Incendie à Notre-Dame de Paris: Comment donner? Combien a été promis? Déjà, la générosité s'organise
EMOTION•Au lendemain de l’incendie qui a ravagé le joyau national, élus, grandes fortunes et Français anonymes font des promesses de donsL'essentiel
- On ne sait pas encore combien coûteront les travaux au lendemain de l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame, mais la valeur de ce qui a été détruit semble inestimable.
- Déjà, des dirigeants d’entreprises, des institutions et des Français lambda ont promis qu’ils contribueraient pour payer la reconstruction du joyau national.
Après les larmes et l’émotion, place à l’évaluation des dégâts. Au lendemain du terrible incendie qui a ravagé la toiture de la cathédrale Notre-Dame lundi soir, un mouvement national de générosité s’organise. Sur RTL, Stéphane Bern, la boule dans la gorge, implorait ce mardi matin : « Tous les Français doivent participer à cette reconstruction. Un euro symbolique ou selon nos moyens mais chacun doit y participer ». Comment contribuer ? A l’heure où nous bouclons cet article, 361 millions d’euros ont déjà été promis, un chiffre qui devrait grimper tout au long de la journée.
Promesses de dons institutionnels
On ne connaît pas le montant précis des travaux de reconstruction, mais déjà élus comme représentants du secteur privé font des promesses de dons. La région Ile-de-France va ainsi débloquer 10 millions d’euros d'« aide d’urgence pour aider l’archevêché à faire les premiers travaux » de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, a annoncé mardi Valérie Pécresse. « Cette reconstruction, qui va évidemment coûter très cher, va mobiliser tout un pays, les meilleurs architectes, les meilleurs artisans de France, peut-être du monde ; nous allons nous y atteler dès maintenant », a déclaré la présidente (LR) de la région sur Radio Classique. L’enveloppe de 10 millions sera débloquée « dans les prochains jours », a indiqué Valérie Pécresse, disant en avoir informé mardi matin par téléphone l’archevêque de Paris Monseigneur Michel Aupetit.
La maire de Paris Anne Hidalgo a également annoncé ce mardi à 10h une contribution à hauteur de 50 millions d’euros de la Ville pour la restauration de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. De plus, la maire de Paris souhaite organiser « dans les prochaines semaines, une grande conférence internationale des donateurs, qui pourra se tenir à l’Hôtel de Ville ».
Retrouvez notre dossier sur l'incendie de Notre-Dame de Paris
Et de dons privés
Les plus grandes fortunes de France mettent également la main au portefeuille. Les familles Arnault et Pinault ont annoncé mardi le déblocage de 300 millions d'euros de «dons» dédiés à la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame, 200 millions du côté du groupe LVMH, numéro un du luxe et propriété de Bernard Arnault. De son côté, lundi soir, la famille d’industriels français Pinault, qui préside le groupe de luxe Kering, avait annoncé débloquer 100 millions d’euros pour la reconstruction de la cathédrale via sa société d’investissement Artemis. D’autres grandes entreprises leur ont embouté le pas : Total (100 millions) et la famille Bettencourt-Meyers, grand actionnaire de L’Oréal (200 millions).
Une générosité qui ne devrait pas s’arrêter du côté des grands patrons : le Medef vient d’annoncer un appel aux dons via la Fondation du patrimoine.
Et le monde du foot ira aussi de son obole. La présidente de la Ligue de football professionnel (LFP) Nathalie Boy de la Tour a promis mardi que le football français allait « se mobiliser pour pouvoir aider financièrement à la reconstruction » de la cathédrale.
Comment donner ?
Pas évident de savoir comment et où donner pour ceux qui souhaitent participer à la reconstruction du joyau national. Emmanuel Macron s’est engagé lundi soir à lancer une souscription nationale dès mardi.
La Fondation du patrimoine, qui œuvre à la sauvegarde et la valorisation du patrimoine français, semble l’avoir devancé en ouvrant dès lundi soir un site spécifique pour recevoir les dons, qui atteignent ce mardi matin 1 million d’euros.
Mais des cagnottes solidaires ont aussi fleuri de façon spontanée sur Leetchi notamment. Face au doute que ces sommes servent réellement aux travaux, beaucoup d’organisateurs publient des messages pour rassurer les donateurs. Ainsi, la cagnotte nommée Financement des réparations de Notre-Dame, qui atteint plus de 18.000 euros, assure que Leetchi vérifiera que ces fonds soient bien versés. L’organisateur d’une autre cagnotte, de 1.454 euros, promet que les euros récoltés seront entièrement envoyés à la Fondation du patrimoine.
La question de la réduction d’impôts
Pour le moment sur le site de la Fondation du patrimoine, tout don est déductible de l’impôt sur le revenu des personnes physiques à hauteur de 66 % du montant du don et dans la limite de 20 % du revenu imposable. Mais certaines voix s’élèvent pour que cette déduction augmente. L’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon a réclamé sur Twitter lundi « que l’Etat décrète vite Notre Dame » Trésor national « de façon à ce que les dons faits pour sa reconstruction bénéficient de la réduction d’impôt de 90 % prévues par la loi sur le mécénat dite loi Aillagon ».
Une idée qui semble faire son chemin. Sur France Inter mardi, l’actuel ministre Franck Riester a réagi en rappelant que ce dispositif était « réservé aux œuvres qui risquent de sortir du territoire ».
Tout en ajoutant : « nous allons voir avec le gouvernement quel dispositif spécifique nous mettons en œuvre mais bien évidemment l’Etat sera là auprès de tous nos compatriotes pour reconstruire ». Et il « assumera ses responsabilités », a-t-il assuré. Selon une source proche du dossier, des propositions ont été faites au président de la République mardi midi sur cette question.
Mais d’autres ne semblent pas tellement convaincus par cette proposition…
Avec la niche sur le mécénat, « c’est la collectivité publique qui va prendre l’essentiel » des frais de reconstruction « en charge », a souligné dans un entretien au Monde, Gilles Carrez, député (LR) de la Commission des finances. « C’est tout le problème de ce genre de dispositif : ça peut poser un problème budgétaire », a-t-il ajouté.
Dans un rapport publié à l’automne, la Cour des comptes avait appelé à « mieux encadrer » le mécénat d’entreprise, en raison de son coût jugé excessif pour les finances publiques. D’après les magistrats financiers, ce dernier a été multiplié par dix en 15 ans, pour atteindre près de 900 millions d’euros par an.