VIDEO. Bretagne: Le maire d’une commune de 700 habitants prend un arrêté interdisant le LBD
SÉCURITÉ•Le maire de Motreff veut interpeller les élus et la population avec cet arrêté symboliqueManuel Pavard
L'essentiel
- Le maire de Motreff, commune finistérienne de 700 habitants, a pris un arrêté interdisant l'usage des lanceurs de balle de défense.
- L'édile souhaite alerter l'opinion sur la dangerosité du LBD et pourquoi pas inspirer d'autres élus.
- Mais l'arrêté est illégal selon la préfecture, un maire n'ayant pas autorité sur la police et la gendarmerie.
EDIT du 08/04/2019: Le maire de Motreff a finalement annoncé le retrait de l'arrêté, vendredi soir, en conseil municipal.
Motreff, petite commune de 700 habitants près de Carhaix (Finistère), n’est pas coutumière des grosses manifestations et encore moins des émeutes ou affrontements avec la police. Pourtant, le maire José Le Guélaff vient d’y adopter un arrêté interdisant l’usage des lanceurs de balles de défense (LBD) sur sa commune. Il est le deuxième maire à prendre cette initiative après celui de Phalsbourg (Moselle), en début de mois.
Pour José Le Guélaff, tout est parti des images de blessés et d’éborgnés défilant sur sa télévision après chaque manifestation des « gilets jaunes ». « Voir tous ces gens manifester pacifiquement et se retrouver gravement blessés par ce fusil LBD 40, ce n’est pas ma vision de la démocratie ni du pays des droits de l’Homme, explique-t-il. En tant qu’élu, je ne pouvais pas continuer à voir ça sans réagir ».
Un acte symbolique
Bien sûr, rappelle ce maire marqué à gauche - il fut candidat sur une liste commune NPA-Front de gauche aux départementales de 2015 -, « Motreff, ce n’est pas Rennes ». Autrement dit, les chances que le LBD y soit utilisé sont plutôt réduites. L’arrêté n’a d’ailleurs pas été pris pour être appliqué concrètement dans la commune, connue avant tout pour abriter la maison finistérienne de Richard Ferrand.
José Le Guélaff, a en effet surtout songé au « côté symbolique » de l’acte. Le but, précise-t-il, est « d’interpeller la population » mais aussi « les élus qui sont en général relativement frileux sur ce sujet ».
Un arrêté illégal selon la préfecture
Petit bémol : l’arrêté municipal, dont il doit discuter ce vendredi avec son conseil municipal, est illégal selon la préfecture, un maire n’ayant pas d’autorité sur les forces de police nationale et de gendarmerie. « J’ai eu une communication téléphonique avec la sous-préfète qui m’a dit que le préfet saisissait le tribunal administratif », raconte l’édile.
Celui-ci n’envisage plus maintenant que deux options : « Soit je suis obligé de retirer l’arrêté, soit j’ai des maires de toute la France qui m’appellent et on va tous ensemble au tribunal administratif. »
Selon les décomptes effectués par plusieurs sites (notamment les recensements du journaliste David Dufresne et du collectif « Désarmons-les »), depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », 23 personnes ont perdu l’usage d’un œil à cause des balles de LBD 40.