LOGEMENTUn bâtiment public vide transformé en hébergement pour SDF à Marseille

Marseille: Un bâtiment public vide transformé en hébergement pour SDF

LOGEMENTL'ancien siège d'un service de la préfecture, vacant, abrite désormais un innovant centre pour sans-abris qui vise à sortir les SDF de la rue
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • A Marseille, des SDF se voient proposer des logements dans le cadre d’une expérimentation inédite.
  • L’objectif est de prendre en charge ces sans-abri pour les sortir de la rue.
  • Ces hébergements se trouvent dans un bâtiment de l’Etat vacant depuis plusieurs années.

«Bienvenue dans mon paradis ». Yassine pousse la porte de sa chambre dans un grand sourire. Le paradis est d’une grande simplicité à première vue : un lit, un placard, une table. Et un écriteau lui souhaitant la bienvenue. « Ça, je le ramènerai quand j’aurai ma vraie maison, je le garderai toujours », confie-t-il.

Yassine dormait il y a encore une semaine « partout, dehors ». Ce sans-papiers marocain de 37 ans est le tout premier résident de Coco Velten à Marseille. Ce projet pilote innovant veut révolutionner l’accueil des 12.000 SDF de la cité phocéenne en remplaçant l’hébergement d’urgence par un logement durable grâce à des réquisitions de bâtiments publics.

« Transformer des bureaux en chambre »

Avec le Lab zéro, un laboratoire d’innovation publique financé par l’État et coordonné par la préfecture de région et les consultants de Marseille Solutions, l’ancien siège de la direction interdépartemental des routes, vacant depuis plusieurs années, a été transformé en une résidence hôtelière à vocation sociale. Ouverte il y a une semaine après de lourds travaux et un investissement de 400.000 euros, cette structure pourra accueillir 80 personnes. Le projet est prévu pour durer trois ans, avant que le bâtiment soit cédé à la ville de Marseille.

« Il a fallu faire des travaux de mises aux normes de sécurité, et transformer des bureaux en chambre », explique Erick-Noël Damagnez, responsable de la structure et directeur adjoint du Groupe SOS en charge du projet. Avec des chambres séparées et un cadre chaleureux, une buanderie, une cuisine commune, des douches en nombre, et même une jolie terrasse, l’espace hébergement de Coco Velten veut rompre avec les structures traditionnelles d’accueil des sans-abri.

Sortir du « panier de galères »

« Nous avons des chambres individuelles ou collectives, de deux ou trois personnes, explique Erick-Noël Damagnez. Nous avons aussi des chambres pour couples, et d’autres pour des familles. » Autre nouveauté : les résidents, orientés par les services intégrés de l’accueil et de l’orientation, peuvent rester dans la structure de jour comme de nuit, et sans limite de durée. Ils bénéficient sur place de l’accompagnement de plusieurs travailleurs sociaux pour les aider à se réinsérer.

Les résidents sont accueillis dans un véritable lieu de vie ouvert au public, qui accueille notamment des entreprises, des espaces partagés pour réaliser divers ateliers culturels et sportifs et même un restaurant qui ouvrira prochainement ses portes. Le projet est co-géré par trois associations. Le Groupe SOS Solidarités assure les fonctions sociales. Yes We Camp, porteur du projet avec le Lab Zéro, gère la partie culturelle et l’animation du site et Plateau Urbain coordonne la partie économique.

La priorité est donnée aux personnes qui se retrouvent pour la première fois sans-abri. « On veut démontrer que si on est accueilli plus vite, et accompagné, cela évite les descentes vers le bas », explique Erick-Noël Damagnez. Une véritable aubaine pour Yassine, qui confie avoir besoin de cet accompagnement pour sortir de son « panier de galères » « C’est comme si j’étais jusqu’ici dans un grand tunnel en plein vent, une bougie à la main, explique-t-il. Je ne voyais que devant mes pieds, j’essayais de protéger la lumière. Et Coco Velten a mis un toit sur cette bougie. »

Dans la cuisine commune, Yassine, cuisiner de formation, prend plaisir à faire partager ses talents aux autres résidents. Il espère mettre à profit son séjour à Coco Velten pour se réinsérer, et réaliser son rêve : avoir son propre chez-soi, des papiers, et ouvrir un camion snack pour « retrouver l’ambiance des cuisines ».