VIDEO. Poissy: Le mur de la prison s'effondre, pourquoi les rénovations ont-elles pris un an de retard?
PRISON•Malgré les nombreuses alertes lancées par la mairie et les risques pour la sécurité de la maison d’arrêt de Poissy, les travaux de rénovation du mur d’enceinte n’ont débuté qu’en janvier 2019Marie de Fournas
Mercredi matin, le mur d’enceinte de la prison de Poissy dans les Yvelines s’est effondré sur plus de 40 mètres de long. Des travaux de renforcement y étaient en cours depuis le début d’année. « Nous sommes passés à deux doigts d’un drame, nous assure Karl Olive, maire de Poissy. Il n’y a aucun blessé et je m’en réjouis. Mais je suis très en colère car ce qu’il s’est passé devait arriver. Ce mur était devenu si fragile qu’au moindre poids, il a pété. »
Ce n’est pas l’exécution des travaux qui est remise en cause mais le délai d’intervention du gouvernement pour rénover l’établissement où sont emprisonnées des longues peines tels que le terroriste Carlos, Dany Leprince ou encore le tueur aux petites annonces.
Des bouts de pierre tombés du mur
Pour le maire, le gouvernement est au courant de la situation depuis octobre 2014, puisque à cette date, « la commission départementale de sécurité a émis un avis défavorable de la poursuite des activités à la maison centrale ». En mai 2018, Karl Olive a envoyé à la garde des Sceaux et à la direction inter-régionale des services pénitenciers de Paris un courrier demandant le transfert de la prison et alertant sur l’état de délabrement du mur. Nous avons eu accès aux différents documents. Dans un dossier, des photos montrent des bouts de pierre tombés du mur, avenue des Ursulines, là où le mur s’est effondré ce jeudi.
Ne recevant pas de réponse à ses courriers, le maire écrit de nouveau au ministère de la Justice fin octobre 2018 pour qu’il mette en place « de toute urgence les mesures conservatoires adaptées afin d’assurer la sécurité du public ». Dix jours plus tard, il reçoit une réponse de la direction inter-régionale des services pénitenciers de Paris lui assurant que les travaux vont commencer.
Travaux décalés à cause du budget
Sur ce courrier que nous avons également pu consulter, la direction inter-régionale des services pénitenciers écrit que la tenue de ces travaux avait été évoquée en novembre 2017 pour une exécution en 2018, mais que le montant estimé des travaux a été doublé par l’architecte des Bâtiments de France. « Le surcoût induit ne pouvant être financé en 2018, mes services ont donc été contraints de retirer la demande préalable de travaux et de reporter cette opération sur l’exercice budgétaire 2019 », précise son directeur.
« Nous avons 188 établissements en France, nous ne pouvons pas tous les rénover au même moment, répond à 20 Minutes Youssef Badr, porte-parole du ministère de la Justice lorsque nous évoquons cet allongement du délai de travaux. On a été obligé de faire des choix et de prioriser, or il y a des établissements pénitentiaires dans des états bien plus délabrés. » Ce dernier nous assure cependant que la maison d’arrêt de Poissy fait partie des priorités du ministère. Des travaux de sécurisation sont prévus jusqu’à fin 2019 et la rénovation complète des lieux est également prévue sur plusieurs années.
Le ministère indique à 20 Minutes que l’entreprise en charge des travaux procédera à l’enlèvement des gravats sur la chaussée dans les prochains jours. Dès ce vendredi, une palissade provisoire d’une hauteur de 6 mètres (panneaux anti-escalade recouverts de pare-vue) doit être posée sur l’ensemble du linéaire effondré. La durée de ces travaux est d’une semaine. Le ministère assure également qu’il n’y a « pas d’incidence sur la vie en détention ».