VIDEO. Grenoble: La fromagerie Lactalis condamnée pour avoir pollué les eaux d'une rivière
ENVIRONNEMENT•La société a écopé d'une amende de 50.000 eurosC.G. avec AFP
L'essentiel
- La fromagerie Lactalis, située à Saint-Just-de Claix, a été condamnée lundi à 100.000 euros d’amende dont la moitié avec sursis pour avoir déversé ses rejets toxiques dans l’Isère.
- Pour les associations de protection de l’environnement, il s’agit d’une victoire en demi-teinte.
- Le rejet de ces substances toxiques n’a pas cessé pour autant.
Une fromagerie appartenant au groupe Lactalis en Isère a été condamnée lundi par le tribunal correctionnel de Grenoble à 100.000 euros d’amende (dont la moitié avec sursis) pour avoir rejeté ses déchets dans une rivière.
L’entreprise, dans laquelle travaillent 147 salariés, devra également payer 5.000 euros d’amende pour « exploitation d’une installation classée sans respecter les mesures prescrites par arrêté pour la protection de l’environnement ».
Quatre litres de déchets déversés par seconde
Lors de l’audience pénale, le 12 novembre, le parquet avait regretté le « sentiment d’impunité » du groupe agroalimentaire et requis une amende maximale, soit 500.000 euros, ainsi que l’arrêt des opérations de rejet.
Depuis 1942, l’entreprise nommée l’Etoile du Vercors, déverse en continu dans l'Isère « quatre litres par seconde de substances polluantes », selon la Frapna, la fédération Rhône-Alpes de protection de la nature. Cette dernière, épaulée par trois autres associations, avait lancé en 2017 ces poursuites contre l’entreprise installée à Saint-Just-de-Claix et sa direction.
« Une faible condamnation pénale »
« C’est une victoire en demi-teinte car la condamnation pénale est faible. Elle incite les industriels à aller devant le juge plutôt qu’à régulariser leur situation. C’est une victoire économique pour L’Étoile du Vercors », a souligné Elodia Bonel, juriste pour la Frapna, rappelant que « le rejet de ces substances toxiques n’a pas cessé ».
Le directeur de la fromagerie et son prédécesseur ont été relaxés par le tribunal correctionnel, mais celle-ci a été condamnée à verser 55.000 euros aux associations qui s’étaient constituées partie civile.
« Si la justice et ses répercussions médiatiques semblent pouvoir inciter ce géant économique à enfin respecter la réglementation environnementale, la pollution n’a pour l’heure pas cessé », s’inquiète Anne Roques, juriste à France Nature Environnement. La Frapna rappelle que chaque année, 200 tonnes de produits sont déversées dans l’Isère, dont 28 substances chimiques comme l’Hypochlorite de soude 47/50, un extrait de javel très toxique pour les organismes aquatiques.