Jeune migrant décédé dans la Marne: Le Défenseur des droits critique l'«insuffisance» du dispositif d'accueil du foyer
FAITS DIVERS•En janvier 2017, un jeune Malien de 16 ans avait trouvé en se jetant du 8e étage de la structure20 Minutes avec AFP
Le Défenseur des droits Jacques Toubon a rendu une décision sévère sur les conditions du décès, en 2017, d'un jeune Malien en foyer à Châlons-en-Champagne, en critiquant l'« insuffisance » du dispositif d’accueil mis en place par le département. « L’encadrement prévu fin 2016-début 2017 était insuffisant » dans le foyer où le jeune Denko Sissoko a été retrouvé mort, sous la fenêtre de sa chambre au huitième étage, le 6 janvier 2017, a-t-il estimé dans une décision anonymisée.
Le parquet de Châlons-en-Champagne avait alors privilégié « l’hypothèse du suicide ». Le garçon, qui disait avoir 17 ans, était en phase d’évaluation de sa minorité et le Réseau Education Sans Frontières (RESF) avait associé son décès à sa peur d’être expulsé de France. Le jeune « avait peur de l’examen médical » sur lequel il existait chez lui « une confusion » avec les examens d’âge osseux, a estimé le Défenseur, pour qui l’information « lacunaire » sur cet examen « et sur l’ensemble de leurs droits » doit « impérativement être renforcée ».
« Inadapté à l’accueil de mineurs »
Le rapport souligne aussi qu’à l’époque du drame, les mineurs « cohabitent avec des majeurs » dans le foyer dont les fenêtres « ne sont pas sécurisées ». « Le foyer Bellevue est inadapté à l’accueil de mineurs », estime le Défenseur des droits.
Jacques Toubon a invité le département « à renforcer la formation de ses personnels en charge de l’évaluation, à l’appréhension des troubles psychiques et des symptômes de stress post-traumatique », et recommandé « l’abandon de la formulation "ne dit pas la vérité" dans les rapports d’évaluation ». Constatant aussi « l’insuffisance de l’accompagnement » lors du passage à la majorité, le Défenseur des droits a rappelé au département que les aides prévues pour les jeunes majeurs « ne sont pas conditionnées à la régularité de leur séjour sur le territoire ».
Cette décision a été saluée par un collectif d’associations pour lequel « le département de la Marne a clairement failli à sa mission de protection de l’enfance ». « Le défaut de sécurité, d’encadrement éducatif et médical mis en évidence par la décision du Défenseur des droits est à l’origine de la mort d’un jeune », ont ajouté ces associations (Cimade, Gisti, LDH, RESF…) dans un communiqué, en jugeant « urgent que les défaillances constatées soient corrigées" afin "qu’un tel drame ne se reproduise pas ».