « Les enfants m’ont posé beaucoup de questions sur l’histoire de la cathédrale », témoigne-t-il. Charlotte, qui est professeur des écoles, a aussi ressenti la détresse de certains élèves : « Paris c’est leur ville, leur identité. J’ai entendu des phrases telles que " Mon église a brûlé","Comme il y avait le feu à la messe, Jésus est parti dans une autre église". Il y en a même un qui est arrivé avec une figurine de pompier », raconte-t-elle.

Face au désarroi des enfants, les adultes ont tenu à porter un message d’espoir, comme l’a fait Laëtitia : « Je leur ai parlé de la fraternité des Français. Je leur ai dit qu’au-delà des religions, de nombreuses personnes de pays différents ont été tout autant émues que les Français car Notre-Dame de Paris est chargée d’histoire. Ma fille m’a dit que nous devrions aller prendre un arbre dans chaque forêt pour reconstruire la charpente. Elle a également posé beaucoup de questions sur les pompiers qui risquaient leur vie pour sauver les trésors à l’intérieur ». Des messages d’humanité dont même leurs parents avaient besoin…